Fusion forcée entre la SGF et Investissement Québec

Fusion IQ et SGF / Agence du revenu du Québec



Denis Lessard (Québec) Pour offrir un «guichet unique» aux entreprises qui sollicitent l'aide de l'État, le gouvernement Charest va fusionner la Société générale de Financement (SGF) et Investissement Québec.
Un nouvel organisme sera mis en place pour la prochaine année financière, après l'adoption cet automne d'un projet de loi pour réaliser ce réalignement, ont indiqué hier le ministre du Dévelloppement économique, Clément Gignac, et la présidente du Conseil du Trésor, Michelle Courchesne.
Pour M. Gignac, il s'agit de «simplifier l'offre de services financiers aux entreprises», qui n'auront à frapper qu'à une porte pour avoir accès à tous les programmes disponibles.
Pour Michelle Courchesne, il y a des économies à la clé: «deux structures administratives, deux conseils d'administration», a-t-elle illustré. La rationalisation touchera aussi la comptabilité et l'environnement technologique des deux sociétés.
À partir de 2013-2014, la fusion permettra de réaliser des économies de 10 à 15 millions de dollars par année, ont-ils indiqué, refusant toutefois de préciser le nombre d'emplois appelés à disparaître.
La SGF a un peu plus de 100 employés pour un budget d'exploitation de 30 millions. Investissement Québec compte 400 salariés pour un budget d'un peu moins de 60 millions. Les deux organisations comptent un total de 16 bureaux régionaux sur le territoire.
Licenciements à prévoir
«Tout se fera dans le respect des employés, des entreprises et des partenaires», a dit Mme Courchesne, qui n'a pas voulu présumer des recommandations du comité de transition quant au nombre des emplois à éliminer. Dans les deux boîtes, «l'expertise était différente, il n'y a pas autant de dédoublement que les gens peuvent le croire», soutient-elle.
Pour le ministre Gignac, il est apparu au cours des dernières années que les deux sociétés publiques avaient des interventions «plus convergentes que complémentaires». Investissement Québec fait normalement des prêts, la SGF acquiert du capital-actions.
Les deux organisations n'ont pas été informées au préalable des intentions du gouvernement. Clément Gignac a annoncé la nouvelle vendredi à Pierre Shedleur, patron de la SGF, puis à Jacques Daoust, président d'Investissement Québec.
«J'avais amorcé la réflexion le printemps dernier. Le gouvernement du Québec est unique actionnaire. Dans le privé, les deux conseils d'administration doivent être d'accord, mais, dans ce cas, c'est totalement différent comme approche, c'est une décision du Conseil des ministres» a expliqué M. Gignac.
Or, le Conseil des ministres venait de donner le feu vert à la préparation du projet de loi qui sera déposé cet automne.
MM. Shedleur et Daoust se retrouveront à un comité responsable de mettre en place le nouvel organisme, un groupe que dirigera Jean Houde, ancien sous-ministre aux Finances, qui avait été auparavant président d'Investissement Québec et vice-président de la SGF. Chrystine Tremblay, sous-ministre au développement économique, et Suzanne Lévesque, sous-ministre adjointe aux Finances, seront aussi du groupe.
Dans une entrevue le printemps dernier, Pierre Shedleur avait indiqué qu'il n'était pas souhaitable selon lui de fusionner les deux organismes. Pour lui, «prêter», comme le fait IQ, est bien différent de prendre des participations, comme le fait la SGF. «Ce sont des métiers différents. Quand vous êtes prêteur, vous protégez votre capital par des garanties. Vous pouvez vous limiter à un certain nombre de ratios. Les participations sont plus compliquées, il faut vérifier le secteur, la qualité de la haute direction, le risque technologique», avait-il expliqué.
Hier, M. Gignac a défendu le bilan de la SGF, bien qu'elle ait encaissé 1 milliard de pertes en 10 ans, dont la moitié au cours des deux dernières années. La crise financière a durement touché le portefeuille, mais, surtout, «plus de 95% du milliard de pertes viennent d'investissements réalisés avant 2003», a-t-il soutenu. «M. Shedleur a géré de façon très austère et obtenu les résultats prévus. Les pertes s'expliquent aussi parce qu'on a eu la pire crise en 60 ans, il y a des grands noms de l'économie mondiale qui ont disparu. Le portefeuille maintenant est beaucoup plus sain qu'il l'était», observe le ministre Gignac.
Le nouveau conseil d'administration réévaluera le portefeuille de la SGF, prévient le ministre Gignac, qui recule d'un pas quand on lui demande si on ne se rapproche pas du projet de «Super SGF» que caressait Claude Blanchet à l'époque du Parti québécois.
En réaction, la chef péquiste Pauline Marois est restée circonspecte et prudente.
«On va voir en quoi consistera exactement le projet. J'espère que ce n'est pas pour camoufler ou faire oublier l'histoire des FIER, de BCIA, des pertes dans le domaine du cinéma qui a été un très mauvais investissement», a-t-elle lancé.
Au cours de la dernière campagne électorale, Pauline Marois avait proposé la création d'une banque de développement économique, qui regrouperait la SGF et Investissement Québec et «conserverait les deux vocations».
Alors, en principe, la fusion des deux organismes, «oui, c'est quelque chose qui nous intéresse, mais avant de vous dire si je suis d'accord avec la proposition, on va voir en quoi elle consiste et quel sera son déploiement sur le territoire», a dit Mme Marois.
INVESTISSEMENT QUÉBEC
ACTIVITÉ
Aide financière aux entreprises
DATE DE FONDATION
1998
EFFECTIFS
421 employés
ACTIF (au 31 mars 2010)
6,29 milliards
PASSIF (au 31 mars 2010)
5,68 milliards
REVENUS (2009-2010)
392 millions
BÉNÉFICE NET (2009-2010)
26,5 millions
Martin Vallières, La Presse Affaires Source: Rapport annuel 2009-2010 d'Investissement Québec
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DE FINANCEMENT (SGF)
ACTIVITÉ
Investissements en capital et en dette d'entreprises
DATE DE FONDATION
1962
EFFECTIFS
107 employés
ACTIF (au 31 déc. 2009)
2,3 milliards
PASSIF (au 31 déc. 2009)
461 millions
REVENUS (2009)
719 millions
PERTE NETTE (2009)
244 millions
PRINCIPAUX PLACEMENTS
AEterna Zentaris, Aluminerie Alouette, Atrium Innov., Alliance Films, Axcan, BRP, Cascades, Congébec, Domtar, Logibec, Le Massif, Olymel, Osisko, Spectra Premium, Transcontinental, Ubisoft, etc.
- Martin Vallières, La Presse Affaires
Sources : Rapport annuel 2009 et site internet de la SGF


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