La députée Fatima Houda-Pepin refuse de rentrer dans le rang au sujet du port de signes religieux apparents, ce qui lui vaut une expulsion du caucus libéral.
Embarrassé par le débat sur le projet de charte des valeurs, Philippe Couillard a mis son poing sur la table, hier, et exigé un geste d’obéissance de la part de la députée d’origine marocaine. En faveur de l’interdiction des signes religieux ostentatoires pour les juges, les policiers et les gardiens de prison, Mme Houda-Pepin n’a pu se résigner à renoncer à ses principes et rallier la position libérale.
Le chef libéral ne souhaite pas interdire le port de signes religieux à quiconque. «Je trouve que c’est une porte ouverte à beaucoup de dérives», a-t-elle soutenu, au terme de quatre heures de débat avec ses collègues députés. Selon elle, embrasser la position de Philippe Couillard signifierait renier trente ans de lutte à l’intégrisme.
La seule élue de confession musulmane de l’Assemblée nationale aurait souhaité demeurer au sein du caucus libéral. «Malheureusement, le Parti libéral de Philippe Couillard ne me permettait pas d’avoir une liberté d’action pour pouvoir cheminer à l’intérieur du caucus avec mes collègues pour débattre de ces questions», a-t-elle insisté, résignée.
« Sereine »
Déçue, Fatima Houda-Pepin est tout de même «sereine». «J’ai défendu mes convictions et cela, je ne le regretterai jamais», a-t-elle lancé, avant de quitter l’hôtel du Parlement, seule.
Pour Philippe Couillard, les tergiversations avaient assez duré. «Je suis un homme très patient, je l’ai démontré, mais ma patience a des limites et je suis arrivé à la limite, a-t-il déclaré. Ça n’a pas été possible pour elle d’accepter de faire des compromis.»
La fronde de Mme Houda-Pepin à l’automne sur le tchador a ébranlé l’habituelle unanimité libérale. Le chef libéral a sonné la fin de la récréation. «Ce qui nuisait, c’est le flottement, c’est l’impression d’une direction qui n’existe pas, qu’il n’y a pas de ralliement, pas de consensus, ce n’est pas le cas. C’est terminé, ça devait se terminer aujourd’hui», a-t-il laissé tomber, se défendant d’avoir expulsé sa députée.
Pas de compromis
Pas question pour le chef libéral de faire quelque compromis que ce soit sur les libertés individuelles. «Quand on est libéral, oui, on a beaucoup fait, le PLQ, pour séparer l’Église de l’État et on en est fier, mais on a aussi beaucoup lutté pour les libertés et ça, c’est fondamental», a-t-il plaidé après le départ de la députée de La Pinière, entouré du reste de son caucus en geste d’unité.
La position libérale sur le projet de charte des valeurs sera finalement dévoilée aujourd’hui. Le PLQ ne souhaite pas interdire formellement le port de signes religieux aux agents coercitifs de l’État. Ils militent uniquement pour un resserrement des règles vestimentaires pour les policiers et les gardiens de prison.
CHARTE DES VALEURS
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