Le quotidien québécois Le Devoir publiait le 7 mars une apologie du cours ECR, de la part d’un enseignant qui prétend ouvrir sa classe aux observateurs extérieurs, tout en faisant l’apologie de son propre enseignement : «Éthique et culture religieuse - Bienvenue dans ma classe...», Martin Dubreuil (Enseignant d'Éthique et culture religieuse au secondaire), Le Devoir, Section “Opinions”, 7 mars 2012.
La stratégie discursive utilisée par l’auteur pour qualifier … et disqualifier … les personnes qui sont critiques par rapport au cours ECR, est plutôt étonnante de la part d’un enseignant. À travers un humour douteux, voire méprisant, Monsieur Martin Dubreuil insinue que ces citoyens, dont plusieurs sont des scientifiques, seraient des ignorants voire des “racistes”: «jenesaispasdequoijeparle69», «québecpur», etc. !
L’auteur prétend «faire [ses] propres portes ouvertes et [nous] laisser entrer dans [sa] classe», et ceci en nous proposant le «portrait d'un véritable cours ECR».
Or il est parfaitement impossible pour le lecteur de vérifier la validité des faits supposément «véritables» que l’auteur expose ici, à travers une supposée «porte ouverte», qui n’a d’autre réalité que celle d’un effet de style. La manière expéditive avec laquelle Monsieur Martin Dubreuil évacue toute critique permet d’ailleurs de douter de la pertinence du portrait passablement complaisant qu’il nous fait de son cours. Par ailleurs, même si cet enseignant résussissait à donner un cours qui puisse se libérer du cadre (multiculturaliste et antiscientifique) imposé par le Ministère de l’Éducation, cela ne constituerait aucunement une démonstration de la validité du cours ECR !
À défaut de pouvoir véritablement “entrer dans la classe” de Monsieur Martin Dubreuil, on peut quand même constater qu’il semble s’agir d’un “cours à la carte” qui juxtapose des éléments de contenu aussi variés qu’hétéroclites, sans doute aptes à distraire les élèves, mais l’ensemble paraît dénué de structure (scientifique et pédagogique) portante.
Le simple examen des questions lancées de prime abord aux élèves («Est-ce possible de parvenir à un dialogue efficace et harmonieux entre les religions ?» et «Qu'est-ce que le fanatisme religieux ?») permet de jeter un doute sérieux sur la validité de l’entreprise : on fait non seulement l’impasse sur les conflits de valeurs (entre la société et les institutions religieuses, entre les institutions religieuses elles-mêmes, etc.), mais on met de l’avant une notion polémique et parfaitement antiscientifique, celle de «fanatisme», que l’on ne retrouvera dans aucun ouvrage scientifique sérieux.
Yves Claudé - sociologue
Cours ECR
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
9 mars 2012Le Devoir est passé de journal catholique à un journal catho-laïc.
Le contrôle des salles éditoriale et de rubriques se fait par "l'Église Catho-laique" infiltrée.
La déconfessionnalisation des écoles, c'est permettre de regrouper des élèves issus de différentes cultures et de les faire entrechoquer jusqu'à ce que les consciences doutent et que les élèves individualisent et fassent disparaître les groupes identitaires.
La Foi et la Langue, garantes de notre identité et mémoire ?
Notre Foi fut jetée aux orties. L'esprit du sacrifice pour le groupe est sapé.
Notre langue nous échappe. Le Français est un obstacle pour faire du business global, ou même local (chantier du CHUM).
Nous ne sommes plus capable de faire l'unité de groupe comme nous le pouvions dans les années 60.
Qu'est-ce que les apôtres de la Laïcité peuvent promettre ?
Un mieux-vivre ensemble de toutes les différentes cultures sur le territoire québécois. L'interculturalisme est un piège. Il y aura toujours une culture rebelle qui ne l'acceptera point. Pas forcément la nôtre. Dans le nouveau choc des cultures, l'interculturalisme prendras le bord. Une nouvelle religion avec une nouvelle langue émergera dans de nouvelles frontières. Les apôtres de la Laïcité ne peuvent simplement rien promettre, sinon notre propre fin.
Michel Pagé Répondre
8 mars 2012Monsieur,
Votre réflexion me semble juste.
Je suggère ( à nouveau, dans diverses correspondances) que la réforme de l'éducation aura jeté le bébé avec l'eau du bain: et un peuple qui n'a pas la sagesse de transmettre ses valeurs traditionnelles, la culture religieuse patrimoniale et sa langue est un peuple qui a perdu le nOrd, qui dérive sans avenir, littéralement!
Pendant un temps de transition, jusqu'en 2002/2003 je crois, le système d'éducation offrait le choix (le libre choix) entre un cours d'enseignement religieux chrétien et un cours de morale. Ce juste compromis fonctionnait bien. Il serait judicieux d'y revenir.
Bien votre
MP