Québec — Le gouvernement minoritaire de Pauline Marois a survécu mais de justesse, vendredi, à un premier test, alors que le budget déposé la semaine dernière par le ministre des Finances a été adopté avec une seule voie de majorité par l'Assemblée nationale.
Après 25 heures d'étude, les parlementaires ont voté sur le budget, et 49 élus se sont prononcés en faveur, 48 ont voté contre et aucun ne s'est abstenu. Au moment du vote, il y avait en Chambre 97 députés sur une possibilité de 125.
Sur la liste des absences du côté de l'équipe ministérielle, notons celle de l'ex-ministre du Développement durable, Daniel Breton, redevenu simple député jeudi.
Dès la présentation du premier budget du gouvernement, déposé la semaine dernière par le ministre des Finances, l'opposition officielle, formée par les libéraux (50 députés), avait dit qu'elle voterait contre, mais qu'elle ne ferait pas tomber le gouvernement, en s'assurant que bon nombre de ses membres seraient absents au moment du vote. Et c'est ce qui s'est passé. Il n'y avait que 28 élus libéraux présents au vote, 21 étant absents. Le 50e libéral est le président de l'Assemblée nationale et il ne vote pas.
De son côté, l'opposition caquiste de François Legault (19 députés) avait promis elle aussi de voter contre, et s'était engagée à être présente pour exprimer en force sa dissidence. Les 19 caquistes étaient présents.
Du total des 48 votes contre le budget, on compte donc 28 libéraux, 19 caquistes et 1 vote du député de Québec solidaire Amir Khadir.
L'autre députée de Québec solidaire, Françoise David, a déposé une motion de blâme envers le gouvernement, par l'intermédiaire de M. Khadir, estimant que le budget ne comportait pas suffisamment de mesures de justice sociale. La motion n'a recueilli qu'un seul vote, celui de M. Khadir. Mme David n'était pas en Chambre pour défendre sa motion.
Legault dénonce l'«hypocrisie libérale»
Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, conclut du vote «qu'il y a beaucoup d'hypocrisie du côté libéral», étant donné que plusieurs libéraux «sont restés aux toilettes ou dans leur bureau» au lieu d'affirmer leur conviction.
En point de presse après le vote, il a reproché une fois de plus au gouvernement de ne rien faire pour empêcher le Québec «de creuser l'écart de niveau de vie avec le reste du Canada». Cet écart atteint désormais 18 %, selon M. Legault.
Le budget 2013-2014 du ministre Nicolas Marceau prévoit notamment que Québec ira chercher 230 millions de plus par année dans la poche des consommateurs grâce à l'augmentation de la taxe sur le tabac (4 $ par cartouche) et l'alcool (bière, vin et spiritueux). La facture d'électricité va augmenter dès 2014 et Hydro-Québec abolira 2000 postes.
Par ailleurs, le fardeau fiscal des contribuables aisés ayant un revenu supérieur à 100 000 $ sera alourdi.
L'objectif visant à atteindre l'équilibre budgétaire en 2013-2014 sera maintenu. Comme prévu par le gouvernement précédent, le déficit atteindra cette année 1,5 milliard.
Approche prudente
Avant le vote, en Chambre, le ministre Nicolas Marceau a justifié son approche prudente, en faisant valoir qu'il était fier d'avoir déposé le budget menant à l'équilibre budgétaire. «Ce budget n'aligne pas seulement le niveau des revenus et des dépenses, c'est un budget dans lequel le dosage des actions est équilibré. Nous avons respecté, avec les moyens disponibles, plusieurs de nos engagements, et ce, à l'intérieur d'un cadre financier prudent. C'est un budget de rigueur», a dit M. Marceau.
Par la voix de l'ex-ministre des Finances Raymond Bachand, l'opposition libérale a parlé quant à elle d'un budget «des promesses brisées» et a déploré une fois de plus que le gouvernement n'ait pas déposé ses crédits (l'ensemble des dépenses prévues pour chaque ministère) en même temps que le budget.
Les crédits seront déposés la semaine prochaine.
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