Une manifestation prolaïcité a causé des flammèches, samedi après-midi, alors que les protestataires se sont butés à un groupe « anti-xénophobe » avant même le début de leur marche dans les rues de Québec.
Environ 150 personnes se préparaient à partir du parc Lucien-Borne pour manifester notamment en faveur de la laïcité, dont l’interdiction du port de signes religieux des employés de l’État. Ils ont alors été rejoints par un autre groupe, celui-ci les accusant de camper sur des positions « xénophobes ».
Menaces
Le ton est rapidement monté. Les protagonistes des deux clans se sont échangé maintes insultes. Puis des menaces de violence physique ont été lancées de part et d’autre, ce qui a aussitôt amené les policiers à s’interposer. Les échanges animés se sont poursuivis pendant près d’une heure.
« Les musulmans, je ne suis pas capable. Je ne suis pas raciste : je suis pour l’égalité homme-femme, et pas eux ! » s’est défendu un manifestant du groupe prolaïcité. L’homme venait d’exprimer haut et fort son adhésion aux propositions de la Coalition avenir Québec en matière de laïcité, se mettant à scander « Go, go, la CAQ ! » au beau milieu d’un échange.
« On savait qu’il y avait des chances que ça brasse, mais peut-être pas à ce point-là », a confié un contre-manifestant quelques minutes plus tard.
Les manifestants prolaïcité ont finalement entrepris leur marche vers l’Assemblée nationale en chahutant les contre-manifestants. Les deux groupes se sont rendus jusqu’au parc de la Francophonie à la queue leu leu, s’observant mutuellement de façon suspicieuse. La marche s’est finalement terminée dans le bon ordre devant l’Assemblée nationale.
Aucun groupe identitaire n’a revendiqué l’organisation de la manifestation, présentée comme un « rassemblement citoyen », bien que des groupes comme Storm Alliance et La Meute étaient bien représentés. La Meute avait d’elle-même organisé une manifestation il y a deux semaines à Québec, à deux jours des élections provinciales.
Plus tôt en journée, le maire de Québec, Régis Labeaume, avait mis en garde contre le discours de la droite identitaire et de ses dirigeants « malheureusement assez habiles ».
Double discours, selon Labeaume
Même s’il ne veut « rien savoir » de ces groupes, Régis Labeaume a reconnu « qu’on ne peut pas les empêcher d’exister ». Il estime que leurs dirigeants tiennent un double discours.
« Ils ont une façon bien sexy, bien délicate d’amener les choses, mais dans le fond, ils sont contre les étrangers. [...] Quand ils parlent de laïcité, je pense qu’ils parlent moins du fait que l’État ou les gouvernements doivent être laïques, ce avec quoi je suis totalement d’accord [...], je pense qu’ils en parlent aussi contre les religions immigrantes étrangères », a analysé le maire.
« Si on n’est pas prudents, malheureusement, leur message fait du chemin et il faut les dénoncer, oui, mais à un moment donné il faut essayer de comprendre pourquoi ça existe », s’est inquiété le maire de Québec.