La souveraineté? C’est-à-dire?

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Frontières, armée, monnaie : que défendent vraiment les « souverainistes » ?

 La question du titre est un peu une boutade. On sait très bien ce qu’est l’indépendance ou la souveraineté d’une nation. En fait, on croit le savoir. Mais, au fond, cet état de fait existe à géométrie variable.


Il a beaucoup été question cette semaine dans les médias des 40 ans du référendum de 1980. On y a fait l’analyse de la défaite du camp du Oui; ou de la victoire du camp du Non — selon le point de vue que chacun veut bien adopter.


Depuis longtemps, cependant, chaque fois qu’il est question de ce projet politique porté depuis le début de son histoire par le Parti québécois, on peut s’étonner de constater à quel point il est bien peu défini.


Certes, de très nombreux indépendantistes argueraient qu’il est au contraire parfaitement défini, puisque l’on sait qu’il s’agit pour une nation de pouvoir voter toutes ses lois et de signer les traités internationaux qu’elle veut...


Comment alors expliquer que d’aussi nombreux péquistes aient sursauté en 2014 lorsque Pauline Marois a dit qu’un Québec indépendant conserverait le dollar canadien et qu’aucune frontière ne le séparerait du reste du Canada?


Mais, au fond, comment s’étonner de leur étonnement? Ces questions sont sans cesse éludées par le Parti québécois.


Un parallèle avant de poursuivre : à notre époque, les programmes que les partis politiques présentent en campagne électorale sont précis et définis. Ils constituent des feuilles de route. Et un projet d’indépendance ne serait pas explicite? Voyons! Il y a là une incongruité.


Pour un parti, il vaut mieux avoir des réponses à ce que l’on propose que de ne pas en avoir. Il vaut mieux avancer à visière levée que de flouter les contours.



Le mot «indépendance» ne peut faire foi de tout. 


Quel type de souveraineté? Cette question est une marotte chez moi. J’y reviens souvent dans des termes identiques. C’est que je ne cesse de m’étonner que le Parti québécois laisse en plan cette interrogation.


On sait pourquoi. Les péquistes n’ont jamais vraiment partagé entre eux la même vision des choses. Et, surtout, s’avancer sur ce terrain a souvent été vu comme une prise de risque. Plus leur parti fournirait de détails, plus il donnerait de prises à ses adversaires...


Mais l’époque exige au moins qu’un parti portant un tel projet soit capable de nous dire s’il souhaite ou non une monnaie commune. C’est un chemin plus difficile, mais tellement moins incantatoire.


Après, au moins, il serait possible de discuter. Et, pour les souverainistes, ce serait une occasion de tenter de faire la pédagogie du projet qu’ils portent et de susciter et d’animer des débats, de surcroît.


Le plus difficile pour le Parti québécois n’a jamais été de réaffirmer sa foi en la souveraineté. Non plus que d’énoncer les bienfaits qui découleraient d’un Oui majoritaire lors d’un éventuel troisième référendum sur l’indépendance. Pas plus que de dresser le procès du «régime canadien». Tout ça, c’est son pain et son beurre. Il sait le faire.


Depuis au moins une génération — je le répète une énième fois —, le plus dur pour le Parti québécois a toujours été de dire aux Québécois si son projet comportait ou non l’adoption d’une monnaie québécoise; si l’armée devait être commune ou pas (avec ce qui resterait du Canada); s’il fallait créer ou pas des institutions politiques communes avec un Canada amputé du Québec (et encore moins de dire lesquelles, bien sûr). Autre question flottant dans les airs: quel type de frontières?


Sur toutes ces questions, les pages sont blanches. Y répondre serait pourtant, pour le Parti québécois, accepter de mener un long et vrai travail de reconstruction.


Y aura-t-il enfin du mouvement de ce côté? Plus tôt cette année, le Comité national des jeunes du Parti québécois a dit qu’un Québec indépendant devrait avoir la «piastre québécoise» comme monnaie. Mais les jeunes péquistes n’ont pas précisé si, dans leur esprit, elle devait être adossée au dollar canadien (si bien sûr cette devise voyait le jour un jour lointain, après un éventuel troisième référendum qui donnerait la victoire au Oui. Il y a quand même loin de la coupe aux lèvres).


Du mouvement? À la Commission politique du Parti québécois, on confie avoir la volonté de creuser des questions comme celles soulevées dans ce texte.


Quarante ans après le premier référendum lancé par ce parti, ce ne serait que normal.