La fusion annoncée hier de la Société générale de financement du Québec et d'Investissement Québec se veut un regroupement logique, par défaut. L'une (la première) n'a jamais su livrer la marchandise et l'autre (la seconde) a démontré son efficacité en temps de crise. Au terme du processus de transition qui s'amorce, il sera intéressant de noter quel bulletin sera finalement retenu dans la formation de la nouvelle équipe dirigeante.
Les missions de chacune des sociétés étaient pourtant clairement définies, et complémentaires. Mais au fil du temps, et au rythme des revers de la conjoncture économique, la SGF n'a jamais véritablement pu justifier une raison d'être, pourtant pertinente sur papier, dans le capital de risque et les partenariats stratégiques. Quant à Investissement Québec, la société étouffait dans son rôle de banque de développement et de «prêteur de dernier recours», majoritairement auprès des PME québécoises. La fusion annoncée hier devient une suite logique des insuccès de l'un et de l'efficacité de l'autre.
On attendait beaucoup de la Société générale de financement, surtout à la suite du désistement progressif de la Caisse de développement à titre de levier du développement économique pour le Québec. On voyait la SGF comme étant le bras industriel du gouvernement québécois. Cette créature de la Révolution tranquille devait apporter les capitaux de risque minoritaires mais patients dans des partenariats stratégiques se voulant des vecteurs de croissance et de développement pour l'économie québécoise. Idéalement, ces partenariats visaient à attirer l'expertise et les investissements étrangers. Avec, pour cible, de dégager un rendement couvrant au moins le coût des fonds pour le gouvernement.
On connaît la suite. La filière pétrochimique de Montréal-Est s'est volatilisée alors que les pertes dans l'industrie forestière se sont accumulées au rythme de la restructuration majeure de cette industrie. L'actuel p.-d.g., Pierre Shedleur, a été nommé dans ses fonctions en novembre 2004, après un intérim de 18 mois dirigé par Henri A. Roy ayant servi à nettoyer les livres et à radier ou réévaluer à la baisse les éléments d'actif du portefeuille. De 2005 à 2009, la SGF a cumulé une perte nette de plus de 300 millions, dont de 500 millions au cours des deux derniers exercices. Et les deux grands axes de développement retenu, soit la forêt et la production cinématographique, ont généré peu de retombées.
Dans la relance forestière, l'offensive de la SGF se résume à l'achat de terrains. Dans la production et la distribution cinématographiques, l'action de la société d'État, notamment sous l'étiquette d'Alliance Films, l'espoir et les applaudissements du début se sont transformés en attentisme et scepticisme.
Mais il faut dire à la défense de la direction de la SGF que 2008 et 2009 ont été des années particulièrement éprouvantes pour l'économie, les investissements et les valeurs en portefeuille.
Une conjoncture économique austère qui a permis à Investissement Québec de se démarquer. Au cours de ces deux années, la société gouvernementale, très présente dans le développement régional, a dégagé un bénéfice net cumulé de près de 70 millions. Cette démarcation est d'autant plus intéressante qu'Investissement Québec peut se permettre un risque additionnel du fait que pour le gouvernement, les retombées fiscales entrent dans le calcul du taux de rendement.
Fondée en 1998, la société a aisément pris le relais des banques devenues craintives pour apporter son soutien, et les liquidités nécessaires, aux entreprises lors de la crise. En fait, les banques créancières étaient à ce point paralysées qu'elles préféraient rappeler les prêts ou abaisser leur valeur, ajoutant aux problèmes de liquidités des PME. Investissement Québec a été vivement sollicitée dans son rôle d'appoint, ou de prêteur de dernier recours.
Jacques Daoust en a pris la présidence en 2006. L'entreprise est rentable et s'autofinance depuis 2005. C'est elle (de concert avec le Fonds de solidarité FTQ et la Caisse de dépôt) que Québec a appelée en renfort pour soutenir les PME et entreprises québécoises au cours de la dernière récession.
La société gouvernementale étouffait cependant dans sa mission de prêteur d'appoint. On la voyait de plus en plus dans un rôle de démarcheur sur la scène internationale, sans vouloir trop piétiner dans les platebandes de la SGF. Et Jacques Daoust revendiquait un outil additionnel devant permettre à la société d'offrir de la «quasi-équité» aux PME, sans vouloir trop piétiner les platebandes des fonds de travailleurs.
Investissement Québec est devenue une institution financière de première qualité du type banque de développement, bien ancrée dans le développement économique du Québec et de ses régions. Jacques Daoust voulait ratisser plus large. L'appel a été entendu.
Quant à celui qui présidera la prochaine mouture...
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé