Le piétinement

Afghanistan - le prix du sang



Dans une entrevue accordée au Devoir, le patron des Forces armées canadiennes en Afghanistan a confié que, à son avis, l'armée afghane ne sera pas en mesure d'assurer la sécurité dans la province de Kandahar en 2011, date à laquelle la mission militaire du Canada doit prendre fin. Selon le brigadier général Jon Vance, «il n'y a aucune manière d'arriver» à l'objectif que s'était fixé le gouvernement de Stephen Harper au moment où la mission a été prolongée de deux ans.
Cet aveu s'ajoute à des informations de diverses provenances indiquant que les pays de l'OTAN ne sont pas près de stabiliser l'Afghanistan et que le gouvernement Karzaï ne sera pas de sitôt en mesure de contrôler le pays sans leur soutien. Les Occidentaux sont donc en Afghanistan pour plusieurs années encore.

Il serait excessif de parler d'enlisement. Des progrès substantiels ont été réalisés. L'Armée nationale afghane, bâtie «à partir de rien» (dixit Jon Vance), compte aujourd'hui cinq bataillons. Dans le secteur de l'éducation, six millions d'enfants, garçons et filles, sont inscrits à l'école, contre à peine 500 000, garçons seulement, sous le régime taliban. Les soins médicaux de base sont davantage accessibles. Le pays dispose de meilleures infrastructures.
Toutefois, les difficultés restent énormes, de sorte qu'on a la nette impression que le pays piétine. Le nombre de morts, militaires comme civils, ne cesse d'augmenter. Le mois dernier a été le plus meurtrier pour la coalition depuis le début de la guerre; 75 soldats tués, dont cinq Canadiens. Selon l'ONU, 1013 civils ont perdu la vie en raison des combats au cours des six premiers mois de l'année. C'est 200 de plus qu'au cours de la même période en 2008, et 330 de plus qu'au cours des six premiers mois de 2007.
Le régime de Hamid Karzaï demeure fragile, même si le président sera sans doute réélu le 20 août. La police est corrompue, impopulaire et particulièrement ciblée par les insurgés. Hier, à Herat, dans l'ouest du pays, 12 personnes sont mortes dans un attentat visant un convoi de policiers.
À Londres, le comité des Affaires étrangères des Communes vient de publier un rapport concluant que «l'effort international en Afghanistan a produit des résultats bien en deçà de ce qui avait été promis». Convaincus qu'«il ne saurait être question que la communauté internationale abandonne l'Afghanistan», les députés britanniques pressent le gouvernement Brown de mieux définir et expliquer les objectifs de la mission, à défaut de quoi l'appui populaire s'effritera. On sait qu'au Canada, en France et en Allemagne, cet effritement s'est déjà produit.
Au cours des dernières semaines, les alliés ont modifié leur stratégie militaire de façon à se gagner l'appui de la population locale. De plus, des milliers de soldats américains supplémentaires ont été dépêchés dans le pays. Il faut espérer que ces changements produiront rapidement des progrès tangibles. Si ce n'est pas le cas, la mission en Afghanistan deviendra politiquement et moralement intenable pour les gouvernements des pays participants.
apratte@lapresse.ca

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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