La «symphonie pathétique» du PQ

Pierre Céré livre une charge à fond de train contre la formation politique

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Un pavé dans la mare du PQ

Jacques Parizeau a déjà parlé d’un « champ de ruines » pour qualifier le Parti québécois. Jean-Martin Aussant a comparé les stratèges du parti à l’équipage du Costa Concordia — des « naufrageurs entourageux ». Pierre Céré, lui, dit tout cela et un peu plus : le PQ est à ses yeux devenu une « symphonie pathétique ». Et rien n’indique que l’actuelle course au leadership permettra de corriger la partition, craint-il.

Candidat à la chefferie en 2015 — il a abandonné la course dans les derniers milles —, Pierre Céré publie ces jours-ci un livre qui varlope le PQ et son establishment, tout en consacrant plusieurs pages au péril que représentait selon lui le « Citizen Péladeau ». Son constat de base est cinglant : la formation est à la dérive et a besoin d’une transformation complète. « Le vote du Parti québécois s’étiole, ses idées s’appauvrissent », note-t-il.

Pour Pierre Céré, la démission-surprise du chef péquiste atténue bien sûr certaines inquiétudes liées à la personnalité et au parcours de l’ancien chef. Mais le problème de fond demeure. « Le véhicule [du Parti québécois] est en mauvais état et, encore plus que d’un nouveau chauffeur, c’est d’être retapé de fond en comble dont il a besoin », écrit-il.

Or, le parti et ses dirigeants n’ont apparemment aucun appétit pour une telle remise en question, estime Pierre Céré. « La course à la direction [de 2015] a représenté cette occasion — manquée — de débattre sérieusement et d’appeler au renouveau de ce parti », dit-il à un moment. « Avant même le début de cette course […], il était déjà clair qu’au PQ, on ne voulait pas d’examen ni de bilan réel de la situation, les débats s’entendant chez plusieurs comme de la chicane et des divisions au sein du parti. »

Coup de barre a été écrit dans les derniers mois et mis à jour (succinctement) après le départ de Pierre Karl Péladeau. Le livre se voulait au départ une occasion de raconter la course de 2015 vue de l’intérieur, tout en étoffant les critiques et la vision de gauche sociale développées par l’ex-candidat Céré. Mais les circonstances actuelles font plutôt de l’ouvrage un pavé dans la mare péquiste au départ d’une nouvelle course que Céré n’entrevoit pas comme porteuse d’espoir.

« Ce que je vois jusqu’ici, c’est que le scénario de l’an dernier va se répéter avec ses propres couleurs, disait-il en entretien la semaine dernière. Le PQ s’était trouvé un sauveur qui nous amènerait à l’indépendance en 2018. Là, on change de sauveur et de couleurs, mais on reste devant une course où le PQ risque de ne pas faire sa propre introspection. » Il en veut pour preuve les appels de certains ténors à ce qu’il n’y ait pas de course à la chefferie et plutôt une forme de ralliement autour d’Alexandre Cloutier.

« Qu’on arrête de nous parler de convergence et de référendum, souhaite-t-il. Qu’on fasse donc ce premier examen pour comprendre pourquoi le PQ est engagé dans un déclin qui dépasse largement la personnalité du chef — le prochain comme les précédents. Quelque chose ne marche pas. Le discours du parti n’est plus en phase avec le Québec moderne. »

Establishment

Si Pierre Céré n’a jamais eu le moindre espoir de gagner la course de 2015, il est néanmoins ressorti déçu de l’expérience. Au premier rang de ses critiques : l’establishment du parti. En ce sens, il rejoint l’analyse de l’ex-conseiller Claude Villeneuve, qui parlait récemment dans Le Journal de Montréal de « la machine à perdre du PQ ».

« J’ai participé à la course à la chefferie du PQ avec cette idée très précise de contester le conformisme aveugle de son establishment qui participe depuis des années à son propre déclin et ne sait plus ni comprendre, encore moins traduire les aspirations de son propre peuple, dit Céré. Un establishment qui a entraîné son parti dans une sorte de huis clos où il ne se parle plus qu’à lui-même, entre autres de mécanique d’accession à l’indépendance. »

En 2015, ces stratèges et dirigeants du parti auraient « voulu assurer la continuité en jetant [leur] dévolu sur une approche plus agressive de l’indépendance », celle incarnée par Pierre Karl Péladeau.

« En cherchant à imposer comme chef une personnalité se voulant salvatrice, on ne sauvait rien, on ne réglait rien. C’était la fuite par en avant », dit-il. « Personne au PQ n’ose poser de questions, ni lancer le débat. On a mis le couvercle sur la marmite et rien ne semble bouillir à l’intérieur. »

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