L’humanité vient d’épuiser les ressources que la Terre était en mesure de produire en 2013 pour soutenir notre consommation de plus en plus effrénée. C’est ce qu’on constate à la lecture des données compilées par le Global Footprint Network. La tendance des dernières années indique d’ailleurs clairement que la planète peine de plus en plus à répondre à notre « surconsommation écologique globale ».
Les sept milliards d’êtres humains ont donc commencé, mardi, « jour du dépassement », à creuser le déficit écologique pour l’année en cours. D’ici le 31 décembre, l’exploitation des ressources naturelles de la planète aura donc pour effet de compromettre leur renouvellement. « Le fait que l’on consomme les ressources naturelles plus rapidement que la Terre est capable de les renouveler équivaut à avoir des dépenses qui sont en permanence plus élevées que le revenu », a illustré le Global Footprint Network, qui regroupe des scientifiques, des universitaires, des municipalités et des entreprises de partout dans le monde.
Au rythme actuel, le regroupement évalue que « la demande de l’humanité en ressources et services écologiques exigerait une fois et demie la capacité de la Terre pour être satisfaite ». Selon ces mêmes calculs, « nous aurons besoin de deux planètes d’ici 2050 si les tendances actuelles persistent ».
Si tous les Terriens consommaient comme les Canadiens, il nous faudrait l’équivalent de trois planètes et demie pour assurer notre subsistance. Si chacun adoptait le mode de vie tant vanté des Américains, ce sont même quatre Terres qui seraient aujourd’hui nécessaires. Globalement, « nous sommes sur une trajectoire où nous allons avoir besoin des ressources de deux planètes bien avant le milieu du XXIe siècle », a réagi le Fonds mondial pour la nature (WWF), après la publication des données.
« Aujourd’hui, plus de 80 % de la population mondiale vivent dans des pays qui utilisent plus que ce que leurs propres écosystèmes peuvent renouveler », a aussi précisé le WWF. S’ils ne dépendaient que de leurs propres frontières, les Japonais auraient ainsi besoin de sept Japons pour une consommation « durable ». Les Américains auraient besoin de doubler leur territoire et les Chinois, de le multiplier par 2,5.
Tendance lourde
La tendance à la « surconsommation écologique » s’accentue. En fait, le jour du dépassement arrive chaque année un peu plus tôt. En 1993, il est survenu le 21 octobre. En 2003, il est arrivé le 22 septembre.
Globalement, l’humanité empiète donc de plus en plus sur les capacités biologiques du seul endroit de l’univers où le maintien de la vie est possible. En 1961, la population mondiale utilisait 74 % des ressources disponibles annuellement. Au tournant des années 70, elle a franchi le « seuil critique » des 100 %. En 2000, le taux a dépassé les 130 %. Il atteint maintenant 156 %.
Et le Global Footprint Network est formel : « Les conséquences de cet endettement écologique sont de plus en plus évidentes. » On peut notamment penser à la raréfaction de ressources alimentaires essentielles, comme les poissons des océans du globe. Ces ressources s’épuisent de plus en plus rapidement. Les captures ont quadruplé depuis 1950. Plus de 60 % des espèces marines sont exploitées au seuil de rupture et souvent au-delà. Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement, les stocks mondiaux sont carrément inexploitables d’ici 2050.
Pénuries alimentaires
Au rythme où l’activité humaine - basée essentiellement sur l’énergie fossile - bouleverse le climat de la planète, la hausse des températures risque en outre de provoquer de graves pénuries alimentaires qui frapperont de plein fouet les plus démunis d’ici à peine deux à trois décennies, a prédit en juin la Banque mondiale. Or, il faudrait au contraire être en mesure de doubler la production agricole d’ici 2050 pour parvenir à nourrir neuf milliards de citoyens.
Le Global Footprint Network rappelle justement le fait que la planète n’est absolument pas en mesure d’absorber les quantités de déchets produits par l’activité humaine, mais aussi les émissions de CO2. En 2012, le monde a d’ailleurs connu un nouveau « record » d’émissions, à 31,6 gigatonnes, en hausse de 1,4 % par rapport à 2011, selon les calculs de l’Agence internationale de l’énergie.
Et rien n’indique pour le moment que les États de la planète parviendront à s’entendre d’ici 2015 sur un accord qui permettrait de freiner les bouleversements climatiques que ces émissions provoquent. De plus en plus d’organisations prédisent que l’inaction internationale nous conduit vers une hausse qui pourrait atteindre 4 °C dès 2060. Une telle situation « déclencherait une cascade de changements cataclysmiques, dont des vagues de chaleur extrême, une chute des stocks alimentaires et une montée du niveau de la mer frappant des centaines de millions de personnes », selon la Banque mondiale.
La Terre entre déjà dans la période annuelle du «déficit écologique»
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