Le 17 novembre prochain, le Parti québécois doit tenir un conseil national à Montréal ayant pour objectif de dresser un bilan électoral. Il est admis que cette occasion militante doit être le début d’une « grande corvée ». Néanmoins, les dernières communications postélectorales diffusées en interne par l’équipe nationale laissent sceptiques, comme s’il fallait encore que les membres se comportent de manière candide en gardant le sourire. Pour plusieurs de ceux qui ont vécu l’expérience électorale du Parti québécois dans nos régions, l’exercice doit passer par une forme obligée de réalisme et doit inclure un examen du passé récent, comme du lointain.
Le Parti québécois n’a jamais été dans le coup. En période préélectorale, il s’est aliéné une partie de sa base militante [laquelle fait habituellement fonctionner ses campagnes locales] en avalant et faisant sienne la ligne de ses adversaires voulant qu’en parlant d’indépendance, le Parti québécois se nuise davantage qu’il ne s’aide. Ce faisant, il a renié sa nature propre et ce pour quoi il a été fondé en 1968, faire l’indépendance du Québec, faisant plutôt le pari de la « bonne » gestion gouvernementale.
En période électorale, il n’a pas su adopter de positions simples et pragmatiques sur des enjeux saillants dans l’opinion publique (p. ex. le troisième lien), paraissant comme le vieux parti des « sages qui savent ». Du même coup, il a rapidement ajusté son comportement en fonction des sondages, misant sur une stratégie de sauvegarde qui impliquait l’abandon de plusieurs circonscriptions au profit de zones jugées « défendables ».
Mais plus important encore, depuis plusieurs années, il a abandonné sa démarche pédagogique de fond, laissant les nouvelles générations d’électeurs devenir tranquillement des « étrangers de l’indépendance ». Aujourd’hui, lorsque ces dernières abordent le pays québécois, elles se remémorent mécaniquement (et avec raison) les « cantiques » d’il y a 40 ans, c’est-à-dire les seuls qu’elles ont connus, transmis par la bouche de leurs parents. Pourtant, il est effectivement terminé le temps où l’on pouvait gagner la faveur populaire en justifiant la constitution d’un Québec indépendant uniquement par les couleurs « frileuses » d’une différence fondée sur la langue française. Qu’on le veuille ou non, les générations qui ont suivi les « révolutionnaires tranquilles » ne veulent pas jouer dans ce vieux film. Présenté de cette façon, ce projet n’est pas le leur, il appartient à l’Histoire.
Nouveau souverainisme
17 % des suffrages et 10 députés élus. C’est peut-être la « claque en pleine face » qu’il fallait. Elle doit amener le Parti québécois à revoir profondément sa manière de faire de la politique. Il n’y aura pas de solutions faciles. Décidément, les calculs que certains ont faits suivant la défaite du 1er octobre et qui visaient à additionner les suffrages entre le PQ et QS pour se rassurer que la situation n’était pas si alarmante sont comparables à une forme d’évitement ; le Parti québécois ne gagnera rien à attendre l’arrivée du « messie » qui, par son seul charisme, réunirait tous les indépendantistes du Québec autour d’une même étiquette partisane.
Le Parti québécois est à l’étape du « Nouveau Souverainisme ». S’il ambitionne véritablement de retrouver l’oreille des Québécois, il doit s’astreindre à un profond examen de conscience : (1) accepter définitivement d’être le porteur d’un projet d’indépendance nationale dans l’idée comme dans les statuts et (2) accepter impérativement de procéder à une mise à jour de ce projet afin que les générations « étrangères à l’indépendance » s’y reconnaissent. Cela inclut de refaire publiquement la preuve de ses avantages économiques et financiers.