La gouverneure générale Michaëlle Jean a accepté jeudi de proroger la Chambre jusqu'à la présentation d'un discours du Trône le 26 janvier prochain. Photo: PC
Joël-Denis Bellavance et Gilles Toupin (Ottawa) Rentrée d'urgence au pays mercredi soir pour s'occuper de la crise politique qui secoue le pays, la gouverneure générale Michaëlle Jean a accepté la demande du premier ministre Stephen Harper de suspendre les travaux du Parlement jusqu'en janvier.
L'opposition a plutôt mal réagi à la décision de la gouverneure générale d'accepter de proroger la Chambre jusqu'à la présentation d'un discours du Trône le 26 janvier prochain.
Les trois chefs Stéphane Dion, Gilles Duceppe et Jack Layton ont aussitôt accusé le premier ministre Harper de «fuir le Parlement» pour éviter la défaite de son gouvernement lundi prochain lors du vote de confiance qui avait été inscrit au feuilleton.
Le chef libéral, Stéphane Dion, a réaffirmé que son parti n'avait plus confiance en la parole de Stephen Harper et qu'il prenait avec beaucoup de scepticisme l'invitation du premier ministre de travailler avec lui à la préparation du budget.
«Il s'agit de remplacer M. Harper, a lancé M. Dion en conférence de presse, à moins qu'il ne fasse des changements monumentaux.»
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a promis pour sa part de tout faire pour «débarrasser le Québec de Stephen Harper» tout en rappelant que le gouvernement conservateur avait levé le nez sur les suggestions budgétaires présentées par sa formation politique au ministre des Finances, Jim Flaherty.
Il a qualifié d'«immorale» la prorogation du Parlement tout en disant «respecter» la décision de la gouverneure générale.
«Nous sommes toujours prêts à appuyer la coalition», a-t-il aussi lancé.
Quant aux six semaines qui séparent les conservateurs du budget annoncé, M. Duceppe a estimé que Stephen Harper va les employer à «tenter de duper la population».
Jack Layton, le chef du NPD, a également réitéré sa foi dans la coalition PLC-NPD en déplorant que le premier ministre ait «mis le cadenas» sur la porte des Communes en des heures aussi graves pour la situation économique des Canadiens.
Bref, le message de l'opposition est on ne peut plus clair : Stephen Harper devra faire des miracles s'il ne veut pas être renversé lors du dépôt du budget à la rentrée.
M. Harper s'est présenté à la résidence officielle de la gouverneure générale vers 9h30. La veille, le premier ministre avait promis de prendre «tous les moyens légaux» afin d'empêcher le gouvernement de coalition proposé par le Parti libéral et le NPD, et soutenu par le Bloc québécois, de prendre le pouvoir. La rencontre a duré plus de deux heures. Les trois partis de l'opposition avaient imploré Mme Jean de rejeter la requête sans précédent du premier ministre afin que le gouvernement Harper se soumette à un vote de confiance lundi prochain.
Ce matin ils ont même fait parvenir à la gouverneure générale une pétition de 161 noms - tous les élus de l'opposition moins les deux députés indépendants - afin de lui signifier que M. Harper n'avait plus la confiance de la Chambre et qu'elle ne devrait pas accepter la prorogation.
La pétition semble avoir été reçue trop tard.
M. Harper avait déjà obtenu ce qu'il réclamait, soit un sursis de sept semaines qui lui permettra de préparer un nouveau discours du Trône, qui sera présenté le 26 janvier, et un nouveau budget, qui sera déposé le 27 janvier.
De toute évidence, M. Harper compte sur l'implosion de la coalition au cours des prochaines semaines pour éviter la chute de son gouvernement lorsque les travaux de la Chambre des communes reprendront en janvier.
Le Parti libéral a tenu un caucus extraordinaire ce matin afin de discuter de sa prochaine stratégie. Le chef libéral, Stéphane Dion, et le chef du NPD, Jack Layton, ont également réclamé en vain ce matin une rencontre avec la gouverneure générale afin de plaider pour qu'elle rejette la demande de Stephen Harper de proroger le Parlement.
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