Les accusations de racisme et d’islamophobie dans les médias canadiens et québécois et la réaction d’une gauche islamo-racisée ont blessé et humilié les Québécois lors du débat sur la loi 21.
Grâce au sondage Léger publié hier dans Le Journal, l’on découvre que les Canadiens eux-mêmes se départagent autour de la loi sur la laïcité. En effet, si 48 % des Canadiens s’y opposent, 38 % appuient la loi. Au Québec, 64 % la soutiennent contre 27 % qui la rejettent.
Ceux qui votent pour les libéraux s’y opposent à 47 %, les NPD à 41 % et les verts à 33 %. Alors que 46 % des votants libéraux, 59 % des NPD, 67 % des verts, 77 % des conservateurs et 91 % des bloquistes sont favorables à la loi. Ajoutons qu’au Canada, 34 % des gens souhaitent invalider la loi, 32 % ne s’y opposent pas, et 35 % ne savent pas. Au Québec, 25 % des gens veulent une invalidation, 50 % appuient la loi et 25 % ne savent pas.
Justin Trudeau peut retourner embrasser les cowgirls et serrer la main des cowboys au festival western, rien n’y fera. La laïcité dont il est le défenseur fondamentaliste sera un thème majeur de la campagne. Les voies ensoleillées qui mènent à sa réélection sont menacées non par des orages, mais par des ciels gris inquiétants.
Affirmation
À l’évidence, la laïcité ne peut pas servir d’épouvantail comme l’idée de souveraineté du Québec dans le passé. Le Canada a refusé d’être brisé à l’époque, mais il ne va pas réagir de la même façon envers le Québec, qui affirme sa distinction grâce à sa loi sur la laïcité qui s’oppose au multiculturalisme. Si la loi rebute de nombreux Canadiens, seul un tiers d’entre eux se disent déstabilisés, tout en avouant ne pas vraiment savoir quoi penser.
Ces résultats sont une grande victoire pour le premier ministre François Legault. Ce souverainiste reconverti en nationaliste au flair plus développé que ne le croient ses adversaires sait désormais qu’il a des appuis à travers le Canada. Cela le place dans une situation de force face à Justin Trudeau, le matamore de l’unité canadienne.
François Legault, en pragmatique et en instinctif, gouverne le Québec avec une habileté politique et une prudence jusqu’ici incontestables. Désormais, il connaît plus intimement, si l’on peut dire, les faiblesses de Justin Trudeau, qui dans le meilleur des cas pourrait être reporté au pouvoir, mais en situation minoritaire.
Trudeauisme
Le Canada ne peut plus être enfermé dans cette vision trudeauiste postnationale où seule la parole libérale impose sa vérité.
Les conservateurs sous Andrew Scheer semblent chercher à concilier les exigences de leur électorat : des religieux obsédés par l’avortement, des rednecks, des climatosceptiques et des conservateurs économiques encore progressistes sur le plan social et moral, dont les conservateurs francophones du Québec favorables à la société distincte, telle qu’elle est définie par la CAQ.
Une chose semble assurée : les semaines à venir ne seront guère tranquilles pour les troupes libérales, particulièrement pour les zélotes anti-laïques.