La démarche des députés du Bloc québécois et de leur chef Gilles Duceppe au sein d’une nouvelle coalition PLC-NPD n’est pas sans rappeler l’action des députés nationalistes Irlandais et de leur chef Charles Stewart Parnel lors des élections de1885 en Grande-Brtetagne.
Cette année-là, au mois de novembre, dans une Chambre des Communes divisée à part égale entre Conservateurs et Libéraux avec 249 députés pour chacun des partis, les 86 députés nationalistes irlandais élus abandonnent les Libéraux de Gladstone et se rangent du côté du chef conservateur Lord Salisbury pour permettre à celui-ci de gouverner.
En fait, durant la vingtaine d’années de la fin du X1Xe siècle et jusqu’à pratiquement la Première guerre mondiale, un fort contingent de députés irlandais ont ni plus ni moins arbitré la lutte permanente entre les conservateurs et les libéraux. Le Parti autonomiste irlandais fut toutefois l’allié presque constant du Parti libéral.
Le bloc irlandais unifié de Parnell parvint à dominer la scène politique britannique, faisant et défaisant les gouvernements libéraux et conservateurs, afin d'aboutir à la reconnaissance d'un gouvernement autonome de l'Irlande au sein du Royaume Uni, le « Home Rule ». Le chef du parti libéral, William Ewart Gladstone engagea son parti à soutenir la cause de l' Irish Home Rule en proposant la première loi dans ce sens en 1886.
L’histoire politique britannique fut à quelques occasions marquée par la présence du tripartisme, notamment entre les deux grandes guerres mondiales. Ces périodes sont qualifiées d’exceptionnelles par les historiens.
La discipline de parti ainsi que le mode de scrutin uninominal à un tour ont exercé une pression énorme en faveur de la prédominance de deux grands partis politiques. Avec le temps, le Parti libéral anglais fut éliminé au profit du Parti travailliste.
Persistance du Bloc québécois
On peut penser que la persistance d’une forte présence du Bloc québécois à la Chambre des Communes pourrait amener l’élection à répétition de gouvernements minoritaires, entraînant un disfonctionnement permanent des institutions politiques canadiennes de type britannique.
Par ailleurs, peu d’observateurs ont noté ou insisté jusqu’ici sur le fait que lors des dernières élections fédérales, les électeurs canadiens des 9 autres provinces et territoires autres que le Québec ont élu 133 députés conservateurs, 63 libéraux, 36 néodémocrates et 1 indépendant.
Cette donnée permet d’évaluer l’extrême frustration du gouvernement Harper de se faire chasser du pouvoir, pourtant dans le plein respect des traditions constitutionnelles britanniques importées au Canada à la suite de la Conquête de 1760.
Autre conséquence de la conjoncture actuelle: on pourrait croire que la Coalition libérale-néodémocrate aurait intérêt à devenir permanente, allant jusqu’à une fusion à moyen terme de la gauche modérée en vue d’égaler au moins les sièges conservateurs au Canada anglais.
Cette « précaution » se justifierait si le Bloc québécois entretenait l’idée « saugrenue » de monnayer alternativement sa participation à la survie des institutions canadiennes contre le transfert progressif de compétences législatives vers le Québec. Qui a dit que le Bloc québécois ne négocierait pas avec un Parti conservateur qui détient 133 sièges sur 233 au Canada anglais?
P.S. La diarrhée fédéraliste s’est exprimée dans toute sa puissance (power) dans les pages du cahier A de La Presse mardi. Dans un immense copier-coller collectif, les Pratte, Gagnon, Boisvert, et Marissal (il ne manquait que Dubuc) se sont déchaînés contre le projet de coalition Dion-Layton-Duceppe. Ce cahier historique est à conserver pour les générations futures comme un exemple frappant de la servilité d’une certaine classe journalistique au Québec. (M.G.)
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