Durant la dernière course à la chefferie, Jean-François Lisée a réussi à convaincre les militants péquistes que le report du référendum à un deuxième mandat améliorerait les chances de victoire du PQ.
Quand Bernard Drainville avait fait la même proposition un an plus tôt, M. Lisée avait immédiatement rejeté celle-ci. Ceux qui ne voulaient pas d’un référendum durant un premier mandat n’allaient sûrement pas voter pour un parti qui prendrait simplement un peu plus de temps pour le préparer. Il avait vu juste.
D’un sondage à l’autre, les intentions de vote du PQ ressemblent à une glissade que rien ne semble pouvoir freiner. Dans une élection générale, les 22 % dont le crédite le dernier sondage Léger–Le Devoir lui vaudraient non seulement la troisième place, mais aussi le pire résultat de toute son histoire. Serait-ce le début de la fin ?
À un niveau aussi bas, le PQ ne remporterait qu’une vingtaine de sièges. M. Lisée lui-même pourrait subir la défaite aux mains de Québec solidaire dans sa circonscription de Rosemont. La seule bonne nouvelle est que le PQ détiendrait la balance du pouvoir face à un gouvernement libéral ou caquiste.
Le chef péquiste, qui avait tout misé sur une alliance avec Québec solidaire, aura des comptes à rendre aux délégués au congrès de septembre, où il devra se soumettre à un vote de confiance. Quand on leur demande qui ferait le meilleur premier ministre pour le Québec, à peine la moitié des électeurs péquistes (52 %) nomment M. Lisée.
La levée de la menace référendaire profite à la CAQ. Bon nombre de fédéralistes qui se sentaient dans l’obligation de voter libéral pour éviter l’éclatement du pays peuvent exprimer plus librement leur mécontentement à l’endroit du gouvernement Couillard, surtout depuis que la profession de foi fédéraliste de François Legault a fait de la CAQ une solution de remplacement acceptable.
Avec 28 % des intentions de vote, la CAQ atteint un nouveau sommet et entre maintenant dans ce que les sondeurs appellent la « zone payante », à l’intérieur de laquelle une progression d’un seul point peut se traduire par une dizaine de circonscriptions additionnelles.
M. Legault lui-même, qui a cessé ses incursions hasardeuses sur le terrain identitaire pour se concentrer sur celui plus consensuel de l’économie, ressemble de plus en plus à un premier ministre aux yeux de la population. Son défi est maintenant de constituer une équipe qui aura aussi l’allure d’un gouvernement. Le recrutement de l’ancienne procureure en chef de la commission Charbonneau, Sonia Lebel, est un pas dans la bonne direction, mais il en faudra d’autres.
À la suite de l’échec du pacte électoral, Jean-François Lisée a reproché à Québec solidaire d’être devenu l’allié objectif du PLQ, mais QS pourrait bien devenir aussi celui de la CAQ. Si le parti de gauche menace directement les circonscriptions péquistes sur l’île de Montréal, les 18 % d’intentions de vote qu’il recueille en région pourraient favoriser la CAQ en privant le PQ de précieuses voix là où la lutte sera serrée. Seule la région de Québec semble demeurer imperméable à l’effet Gabriel Nadeau-Dubois.
Même si le PLQ demeure en tête, ses 31 % le ramèneraient au niveau de l’élection de septembre 2012, alors qu’il avait enregistré son pire résultat depuis 1867, mais il pourrait difficilement descendre sous ce seuil à moins de perdre l’appui d’une partie de sa clientèle anglophone et allophone. Ce n’est sans doute pas un hasard si le gouvernement Couillard éprouve une soudaine empathie pour les communautés anglophones en région.
Après quinze ans de pouvoir presque ininterrompu, le PLQ se retrouve malgré tout dans une position passablement enviable à l’aube de l’année électorale. Les bonnes nouvelles économiques se sont succédé au cours des derniers jours et la santé florissante des finances publiques permettra à Carlos Leitão d’être particulièrement généreux dans son dernier budget avant l’élection.
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