Dans le débat qui a cours sur les accommodements raisonnables, nous pouvons constater que nos excès de tolérance mènent souvent à des grincements de dents dans la population.
Le poids démographique des immigrés est toujours en hausse et permet de contrebalancer en partie notre propre déclin. De ce fait, les immigrés occupent une place de plus en plus importante dans l'économie et donc dans les grandes questions sociales québécoises. C'est pourquoi nous n'avons pas le choix d'adopter une politique multiculturelle visant à inclure ces communautés.
Confusion
Ainsi, les accommodements raisonnables servent officiellement à l'intégration des groupes ethniques, bien que nous ayons l'impression qu'ils servent davantage à éviter certaines polémiques épineuses. Par exemple, pour ne pas contrarier la communauté musulmane et pour polir l'image de nos institutions, des salles de prière ont été aménagées à l'École de technologie supérieure. Au risque de paraître intolérant ou de créer des remous, on se précipite derrière le masque de la tolérance à tout prix afin de garder une image institutionnelle pure.
Mais qu'est-ce qui se cache derrière cette tolérance parfois excessive? Certes, une mollesse de notre part, accentuée par la confusion qui règne autour de la définition d'accommodement raisonnable. Ce flou est en fait l'indicateur même de la confusion entourant l'identité québécoise.
Auparavant, la culture québécoise était assise sur les valeurs chrétiennes, et l'influence de l'Église établissait des balises culturelles beaucoup plus claires. Il est donc plus facile d'identifier les fondements d'une culture autour d'une religion. La Révolution tranquille a permis de libérer la population des croyances religieuses catholiques mais a presque complètement mis à l'écart la religion, provoquant un problème identitaire actuellement répandu dans plusieurs pays industrialisés.
Le débat autour des accommodements raisonnables constitue donc une occasion pour les Québécois de redéfinir leurs propres valeurs. Ce débat doit devenir celui de ce qu'est le Québec au XXIe siècle. C'est l'occasion de connaître la culture que nous voulons défendre.
En accomplissant ce processus identitaire à travers une discussion publique, nous pourrons pratiquer une tolérance bienveillante plutôt qu'aveugle, éloignant les risques de retomber dans l'intolérance d'antan. En somme, avant d'accommoder les autres cultures, il faut définir les balises de l'accommodement raisonnable. Et, pour ce faire, il faut établir les grandes lignes de ce qu'est la culture québécoise.
Mme Croteau est étudiante au baccalauréat en communication à l'UQAM et M. Corbeil est étudiant au baccalauréat en enseignement secondaire à l'Université de Sherbrooke.
Entre mollesse et confusion
Par Émilie Boisvert-Croteau et Olivier Corbeil
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