par Denis Lessard
Le pluralisme culturel et religieux, c’est bien. L’égalité entre les sexes, c’est mieux.
La nouvelle politique québécoise sur l’égalité hommes-femmes demandera qu’une étude et un avis soient fournis par le Conseil du statut de la femme sur l’impact des traditions religieuses étrangères sur les droits des femmes.
Obtenue par La Presse, la politique que doit rendre publique dimanche la ministre de la Famille, des Aînés et de la Condition féminine, Carole Théberge, prévoit une soixantaine d’interventions d’ici 2010 afin d’assurer que «l’égalité de droit devienne l’égalité de fait» entre les hommes et les femmes.
Le document obtenu par La Presse souligne qu’il faut bien reconnaître que le pluralisme, aussi riche de promesses qu’il soit, est parfois générateur de tensions. Aussi la société d’accueil doit-elle «préciser les valeurs communes qu’elle veut voir apparaître au cœur de l’aménagement de la diversité, et donner des lignes directrices quant à ce qui est négociable ou pas». «Le gouvernement a la responsabilité, par l’entremise de ses institutions, de préciser les normes et les valeurs qui doivent prévaloir dans la société québécoise et de les rendre explicites pour les nouveaux arrivants et arrivantes», souligne le document.
Québec demandera au Conseil du statut de la femme (dont la présidence vient d’être confiée à l’ex-chef de cabinet de la ministre, Christiane Pelchat) de produire une étude puis un avis sur cette question de la diversité religieuse par rapport au droit à l’égalité. Le ministère de l’Immigration devra de son côté donner plus d’information sur l’obligation d’égalité entre les sexes lors des séances d’information avec les nouveaux arrivants.
Lors de l’analyse de la politique faite par les comités ministériels, on a déploré que la politique paraisse timorée quant à l’impact des pratiques religieuses qui font l’objet de demandes d’accommodements raisonnables auprès des institutions publiques. Mme Théberge s’est fait rappeler que cette question de la diversité religieuse doit toujours rester « cohérente » avec l’objectif d’égalité hommes-femmes. Cette question méritait davantage que «deux mesures perdues parmi une soixantaine d’actions», résume-t-on.
Lors du cheminement de la politique au Conseil des ministres, à la mi-novembre, on a évalué à environ 30 millions sur trois ans le coût d’implantation des mesures.
L’hypersexualisation est aussi visée
Parmi les autres mesures, on prévoit une étude commune du Conseil du statut de la femme et du Conseil permanent de la jeunesse sur «l’hypersexualisation» des médias et de la publicité. Pour Québec, on en sent les conséquences à partir de plusieurs indicateurs : le taux de grossesses précoces et d’avortements, ainsi que l’augmentation de la prostitution occasionnelle chez les jeunes, surtout chez les plus démunis. On demandera aussi au ministère de l’Éducation de continuer la lutte contre les stéréotypes sexuels dans tous les ordres d’enseignement. Dans le même esprit, Télé-Québec se verra signifier des attentes pour contribuer à la lutte contre les stéréotypes.
Pour ouvrir de plus larges perspectives aux jeunes filles, on intensifiera les efforts pour qu’elles se tournent vers des secteurs d’avenir, en sciences notamment. Divers concours et activités comme «Chapeau les filles» seront maintenus, voire bonifiés.
Avec le ministère de l’Éducation, on proposera aussi des mesures pour favoriser la réussite et la persévérance à l’école pour les jeunes mères. Dans deux régions, on mettra de l’avant des projets d’habitations pour jeunes mères seules (deux fois 15 logements), dans le cadre du programme Accès-Logis.
Plusieurs ministères seront appelés à mettre à jour leurs programmes à l’intention de la main-d’œuvre féminine, et on fournira plus de soutien aux femmes plus vulnérables. Les femmes vivant en HLM pourraient obtenir plus de services, par le truchement de la Société d’habitation du Québec et le ministère de l’Éducation.
On évaluera une série d’outils déjà existants pour aider à l’intégration des immigrées au marché du travail.
Devant l’augmentation du trafic d’êtres humains, surtout dans des cas d’exploitation sexuelle (3000 femmes et enfants selon la police canadienne, indique le document), on s’assurera de l’autonomie des clientèles des programmes québécois pour les travailleurs étrangers temporaires, des ressources destinées aux femmes migrantes. Du soutien et des services juridiques seront mis à la disposition des victimes.
Mme Théberge propose aussi d’augmenter le taux de conformité des entreprises à la loi sur l’équité salariale. On devra faire la promotion de ces dispositions auprès des travailleuses plus vulnérables. Même chez les artistes, le ministère de la Culture aura à se pencher sur le traitement différent réservé aux créateurs, selon leur sexe.
On retrouve peu de choses sur la conciliation travail-famille. on créera un site Internet pour diffuser de l’information par le portail du gouvernement du Québec. On veut des expériences-pilotes dans une vingtaine de PME qui, avec le soutien technique et financier de Québec, pourront établir un diagnostic des besoins des employés parents, et chercher les moyens d’y répondre.
On prévoit aussi que la SHQ offrira 50 unités d’habitation à des femmes sans-abri.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé