NB : Ce texte, publié partiellement par La Presse, n’a pas été retenu par le quotidien le Devoir, qui s’est contenté de la publication d’un point de vue se limitant à un instantané d’ailleurs très questionnable, celui de Monsieur Gabriel Boisclair («Carré rouge sur fond noir», Le Devoir, 17-3-2012). Les affirmations de l’auteur amènent à se demander s’il a effectivement participé à la marche antipolicière du 15 mars à Montréal. En effet, il affirme entre autres : «La manifestation se déroulait dans un calme incroyable, de la manière la plus pacifique qui soit.» !
Les citoyens sont libres d’approuver ou non les actions des participants ou celles de la police, mais il reste que des faits, observables et vérifiables, sont à la base de toute analyse sérieuse et crédible ! J’ai participé, depuis plusieurs années, à titre de sociologue observateur, à l’intégralité des marches antipolicières que le COBP (Comité Opposé à la Brutalité Policière) a organisées, y compris celle de 2010, avec ses pancartes «Ta Yeule Claudé» (www.bit.ly/aUTRfY) préparées par des individus qui n’avaient pas apprécié mon point de vue sur l’affaire Villanueva. J’étais présent à Montréal ce 15 mars 2012, depuis le rassemblement à 17h à la Place Émilie-Gamelin, jusqu’à 21h sur la rue Ste-Catherine ouest. Je peux témoigner du fait que des actes considérés comme “illégaux” (jets de pierres et de matériel pyrotechnique, détournement de matériaux de chantiers de construction, etc…) ont commencé à peine 5 mn après le départ du cortège de la Place Émilie-Gamelin, soit à partir de l’intersection des rues Berri et Ontario. La “manifestation”, qui s’est poursuivie vers l’ouest, a été déclarée “illégale” lorsque le cortège était à la hauteur de la Place des Arts. D’autres actes, amplement médiatisés … ont suivi. On peut être d’accord ou non avec ces actions, selon notre conception du Bien commun, mais ce sont des faits. Monsieur Gabriel Boisclair semble avoir plutôt pris le parti de les ignorer, d’où les lacunes de son point de vue, et le caractère arbitraire de la décision de la direction du Devoir de n’offrir à ses lecteurs qu’une représentation “politiquement correcte”, mais absolument mal fondée.
Plusieurs ignorent sans doute les fondements politiques du mouvement antipolicier : il s’agit d’une mouvance prétendument “anarchiste” qui, sous influence anglophone, a décrété, à la fois, confusément, que la question nationale n’existe pas, et d’autre part que la nation est une entité “réactionnaire”, voire “fasciste”… Dans cet univers d’une marginalité qui se limite souvent à la transposition de la représentation de la société russe du XIXe siècle (par des anarchistes de l’époque) sur les réalités actuelles …, l’État est a priori un ennemi, tout indépendantiste est suspect de “fascisme”…, et tout Patriote québécois ne peut être qu’un “néonazi”… ! Campés dans un fédéralisme implicite ou explicite, ces soi-disant “anarchistes” sont absolument incapables de saisir ou de reconnaître le souffle libertaire qui anime le mouvement national québécois.
Le 15 mars 2012, à la Place Émilie-Gamelin à Montréal, après le discours d’ouverture effectué par un individu masqué et cagoulé, c’est un “rappeur” s’exprimant exclusivement en anglais qui s’est adressé à des participants très majoritairement francophones … qui ont ensuite scandé dans la rue « No justice No peace ! », etc.
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Texte intégral soumis aux médias :
Initié il y a quinze ans, le carnaval antipolicier de Montréal, affecté par la violence et le vandalisme, a encore fait la preuve de ses effets socialement indésirables. Ce qui est moins connu des citoyens, est le caractère antidémocratique, amateur, et irresponsable de l’organisation qui est à l’origine de cette “manifestation” annuelle prétendument “internationale”.
La violence carnavalesque, qui est devenue la norme dans cette “manifestation” du 15 mars, a pour effet de discréditer les personnes qui auraient de bonnes raisons de faire valoir leurs droits face au comportement de certains policiers.
De plus, cette année, du fait de l’appel de certaines organisations étudiantes à participer au carnaval antipolicier, c’est l’ensemble du mouvement étudiant québécois qui subit le préjudice d’une image désastreuse auprès de la population. Le gouvernement a ainsi, sans effort, marqué un point majeur contre le mouvement de contestation de la hausse des frais de scolarité ! À ce sujet, on peut aussi questionner le fait que le mouvement antipolicier soit financé par des organisations étudiantes, collégiales et universitaires, sans que les membres de ces associations soient véritablement bien informés de cette situation. Concernant ce financement douteux, et à propos de cet appel à “manifester” inapproprié, plusieurs dirigeants du mouvement étudiant auront ainsi des comptes à rendre à leurs membres !
Ce jeudi 15 mars 2012 à Montréal, fidèles à ce qu’ils appellent une “tradition”, les organisateurs du carnaval, par la voix d’un orateur masqué, ont répété leur habituel discours : On n’encourage pas la violence et le vandalisme, mais on ne les dénonce pas non plus ! Face à une majorité d’étudiants porteurs du carré rouge, ce courageux orateur anonyme s’est livré à une exploitation indue et démagogique de la situation de Francis Grenier, le collégien de St-Jérôme qui a été blessé dernièrement lors d’une manifestation étudiante.
Une “organisation” antidémocratique
Le nouveau nom (“Convergence contre la répression politique et policière”) utilisé cette année pour l’appel au carnaval antipolicier, ne doit pas faire illusion : c’est le même petit groupe très fermé qui dirige l’organisation, et qui n’a de comptes à rendre qu’à lui-même. Se caractérisant par un degré inégalé d’amateurisme, le comité occulte du carnaval avait placé jusqu’à récemment ses documents “secrets” sur le site internet d’une université montréalaise, ce qui permet d’avoir une bonne idée de la réalité “masquée”, … et antidémocratique, de l’organisation du carnaval. Parmi les membres du comité, il faut signaler la présence d’un professeur d’université, qui a un certain ascendant sur le groupe, et qui avait amené celui-ci à accepter le projet d’un “15 mars” qui aurait pris la forme d’attaques organisées des postes de police de quartier, avec la collaboration d’organismes sociaux... Il s’agissait d’une opération “secrète” dans laquelle le groupe ne devait pas être officiellement identifié. Cet individu, dénué à la fois de clairvoyance et de conscience sociale, a fait la tournée d’organisations populaires et communautaires, pour se faire dire que son projet était irrecevable !
Dans un document, distribué le 15 mars 2012, et édité par le groupe (Comité Opposé à la Brutalité Policière) qui appelait officiellement aux “manifestations” des années précédentes, on fait un bilan complaisant des actions de violence et de vandalisme perpétrées lors des diverses opérations carnavalesques qui ont eu lieu depuis 1997. On y mentionne sans précisions, les exactions des “Invisibilistes”. Il aurait utile d’indiquer que la mouvance sectaire et d’extrême droite des “Invisibilistes”, a tenté de s’imposer au mouvement antipolicier dans des actions précédant le carnaval de 2010, y compris dans des appels aux meurtres de policiers sous forme de graffitis, mais aussi dans la réalisation que quelques vains fantasmes incendiaires qui ont lourdement affecté la réputation des carnavalistes. Les très courageux “Invisibilistes”, habituellement masqués, se contentent à présent d’actions plus modestes, mais qui sont toujours, de par leur caractère antisocial, de nature à discréditer les victimes réelles d’éventuels dérapages policiers.
La fin souhaitée … et nécessaire d’une “tradition” !
J’ai été témoin, sur le terrain de l’action…, du professionnalisme de l’organisation policière et des interventions des policiers qui se sont employés à éviter le pire, ce jeudi 15 mars 2012. Dans un contexte très tendu, avec un mélange de passants et de “manifestants” comprenant de nombreux étudiants peu ou pas conscients de la manipulation dont ils sont l’objet, avec la présence d’automobilistes excédés, le travail de sécurisation du centre-ville de Montréal était à haut risque. Les policiers n’étaient pas, par exemple, à même de protéger ce citoyen désemparé, qui m’a dit avoir été agressé par un petit groupe de “manifestants” qui lui ont volé son téléphone cellulaire : ce simple fait, parmi de nombreux autres socialement indésirables qui se produisent depuis 15 ans, devrait convaincre des “organisateurs” occultes et irresponsables de décréter la fin de ce lamentable carnaval, qui fait des policiers des “boucs émissaires” des différents problèmes qui affectent notre société !
Yves Claudé - sociologue, et citoyen engagé socialement
Le carnaval antipolicier de Montréal : antidémocratique et irresponsable !
Ce qui est moins connu des citoyens, est le caractère antidémocratique, amateur, et irresponsable de l’organisation qui est à l’origine de cette “manifestation” annuelle prétendument “internationale”.
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
20 mars 2012Vous n'avez sans doute pas tort sur une certain nombre d'appréciations.
Cependant, en ne vous appuyant que sur un nombre restreint d'observations ponctuelles là où vous marchiez, vous ne pouviez prendre l'altitude nécessaire pour percevoir l'existence d'un théâtre d'opérations quasi-militaire, avec des forces asymétriques en présence, des objectifs stratégiques de part et d'autres ainsi que des décisions tactiques prises par ceux qui commandaient ou menaient.
Conséquemment vous ne posez pas les "bonnes questions" et votre analyse, s'il en est, demeure tout aussi superficielle que la version rapportée par les médias.
Enfin, avec respect, vos références aux démélés personnels que vous avez eus avec certaines organisations n'ajoutent rien de concret à la compréhension des événements. Un bon sociologue devrait prendre un peu plus de recul.
Avec respect, la réalité n'est pas binaire. En tout cas, si on dit qu'elle l'est, il faudra conclure que le camp des bons et celui des méchants ont besoin l'un de l'autre et réciproquement pour prospérer. Mais là, je le sens, on approche de la ligne rouge.
JPB
Archives de Vigile Répondre
19 mars 2012Merci Monsieur Claudé de ce texte qui éclaire une partie de l'événement.