QUÉBEC - Après des mois de tergiversations et une députée en moins, les libéraux accouchent finalement d'une position sur la charte des valeurs. Philippe Couillard ne veut pas qu'on touche au crucifix qui trône au Salon bleu de l'Assemblée nationale et termine son virage à 180 degrés sur le tchador.
Ce long voile noir qui couvre tout le corps et la tête des femmes, à l'exception du visage, doit être interdit à l'ensemble des employés de l'État, a tranché le chef libéral.
D'abord en faveur du tchador, M. Couillard modifie ainsi pour la troisième fois sa position sur ce signe religieux, qu'il qualifie désormais de «manifestation d'une situation d'oppression de la femme et d'exclusion». Le chef libéral fait la même lecture du voile intégral, comme la burqa ou le niqab.
La rébellion de la seule députée de confession musulmane de l'Assemblée nationale, qui a été expulsée du caucus en raison de ses convictions sur le port de signes religieux par les agents coercitifs de l'État, n'a pas réussi à ébranler les colonnes du temple libéral.
Attaché aux droits individuels, Philippe Couillard rejette du revers de la main l'idée d'interdire aux employés de l'État, quels qu'ils soient, de porter d'autres signes religieux. «Pour nous, l'interdiction du port de signes religieux par les employés de l'État, ça n'a aucun sens.»
Les policiers et les gardiens de prison doivent respecter l'uniforme qui leur est prescrit et peuvent demander un accommodement s'ils veulent porter un signe religieux apparent, s'est limité à dire le commandant libéral.
Philippe Couillard s'en remet aux différentes organisations publiques pour gérer les demandes d'accommodements religieux. Le chef libéral se fie au bon «jugement» des institutions.
HOUDA-PEPIN PRÉDIT L'ÉCHEC ÉLECTORAL
Expulsée du caucus libéral, la députée rebelle Fatima Houda-Pepin a prédit mardi l'échec du PLQ de Philippe Couillard aux prochaines élections en raison de sa position sur les signes religieux apparents.
«M. Couillard pense qu'il va régler les problèmes avec cette position, mais ses problèmes commencent, a-t-elle déclaré. Hier (lundi), je lui ai dit et j'ai dit à mes collègues : "cette position [...], c'est la meilleure recette pour la perte de la prochaine élection".» Désormais indépendante, la députée de La Pinière a promis de s'exprimer publiquement dans les prochaines semaines sur la charte et le débat identitaire qui fait rage.