MARTINE TURENNE - Le sondage « La perception des Québécois à l’égard de l’éthique des politiciens et des cadres de l’État québécois » a été réalisé, le 13 février 2012, auprès de 756 Québécois âgés de plus de 18 ans. La marge d’erreur est de +/- 3,6 dans 19 cas sur 20.
LES CADRES SOUS LA LOUPE
Les Québécois sont plus sévères envers les cadres de l’État comme Michael Sabia qu’envers les politiciens. Dans toutes les réponses, l’écart varie de trois à six points.
Les Québécois mettent la barre très haute quand il s’agit des règles d’éthique que doivent respecter leurs politiciens et fonctionnaires.
Les deux tiers des Québécois considèrent inacceptable qu’un politicien ou un cadre de l’État séjourne sur le bateau ou à la maison de campagne de gens d’affaires, selon un sondage Léger Marketing.
« C’est le résultat de trois années de révélations sur des affaires de corruption, de collusion et d’apparences de conflits d’intérêts », dit Aubert Lavigne-Descôteaux, chargé de recherche chez Léger Marketing.
Le yacht de l’homme d’affaires Tony Accurso a accueilli nombre d’élus ces dernières années. Et plus tôt ce mois-ci, on apprenait que le président de la Caisse, Michael Sabia, avait séjourné à Sagard, la résidence des Desmarais dans Charlevoix. La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) n’y voit aucune entorse à son code d’éthique, mais les Québécois, si.
Aubert Lavigne-Descôteaux n’est donc pas étonné des réponses des Québécois. Ni de leur sévérité : une majorité trouve même inacceptable une invitation au restaurant ou dans la loge d’une personnalité du milieu des affaires.
Le fossé se creuse
« Tout cela reflète le manque de confiance envers les élites, poursuit M. Lavigne-Descôteaux. C’est le syndrome de l’enveloppe brune. »
Si le sondage avait été fait il y a cinq ans, les résultats auraient sans doute été différents, dit-il. « La confiance est fragile. »
Ce qui est clair avec ce sondage, dit l’éthicien Yves Boisvert, professeur à l’École nationale d’administration publique (ÉNAP), c’est de constater à quel point le premier ministre Jean Charest n’est pas sur la même longueur d'onde que les Québécois en matière d’éthique et de probité des agents publics.
« Il a banalisé au cours des derniers jours autant ses possibles séjours à Sagard que ceux de Michael Sabia. L’écart entre la culture éthico-politique des Québécois et celle du gouvernement Charest est énorme. »
On pourrait dire la même chose de plusieurs administrations municipales, dont celle de Montréal, ajoute-t-il, « où on banalise tout autant certains comportements problématiques chez des hauts fonctionnaires. »
Les Allemands punissent
Hier, le président allemand, Christian Wulff, a été forcé de démissionner. On lui reproche d’avoir occulté un prêt... et d’avoir profité de vacances gratuites chez de riches entrepreneurs en Italie, à Majorque, et aux États-Unis.
SONDAGE | ÉTHIQUE
La peur de l’enveloppe brune
Politiciens et cadres de l’État ne devraient pas fréquenter les gens d’affaires en privé
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé