Pas question de dévier du plan de match: le gouvernement Couillard va adopter son projet de loi sur la laïcité de l'État sans changement majeur, sans céder aux doléances du PQ et de la CAQ, qui souhaiteraient qu'il aille plus loin.
Devant près de 2000 délégués qui terminaient leur congrès hier, le premier ministre Philippe Couillard a ainsi prévenu les partis d'opposition qui réclament que le gouvernement proscrive le port de signes religieux, au moins pour les policiers, les juges, comme le préconisait le rapport Bouchard-Taylor.
Le gouvernement s'en tiendra à l'obligation de garder le visage découvert, a souligné hier Philippe Couillard. «On ne changera pas notre principe, le respect des Chartes», prévient-il.
«Nous allons adopter ces projets de loi au cours du mandat. Et si par la suite certains veulent en rajouter, mettre nos libertés en jeu, créer une fausse crise et de fausses urgences, ce sera à eux de s'expliquer aux prochaines élections», a commenté M. Couillard. «Nous, les Québécois, on sera passé à autre chose, aux vraies affaires», a-t-il soutenu, rappelant son slogan de campagne électorale.
Le premier ministre voulait couper court aux pressions. La veille même, l'ancien député libéral de Verdun, Henri-François Gautrin, avait soutenu en marge du congrès qu'il aurait préféré que le gouvernement «s'inspire davantage» des recommandations de Bouchard-Taylor. Durant la dernière semaine de session, l'opposition péquiste réclamait que l'on proscrive le port du tchador, et qu'on étende l'application des projets de loi aux municipalités. À ce propos, en conférence de presse, M. Couillard s'est dit ouvert à la discussion, l'uniforme des policiers est dicté par un règlement spécifique qui sera réévalué cet automne. «On s'énerve pour une situation qui n'existe pas alors que des policiers se promènent dans la rue habillés de toutes sortes de façons et cela ne paraît pas un problème. Cela me paraît paradoxal!»
Il s'est aussi à nouveau dit favorable à une augmentation du nombre d'immigrants. On en accepte 50 000 par année, mais les nouveaux seuils seront proposés cet automne.
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Constitution
Le débat sur l'avenir du Sénat pave la voie à de nouvelles discussions constitutionnelles, «pour parler du Sénat ou des Premières Nations». Le Québec y participera «seulement si on parle aussi du Québec, de la nécessité incontournable pour ce pays, reconnaître notre caractère distinct», a-t-il prévenu. Si le Québec a choisi la Confédération, «ce n'est pas par dépit, mais pour le choix d'une citoyenneté moderne, basée sur le partage avec nos partenaires canadiens». Le premier ministre Couillard concède «qu'il n'y a pas d'appétit» chez les autres provinces pour rouvrir ces discussions; «ce n'est pas prioritaire pour les Québécois». Il reste bien vague sur l'échéance, lui qui dans le passé visait 2017, le 150e anniversaire de la Confédération.
Taxes c. impôts: les libéraux divisés
Mais les militants libéraux sont passablement divisés devant le projet de hausser les taxes à la consommation pour plutôt réduire les impôts. Après un débat serré, les délégués ont adopté la résolution qui donne le feu vert au gouvernement pour appliquer les recommandations du rapport de Luc Godbout, soit de hausser les taxes à la consommation pour réduire les impôts. M. Couillard retient que les militants ont majoritairement endossé cette avenue, même si les dissensions étaient nombreuses. «Le gouvernement n'a pas encore adopté ces recommandations, elles seront discutées en commission parlementaire», a-t-il annoncé.
Âge de la retraite
Philippe Couillard paraît moins pressé que ses militants de hausser l'âge de la retraite. Les délégués ont appuyé l'idée qu'on revoie à la hausse l'âge de la retraite pour recevoir des prestations de la Régie des rentes.
Pas question de légiférer pour imposer des changements. Aussi il faudra toujours être plus souple avec ceux qui ont des métiers plus pénibles physiquement. Pour Philippe Couillard, Québec veut «surtout y aller par incitatif et désincitatif», il sera moins tentant de percevoir sa Régie des rentes avant 65 ans, «mais il y a bien d'autres discussions à avoir», prévient-il. «Avec la démographie qu'on connaît, on ne peut plus se payer ce luxe. Il faut garder les gens au travail le plus longtemps possible», a-t-il dit.
Marge de manoeuvre
Dans son discours, M. Couillard a soutenu qu'une fois que le gouvernement aura retrouvé sa marge de manoeuvre financière, «nous irons plus loin». Il a enchaîné avec une série de nouveaux objectifs en éducation, en faveur des élèves en difficulté, de la formation technique et de la recherche. En point de presse, il a dû nuancer. Pas de changement sur l'utilisation des marges de manoeuvre futures: une moitié ira à la dette, l'autre à la réduction des impôts. Mais les budgets de la Santé et de l'Éducation ne pourront être longtemps comprimés, «personne croit qu'on peut les garder à moins de 1% d'augmentation annuelle. C'est un passage difficile mais nécessaire. Leur redonner de l'oxygène est pour moi une priorité».
Péladeau: les électeurs trancheront
Ramené sur le débat quant au contrôle de Québecor par le nouveau chef de l'opposition, Pierre Karl Péladeau, M. Couillard a paru reporter l'enjeu aux prochaines élections. «Le débat en commission n'est pas inutile, mais j'ai toujours dit que je ne mettais pas en doute la sincérité de M. Péladeau et qu'il y avait une question majeure pour notre démocratie qui, ultimement, ferait l'objet d'un jugement politique. C'est l'avenue ultime de tout ça. Est-ce qu'on va régler ça à l'Assemblée nationale avec des lois et des règlements... je ne suis pas certain!»
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