La nouvelle joute politique s’installe

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«Les avertissements s’accumulent depuis plusieurs années pour le Parti Québécois»





Les prochaines élections auront lieu le 1er octobre 2018. En termes politiques, c’est l’équivalent de deux à trois éternités. Traduction : bien des choses peuvent encore changer d’ici-là. Surtout, il va sans dire, pendant la campagne électorale elle-même.


Depuis quelques années, les électorats se font en effet de plus en plus volatils. Ce faisant, ils accouchent de résultats qui étaient tout à fait imprévisibles en début de campagne.


Les phénomènes Trump, Macron, Brexit, Trudeau – et j’en passe -, l’ont amplement démontré.


Donc, prudence avec les sondages, c’est certain. En science politique, la chose que nous savons toutefois est qu’au-delà de cette même volatilité, certaines tendances plus lourdes peuvent néanmoins se dégager en période préélectorale.


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Quelques tendances s’incrustent


Au Québec, on ne s’en sort pas, certaines tendances semblent en voie de s’incruster dans le décor.


1) Malgré l’usure du pouvoir, les fantômes de l’ère Charest et les effets nocifs de son austérité budgétaire, le Parti libéral du Québec (PLQ) reste en tête des intentions de vote. Et ce, pour une seule et unique raison: la combinaison d’un vote anglophone et allophone captif et d’une division sans précédent du vote francophone entre quatre partis, le PLQ, le PQ, la CAQ et Québec solidaire.


2) À l’opposition officielle, l’érosion en dents de scie de l’électorat péquiste depuis vingt ans semble vouloir s’accélérer.


Pour illustration, voici le pourcentage de voix obtenues par le PQ depuis sa fondation en 1968. Élections de 1970 (23,6%); 1973 (30,22%); 1976 (41,37%); 1981 (49,26%); 1985 (38,69%); 1989 (40,16%); 1994 (44,75%); 1998 (42,87); 2003 (33,24%); 2007 (28,35%); 2008 (35,17%); 2012 (31,95%); 2014 (25,38%). Selon le dernier sondage Léger publié le 20 mai dernier, le PQ ne serait plus qu’à 23% dans les intentions de vote.


Bref, sans convergence avec QS et à moins d'un tremblement de terre politique, ses chances de former le prochain gouvernement fondent à vue d’œil.


3) Troisième parti à l’Assemblée nationale, la CAQ est en remontée. À 26% des voix selon le même sondage Léger, il domine chez les francophones avec 31% d’appuis.


Rappelons aussi qu’à sa première élection générale en 2012, la CAQ remportait déjà 27% des voix, mais glissait à 23% à l’élection de 2014.


En d’autres termes, ses appuis actuels, tels que montrés dans les sondages, seraient insuffisants pour ravir le pouvoir aux libéraux.


Pour la CAQ, la question est donc celle-ci. À moins de 30% d’appuis à travers le Québec, ces chiffres représentent-ils son plancher ou son plafond? C’est ce que les caquistes sauront le soir du 1er octobre 2018.


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L'hypothèse des «deux axes»


Cela dit, comme je l’expliquais dans ma chronique de ce mardi, toutes les tendances indiquent ceci : une toute nouvelle joute politique se dessine maintenant sur deux axes qui s'entrecroiseront durant la campagne électorale.


Le premier étant celui du PLQ et de la CAQ – ces deux partis visant le pouvoir. Le second étant celui du PQ et de QS qui se disputeront le vote restant dit «progressiste» et/ou «souverainiste».


4) Ce qui nous amène à la quatrième tendance. Soit la montée de Québec solidaire depuis l’arrivée de Gabriel Nadeau-Dubois et la victoire de Manon Massé dans son combat pour conserver son comté d’un redécoupage électoral qui l’aurait fait disparaître. Le sondage Léger du 20 mai plaçait déjà QS à 14% chez les francophones.


Un nouveau sondage Mainstreet/Postmedia publié ce matin semble d'ailleurs vouloir confirmer mon hypothèse des «deux axes» (PLQ vs CAQ + PQ vs QS). (Nous parlons toujours de la période actuelle.)


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Valse d’électeurs


Sur le premier axe PLQ vs CAQ – celui du combat pour le pouvoir -, le sondage montre une valse d’électeurs francophones nationalistes et non souverainistes qui se promèneraient entre le PLQ (33%) et la CAQ (27%).


Sur le deuxième axe PQ vs QS – celui du combat pour le troisième rang -, QS aurait grimpé à 18% d’appuis au détriment du Parti québécois dont les intentions de vote ne seraient plus que de 22%.


Chez les francophones, le PLQ et la CAQ seraient nez-à-nez à 27% chacun, tandis que le PQ serait à 25%.


Or, ce qui, à première vue, semble dessiner une lutte à trois pour le vote francophone, ne l’est pas tout à fait.


La concentration du vote anglo-allo au PLQ combinée aux effets dysfonctionnels de notre mode actuel de scrutin indique plutôt une lutte à deux entre le PLQ et la CAQ – l’avantage allant pour le moment au PLQ à cause de cette même concentration du vote anglo-allo. Laquelle lui assure toujours l’avantage unique d’une bonne trentaine de sièges sûrs, quoi qu’il fasse. À l'opposé, la CAQ souffre comme le PQ de la division du vote francophone, mais à un moindre degré.


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La tendance la plus lourde d’entre toutes


Si d’ici les prochains mois, ces tendances se maintiennent ou même s’accentuent, ce serait bien évidemment une excellente nouvelle pour le PLQ, la CAQ et QS, mais une moins bonne pour le PQ.


Le Québec ayant passé d’une dynamique politique essentiellement bipartite à un multipartisme bel et bien installé, la division tenace du vote francophone depuis l'arrivée de la CAQ face à un bloc électoral libéral anglophone-allophone quasi monolithique est sûrement la tendance la plus lourde d’entre toutes.


La campagne électorale réussira-t-elle ou non à la renverser en faisant émerger UNE solution claire de rechange au PLQ? Impossible de le savoir à l’avance.


Pour le moment, une seule chose est sûre : pour Jean-François Lisée, le temps court.


Si l’image d’un parti sur son déclin venait à se confirmer dans l’opinion publique d’ici le scrutin de 2018, les dommages seraient lourds à porter.


Face à des données aussi inquiétantes, les troupes péquistes auront-elles un sursaut de combativité? Pour ma part, je pense que oui.


Or, pour le PQ, les vraies questions sont ailleurs.


Sans son option souverainiste, cette combativité imposée par des circonstances exigeantes reposera sur quelle base, sur quelle vision, sur quelles idées fortes? Le «virage vert» opéré par le Parti québécois ayant peu de chances de le distinguer fortement et suffisamment des autres formations.


Pour le parti des Lévesque et Parizeau, la deuxième question est encore plus existentielle.  Cette combativité arrivera-t-elle à temps pour aider le PQ à remonter la pente ou finira-t-elle en coup d’épée dans l’eau?


À plus d’un an des élections, rien n’est encore joué. Ça tombe sous le sens.


Mais les avertissements s’accumulent depuis plusieurs années pour le Parti québécois. Saura-t-il bien les lire et y répondre en renouant avec sa véritable nature politique et philosophique?


Là aussi, la réponse ne viendra que le soir du 1er octobre 2018. Les élections étant, comme on le sait, LE vrai sondage.


 


 




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