La SGF minée par les gouvernements libéraux

Fusion IQ et SGF / Agence du revenu du Québec



En trois ans, de 1988 à 1990, la SGF a enregistré pour plus de 400 millions de pertes, oblitérant plusieurs années de rentabilité et de croissance.


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C'est entendu. Une nouvelle bricole verra le jour avec la fusion de la SGF et d'Investissement Québec (IQ). L'ambiguïté de l'annonce récente du gouvernement du Québec surprend par les objectifs avoués et à courte vue d'économiser quelques millions de dollars par an. Pourtant, le débat sur l'exploitation du gaz de schiste, par exemple, aurait pu inspirer les dirigeants de la SGF à jouer un rôle dans ce secteur névralgique et déterminant pour le développement industriel du Québec. Or, Québec nous a fait l'économie d'une réflexion citoyenne.
Si l'on fait exception d'Hydro-Québec, la SGF, créée en 1962, a été la première société d'État à laquelle Québec a confié le rôle de favoriser notre développement économique. Malheureusement, Québec, tous gouvernements confondus, a politisé à outrance la nomination des équipes de gestion et a imposé, en tant qu'actionnaire, des décisions mal fondées économiquement et qui ont auguré de sa perte.
Depuis 1962, Québec a créé la Société de développement industriel (plus tard, IQ), la Caisse de dépôt et d'autres entreprises d'État (Soquem, Sidbec, Rexfor, Soquia, etc.) ainsi que plusieurs ministères à vocation économique, qui ont constamment miné le mandat de la SGF. Puis en 1978, Québec «clarifiait» la charte de la SGF et précisait ses objectifs: assumer la gestion d'un groupe industriel de taille significative dans des secteurs jugés prioritaires pour le Québec.
Dans les faits, la SGF développera, au cours des années suivantes, un sens pointu des affaires et deviendra un interlocuteur sérieux dans l'arène des grands industriels mondiaux. Jusqu'à l'arrivée des libéraux en 1985, la SGF aura réussi cette réorientation. Elle était devenue un des holdings industriels les plus importants et les plus respectés du Québec. L'entreprise jouait un rôle déterminant dans les secteurs industriels prioritaires. En effet, la SGF, au cours de ces années, a concentré ses activités dans des secteurs stratégiques et a investi avec des partenaires de taille mondiale pour réaliser des projets qui ont eu un impact majeur sur le profil industriel du Québec. Pensez par exemple au secteur de l'aluminium avec la construction de l'aluminerie ABI, en pétrochimie avec ses partenaires Union Carbide (Pétromont et Alcools de commerce), en biotechnologie avec Bio-Mega, en foresterie avec Domtar et Donohue, en équipements énergétiques avec MIL, Cegelec et Sogex. Une petite équipe d'une douzaine de personnes triée sur le volet assumait la gestion de ce holding bâti sur des critères de croissance et de rentabilité.
Un élan malheureusement freiné par des changements d'orientation dictés par Québec. En 1985, un nébuleux rapport libéral recommandait au président Yvon Marcoux de réduire la taille de la SGF. Franco Fava faisait son entrée au conseil d'administration de la SGF. Deux autres présidents «libéraux» succéderont à Marcoux: Paul Berthiaume et Marc G. Fortier. Donohue fut larguée dans la controverse et la participation de la SGF dans Domtar, diluée. On ferma les chantiers MIL à Montréal, pourtant réputés pour son expertise dans la fabrication de réacteurs et de sous-marins nucléaires et autres horlogeries fines de la taille d'un édifice de huit étages! On largua aussi Bio-Mega avec ses chercheurs et ses nouveaux brevets prêts à être commercialisés, etc.
Malgré ces revers, des projets ont certes vu le jour avec la construction d'une deuxième aluminerie (Alouette), un partenariat peu rentable avec Magna International pour la fabrication de portières de voiture. Enfin, un projet avec Petresa vit le jour pour la fabrication de l'alkyle benzène linéaire.
Mais les années libérales furent catastrophiques: en trois ans, de 1988 à 1990, la SGF a enregistré pour plus de 400 millions de pertes, oblitérant plusieurs années de rentabilité et de croissance. Il est difficile d'attribuer une seule cause à ces contre-performances, mais des tensions ont vu le jour entre la direction de la SGF et les directions des filiales et les sociétés affiliées. Celles-ci questionnaient la compétence et l'affairisme des dirigeants de la SGF qui eux justifiaient leur performance par la conjoncture économique.
Complètement dégonflée, la SGF se retrouve avec un nouveau président, Claude Blanchet, à la faveur de l'arrivée du PQ au pouvoir. Il associe la SGF au mouvement syndical. La petite équipe de gestion est devenue une énorme machine de subventions, distribuant des millions à une pléiade d'entreprises actives dans plusieurs secteurs industriels. Puis, les libéraux sont revenus au pouvoir et ont sabré dans le tas...
Constamment ballotée par les valets de politiciens sans vision, la SGF courait à sa perte. Ce désastre devrait satisfaire maintenant IQ qui de tout temps, rêvait à cette conclusion singulière.
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François Ghali
L'auteur a été adjoint au président et directeur des communications de la Société générale de financement (SGF) de 1987 à 1992.

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L'auteur a été adjoint au président et directeur des communications de la Société générale de financement (SGF) de 1987 à 1992.





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