C’était le couple le plus médiatisé de l’année. Un couple improbable, disaient les uns. Deux êtres excessifs, assoiffés de pouvoir et à l’évidence affamés de reconnaissance et d’amour. Un couple vivant sous le regard des autres. Deux êtres de conviction, à n’en point douter. Deux êtres douloureux, écorchés par une enfance marquée par des drames familiaux.

Elle a transformé sa vie professionnelle en un succès spectaculaire. Américaine ou Française, son rayonnement dans le monde du show-business aurait été plus étendu, plus percutant, mais plus contesté sans doute. Son professionnalisme, son talent, son sens des affaires, sa foi dans les Québécois lui ont permis de créer une entreprise prospère. Grâce à sa relation amoureuse avec le propriétaire de l’empire Québecor, sa vie de productrice s’est déployée à TVA. À cause de son mari, elle a dû aussi se départir de cette maison qu’elle avait construite.

Fasciné par la politique

Le défi de PKP a été, comme tous les fils de..., d’imposer son prénom. Et l’homme excessif, talentueux, déterminé a réussi son pari. Craint, envié, sanguin, séducteur, Pierre Karl Péladeau a dû s’ennuyer dans les arcanes feutrés de ce monde des affaires où sa personnalité explosive détonnait. Un jour, il a quitté l’entreprise sans crier gare. Fasciné par la politique, il a franchi une étape à laquelle son père n’avait jamais consenti. Il a adhéré avec une joie bagarreuse à l’idée de l’indépendance. Et c’est le poing levé qu’il a signé son entrée au PQ.

Chef de parti, député, il a franchi les échelons avec un mélange de force, de colère mal contenue et de naïveté déconcertante. Celui qui a connu et exercé seul le pouvoir ne pouvait qu’être déçu. La politique est l’art du compromis. Le pouvoir politique est une illusion pour des êtres trop entiers, qui ressentent les compromis comme des défaites.

Désillusion politique

Depuis qu’il est entré en politique, PKP est malmené par ses adversaires, contré par les journalistes et incompris par une partie de ses militants. Rien ne lui est épargné lorsque, par gaucherie, il fourbit les armes de ses opposants. Il a dénoncé Philippe Couillard et son compte en banque à Jersey et voilà qu’on lui reproche d’avoir des filiales dans des paradis fiscaux. Même si ces pratiques sont légales.

Il dirige un parti qui a creusé la tombe de tous ses chefs après les avoir idolâtrés­­.

Ses frustrations, sans oublier les sondages calamiteux sur l’option souverainiste, l’exposent à des stress permanents. Cette vie de déceptions pèse lourd sur la vie amoureuse et familiale.

Ceux qui croient que la vie privée du couple ne regarde que le couple font fausse route. PKP est au cœur d’une tourmente plus large dont l’accélération est hors de son contrôle. Ceux qui souhaitent détruire sa carrière politique depuis­­ le début de son engagement ne l’épargneront guère.

Nombre de Québécois comprennent qu’ils sont les témoins impuissants d’un drame personnel et politique. Ce n’est pas que l’histoire d’un couple qui éclate. C’est peut-être aussi le PQ qui se brisera à travers le désarroi de son chef.