Nous vous écrivons parce que nous tremblons encore. Nous sommes pourtant en sécurité, vivons en démocratie, dans le plussss beau pays du monde, mais malgré tout, nous tremblons encore. Nous avons été victimes et témoins d’une brutalité sans nom aujourd’hui, nous, 12 femmes féministes qui manifestions pacifiquement, en signe de désaccord avec les manoeuvres de plus en plus violentes et répressives des forces policières. Nous avons été victimes et témoins et nous voilà maintenant totalement convaincues du bien fondé de notre révolte, merci forces brutales et machistes, nous voilà à jamais révoltées.
Nous étions 12 femmes, nous étions pacifistes, mais outrées. Outrées par le traitement brutal que nous réservent les policiers à chacune de nos manifestations, outrées par le traitement de criminelles que nous réservent les forces de l’ordre, alors que nous ne voulons que prendre la voix citoyenne qui nous revient, outrées par la condescendance et le mépris dont nous abreuvent ceux que l’on croyait, enfants, qu’ils étaient là pour nous protéger. Maintenant, on le sait bien, ils sont là pour protéger les dirigeants de nous, ils sont là pour nous bâillonner, à chaque fois que nous tentons de dessiner les contours d’un monde meilleur, d'exprimer la société dont on se permet de rêver. Est-ce normal?
Depuis quand la police doit-elle nous frapper et nous insulter quand nous parlons du monde dans lequel nous voulons vivre? Qu’on nous le dise, nous demandons en toute franchise. Depuis quand parler avec un policier nous fait trembler? Depuis quand être dans la rue et arborer une opinion politique nous fait-il craindre le pire? Sommes-nous toujours en démocratie? Nous vous assurons, nous demandons en toute franchise.
Nous étions à la manifestation aujourd’hui. Nous avancions en nous serrant les coudes, consoeurs solidaires. Aucun geste violent autour de nous. Aucune bavure. Que des gens manifestant leur critique d’un État policier. Les policiers nous ont prouvé que nous avions raison de le nommer ainsi. Alors que des centaines de jeunes nous suivaient quelques minutes auparavant, au coin de Sherbrooke et Aylmer, des cris ont surgi dans la foule. Nous nous sommes retournées et ce n’était plus la foule qui nous suivait, mais l’anti-émeute, qui a littéralement chargé. Leur force virile et machiste mise en scène, brandissant leur bouclier et frappant dans une chorégraphie terrifiante, ils se sont rués sur nous. Nous ne comprenions plus rien. Les choses semblaient irréelles tant la situation était soudaine et violente. Ils ont lancé des bombes assourdissantes qui éclataient autour de nous. Nous ne voyions que des visages paniqués, des cris, de la fumée. Certaines se sont mises à pleurer malgré elles, ahuries de tant de barbarie, mais surtout, impuissantes devant cette suspension injuste de nos droits civils et politiques. Nous sommes peut-être naïves, mais nous n'avions jamais été témoins d’autant de violence.
Quand la principale violence dont tu es témoin vient des policiers, il y a un problème. Quand tu dois réconforter ta petite soeur de 17 ans en crise de panique provoquée par des attaques policières d’une violence inimaginable, il y a un problème. Quand les gens que tu redoutes le plus, sachant qu’ils ont ton intégrité physique en leur pouvoir, c’est les policiers, il y a un problème. Quand tu sens que témoigner tes opinions politiques est dangereux et que tu risques de te faire arrêter sans raison, il y a un problème. Quand le profilage politique devient si évident, il y a un problème. Qu’on nous le dise, sommes-nous toujours en démocratie? Depuis le G-20 et aujourd’hui, nous n’y croyons plus. Merci policiers, vous nous avez convaincues, nous vivons maintenant dans un État policier.
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Camille Armellin, sciences humaines, profil enjeux internationaux, cégep de Saint-Laurent
_ Mélissa Beaulieu, collectif Féminisme et Droit UQAM, Droit UQAM
_ Catherine Bilodeau, cinéma et communication, cégep de Saint-Laurent
_ Alia Chakridi, collectif Féminisme et Droit UQAM, Droit UQAM
_ Kathleen Cousineau, maîtrise en communication, recherche-création en média expérimental, UQAM
_ Naomie Décarie-Daigneault, maîtrise en communication, recherche-création en média expérimental, UQAM
_ Maryse Décarie-Daigneault, collectif Féminisme et Droit UQAM, Droit UQAM
_ Florence Décarie-Daigneault, art et lettres, cégep de Saint-Laurent
_ Camille Gingras-Aubry, finissante baccalauréat Cinéma, UQAM
_ Mia Laberge, collectif Féminisme et Droit UQAM, Droit UQAM
_ Camille Rémillard, sciences humaines, profil enjeux internationaux, cégep de Saint-Laurent
_ Zoe Schoen, maîtrise en philosophie, UQAM
Manifestation contre la violence policière
12 femmes en colère
Depuis quand la police doit-elle nous frapper et nous insulter quand nous parlons du monde dans lequel nous voulons vivre
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