En apparence, nous donnons l’impression d’être un peuple vertueux. Donc, on aime le bien et on fuit le mal.
C’est pourquoi nous pratiquons la rectitude politique, ce handicap intellectuel qui nous fait croire que nous sommes des parangons de tolérance et dénués de préjugés.
Le roi des bons sentiments s’appelle Justin Trudeau. Il fait confiance à tout le monde, considérant que l’être humain est toujours perfectible. Il n’est pas loin d’estimer qu’avec une bonne thérapie menée par un psychiatre bien formé un djihadiste est guérissable. Quant à son épouse, elle fait sien le proverbe populaire selon lequel la musique adoucit les mœurs. Alors, elle chante non seulement en privé, mais en public.
Les bons sentiments nous entraînent dans une organisation sociale si complexe qu’on finit par accepter l’inacceptable. Sur le plan judiciaire, pour protéger les droits des accusés, on reporte ad infinitum des procès grâce à la surmultiplication des procédures. Pendant ce temps, les victimes s’épuisent et se désespèrent. Lorsque ces victimes sont mortes, ce sont les familles qui attendent des années que justice soit rendue.
Ce sont les bons sentiments qui nous empêchent de juger les gestes des criminels, des délinquants et des exploiteurs en tous genres. «Chacun fait ce qu’il veut. C’est pas de mes affaires. Qui je suis pour juger?» sont des phrases qu’on entend dans la bouche de tous ceux qui ne «veulent rien savoir».
Confiance aveugle
Les bons sentiments sont aussi une manière de s’exclure socialement, enfermés dans un «moi» étanche où aucune empathie, aucune compassion, aucune attention à l’autre ne transpercent.
Ce sont les bons sentiments qui nous portent à ne pas imposer notre culture, nos traditions et notre langue à ceux à qui nous ouvrons nos portes. C’est la politique du volontarisme, de la confiance aveugle, qui prévaut alors.
Les bons sentiments nous entraînent très loin. On en arrive à croire qu’on est tous égaux, pas seulement en droit. On rêve d’un nivellement encore plus étendu, un pays de cocagne où l’on n’aurait plus de notes à l’école, où les classes se composeraient d’enfants «normaux» perturbés ou mentalement handicapés et où l’on pratiquerait l’auto-évaluation généralisée.
On se méfie déjà des surdoués. Des ambitieux, des gens qui travaillent plus que la moyenne, qui ne sont pas syndiqués.
Héros de l’ombre
Dans la société des bons sentiments, l’envie, l’hypocrisie, le ressentiment, la jalousie, l’absence de courage et de lucidité ouvrent la voie aux fourbes, aux idéologues transformés en nouveaux curés, aux profiteurs du système qui s’affichent comme protecteurs du monde ordinaire et à ceux qui rêvent de dompter les indignés.
Les bons sentiments sont le fait de ceux qui croient que tout ira de mieux en mieux, car le changement et le progrès sont liés. Ils ne cessent d’être déçus, évidemment. Les pessimistes, par contre, qui savent que l’Homme n’est pas bon de nature, ont conscience du tragique de la vie. Ce sont des héros de l’ombre qui font le bien en aimant leur prochain. Ils éprouvent de vrais sentiments et laissent les bons aux innocents.
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