TROIS-RIVIÈRES | Si la Suisse veut être efficace dans la gestion des minorités religieuses, elle a tout intérêt à ne pas s’inspirer du Québec et de ses accommodements raisonnables, affirmera l’auteure et activiste Djemila Benhabib au parlement de Genève demain.
Djemila Benhabib est invitée à témoigner de l’expérience québécoise devant le Grand Conseil de Genève, à l’occasion des auditions sur le projet de loi sur la laïcité à être adopté dans une partie de la Suisse. Elle va dire de ne pas faire de place aux accommodements raisonnables, qui sont un échec au Québec, selon elle.
Il y a un mois, la Suisse était encore soulevée par une controverse quand deux élèves de l’école secondaire Therwill ont été dispensés de serrer la main aux enseignantes féminines en raison de leur religion.
«Que faire? Face à cette attitude qui est contraire aux principes démocratiques et à l’égalité entre les femmes et les hommes? Il ne faut pas se voiler la face, ça m’a plongée dans nos propres polémiques», dit-elle.
Près de dix ans après la Commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables, Benhabib va tenter de convaincre la Suisse que les accommodements religieux ne font que provoquer le désordre et la colère, qui ultimement, peuvent dégénérer en violence.
Elle va plaider en faveur d’une séparation nette entre le religieux et l’État, entre le privé et le public.
«Il faut surtout poser des gestes en amont pour essayer de déminer tout ce qui pourrait être susceptible à fracturer la société», dit-elle.
En France aussi
Benhabib a également publié la semaine dernière dans le magazine français Marianne un billet qui s’appelle Québec : le faux paradis des accommodements raisonnables.
Il y va publiquement de vives critiques à l’endroit du modèle Bouchard-Taylor.
«(Les Québécois) Les voilà méfiants, comptabilisant les reculs un à un et laissant éclater leur colère à l’occasion», peut-on y lire.
Elle parle d’un système déficient, qui n’a jamais imposé de balises claires.
«Comme les zones grises sont nombreuses, le Québec est toujours à la veille d’une «crise» provoquée tantôt par la décision d’un juge, tantôt par celle d’un directeur d’école», y a-t-elle écrit.
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