Le COVID-19 va-t-il emporter Xi Jinping et le PC chinois?

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La Chine, « homme malade de la mondialisation » ?


L'épidémie de coronavirus qui s’est répandue depuis la Chine a fait jusqu’ici plus de 3000 morts et 90 000 contaminés à travers la planète. C’est une pandémie. Même si l'Organisation mondiale de la Santé, qui la définit pourtant comme «la propagation mondiale d'une nouvelle maladie», hésite à l'appeler par son nom.  


Probablement par crainte de créer une panique mondiale. Le monde se rappelle encore la pandémie dévastatrice de grippe de 1918, qui, selon l’Institut Pasteur, a tué 50 millions de personnes. 


Et ce qui est encore plus inquiétant, c’est que plusieurs cas signalés à travers le monde présentent une chaîne de transmission interhumaine peu claire. Espérons que le coronavirus ne devienne pas endémique, ce qui signifierait qu'il circule en permanence chez les humains.  


Quoi qu’il en soit, l’épidémie est un test de la gouvernance de Xi Jinping et du Parti communiste chinois. «Elle révèle le cœur pourri du régime», a osé écrire le prof de droit Xu Zhangrun avant d’être réduit au silence. Il dit que la crise révèle l'impuissance systémique du régime. 


Pour les organes de propagande de Pékin, la crise démontre au contraire l’efficacité du système autoritaire chinois et de son leader, Xi Jinping, le dirigeant chinois le plus influent depuis Mao. Le danger pour Xi Jinping est qu'à mesure que le virus se propage dans le monde, sa crédibilité et celle du système de gouvernance de la Chine vont être mises en cause. 


Le Parti communiste chinois va-t-il connaître son «moment Tchernobyl»? 


J’emprunte l’expression à la cheffe du bureau du journal britannique The Guardian à Pékin, Lily Kuo, qui a diffusé une excellente analyse sur la question. L'expression «moment Tchernobyl» fait référence à la tentative de dissimulation par les dirigeants soviétiques de cette catastrophe nucléaire. En minant la crédibilité du régime, la révélation de ses mensonges pour cacher et ensuite minimiser un désastre aussi épouvantable a contribué à la chute de l’Union soviétique. 


Le coronavirus va-t-il avoir un effet semblable sur l’avenir de Xi Jinping et du Parti communiste chinois? Ce qui a commencé comme une crise de santé publique en Chine est maintenant devenu une crise politique. L’administration communiste en Chine a survécu aux troubles de Tien An men de 1989 et ne semble pas avoir été affectée outre mesure par l’agitation qui sévit à Hong Kong depuis des mois. Mais cette fois, le PC est confronté à une réaction de colère du public chinois lorsqu’il se présente comme leader de la lutte mondiale contre le virus: il a fait taire les lanceurs d’alerte; il a retenu des informations cruciales et minimisé la menace posée par le coronavirus, permettant à l’épidémie de se propager à travers le pays et de se répandre dans le monde. 


La Chine est actuellement d’une sensibilité extrême quant à son image. Elle vient d’expulser trois journalistes du Wall Street Journal parce que le journal avait publié un texte d’opinion qui présentait la Chine comme «l’homme malade de l’Asie» avec ses marchés financiers encore plus dangereux que ses marchés incontrôlés de gibier à ciel ouvert à l’origine du virus. 


Pékin a réagi en qualifiant l’expression d’insulte raciste et en déclarant que les médias qui salissent la Chine allaient en payer le prix.  


Le Tsar Nicolas Ier de Russie avait appelé l’Empire ottoman l’homme malade de l’Europe au XIXe siècle et, au cours des 50 dernières années, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, le Portugal, la Grèce et l’Italie ont été, tour à tour, qualifiés d’«homme malade de l’Europe» sans que personne crie au racisme.  


Le Parti communiste chinois s’inquiète des dommages durables à sa réputation que lui cause le coronavirus, tant en Chine qu’à l’étranger. Avec raison.




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