Aujourd’hui, je ne vous croque pas un mot mais un nom, celui de Renée Claude, cette grande et superbe interprète de la chanson francophone, tant du Québec que de la France.
L’annonce récente de sa maladie (qui dure depuis 5 ans mais qu’on a tue jusqu’à tout récemment), l’a ressuscitée dans notre mémoire, elle qui a perdu la sienne. Et c’est une bien bonne chose qu’elle ranime la nôtre. Ultime contribution involontaire...
Elle a, tout comme les Leclerc, Ferland, Vigneault, Clémence et les boîtes à chansons, Léveillée, Dufresne, et j’en passe, quelle panoplie! - marqué toute une génération et toute une époque, la mienne. L’épique époque des années 1960 et surtout 1970, celle de la Révolution tranquille, qui s’est réellement mise en branle avec l’élection du gouvernement libéral de Jean Lesage, bien soutenu par son «équipe du tonnerre» et son slogan «c’est l’temps que ça change»; celle de la commission Parent et l’instauration du ministère de l’éducation et des Cégeps; celle de la Manic qu’a chantée Georges Dor, celle du métro de Montréal (1966) et de l’Expo (1967); celle du mouvement de la contre-culture, avec les hippies, la drogue, les gros festivals pop et la libération sexuelle; celle de la contestation étudiante de mai 1968; celle de la fondation du Parti Québécois (1968), de la Crise d’octobre 70, avec la Loi des mesures de guerre de Pierre-Elliot Trudeau; celle des Jeux olympiques de Montréal et de la victoire du PQ, en 1976; celle du féminisme ayant contribué à la libération des femmes et à leur égalité de plus en plus affirmée et réalisée; celle du syndicalisme combatif qui a permis l’acquisition de droits aujourd’hui si normaux qu’on ne peut presque plus imaginer les combats qu’il a dû faire pour les obtenir. (Pensez seulement aux congés parentaux, à la parité salariale, etc.). J’en oublie peut-être, mais on aboutit finalement au référendum de 1980 sur l’indépendance (mandat de la négocier avec le Fédéral…), perdu à 60 contre 40%.
11 chanteuses-interprètes viennent de contribuer à une vidéo dans laquelle, chacune à leur manière, elles interprètent un segment de «Tu trouveras la paix», une chanson de Stéphane Venne si merveilleusement rendue par Renée Claude au tout début des années ‘70. Disons que compte tenu de sa situation actuelle, ce choix est de circonstance, mais quant à moi, SA chanson-fétiche, c’est, toujours de Stéphane Venne, «C’est le début d’un temps nouveau», bien représentative de l’effervescence et surtout de l’immense espoir en un avenir meilleur qu’on a vécu à cette époque.
C'est le début d'un temps nouveau
La terre est à l'année zéro
La moitié des gens n'ont pas trente ans
Les femmes font l'amour librement
Les hommes ne travaillent presque plus
(mouais… on rêvait alors d’une société des loisirs que l’on croyait toute proche!)
Le bonheur est la seule vertu
C'est le début d'un temps nouveau
Nous voilà devenus des oiseaux
Dans les cumulus du tango
Ceux du ciel et ceux du cerveau.
Que de désenchantements depuis! Car ce monde meilleur, ce temps nouveau, n’est pas venu, ou fut bien éphémère… Il n’a pas duré plus de 20 ans…
René Claude a aussi chanté «Tous les nuages sont bien bas». – Voilà qui est plutôt le cas aujourd’hui, pourrait-on dire… Le monde ne s’est pas amélioré, malgré les sérieuses leçons des 60 premières années du XXe siècle. Mais! J’ai tout de même confiance malgré tout, à voir, à la télé, tous ces jeunes visages qui prennent la relève et qui sont pas mal mieux que ce qu’un certain discours en dit.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé