Toute vérité n’est pas bonne à entendre au PQ

La fin ou le début des haricots?

Chronique de Louis Lapointe

C’est la fin des haricots ! C’est ma conjointe qui a eu ce commentaire ce matin en entendant la nouvelle annonçant que l’exécutif national du PQ avait décidé d’expulser le SPQ libre de ses rangs.
Je n’étais pas de ceux qui tenaient mordicus à la création d’un tel club politique. Je n’ai jamais aimé les enclos où on enfermait les variétés rares. J’aurais préféré que les personnes qui militent au sein de ce club demeurent des électrons libres au sein du PQ.
Mais, comme je me considère personnellement de gauche, je m’étais habitué à leur discours et j’avais fini par me rendre à l’évidence. Si ce club n’avait pas existé, les idées de droite qui m’horripilent, comme celle d’augmenter les taxes pour créer de la richesse, auraient progressé plus rapidement au sein du PQ. Mme Marois dit, par ces mesures qu’elle propose, vouloir augmenter la richesse des Québécois. De quelle richesse parle-t-elle au juste?
***
Voici quelques extraits de ma chronique publiée au lendemain du dernier budget du gouvernement de Jean Charest, en 2009, De la surdité à l’aveuglement volontaire.
« Qu’on veuille indexer les tarifs publics au coût de la vie à partir de janvier 2011, je n’ai rien contre cela dans la mesure où l’augmentation de ces tarifs ne servira pas de prétexte pour diminuer l’impôt versé par les contribuables les plus riches, justement ce qu’a fait Jean Charest en 2007 avec le remboursement du déficit fiscal de 900 millions $ provenant du gouvernement fédéral. Dans une telle perspective, aller plus loin et actualiser les tarifs, comme le souhaitent les Facal et Montmarquette, les rendraient plus régressifs et augmenterait forcément l’inégalité sociale au Québec. (…)
Contrairement à la croyance populaire, les tarifs n’ont pas les effets structurants qu’on leur accorde, ce sont des mesures régressives qui ne visent qu’à augmenter la contribution fiscale de la classe moyenne et dont l’utilisation a pour objectif de baisser l’imposition des classes les plus riches. Fondamentalement, les tarifs sont régressifs et contribuent à accroître les inégalités entre les plus riches et les plus pauvres, appauvrissant davantage la classe moyenne, diminuant par le fait même le niveau de vie des familles. (…)
Le rapport Montmarquette n’est pas cette panacée qu’on annonce, il ne propose aucune mesure qui s’attaque véritablement aux racines du problème que sont l’inégalité et le gaspillage des ressources. Ce n’est pas uniquement une tarification qu’il faut pour limiter le gaspillage, mais bien une politique cohérente, des lois et des règlements. Une vraie politique contre la pauvreté, le gaspillage de ressources et pour le développement durable.
Si le dernier budget de Monique Jérôme-Forget manquait totalement de vision, tous les commentateurs politiques et économiques que j’ai entendus et qui faisaient l’apologie de l’actualisation des tarifs souffrent des mêmes maux que Jean Charest : un manque total de vision et de compréhension résultant de leur l’aveuglement et leur surdité volontaire. Non seulement ils se complaisent dans leur bêtise, mais en plus, contrairement à mes amis sourds et aveugles, ils refusent de faire quoi que ce soit pour améliorer notre sort collectif, n’écoutant qu’eux-mêmes et ne regardant que leurs nombrils.
»
***
Un an plus tard, je n'ai pas l'intention de me convertir aux idées de droite parce Pauline Marois a décidé d'adopter le credo néolibéral des Pratte et Dubuc de la grosse Presse sous le bon conseil des Bouchard, Facal et Legault, plutôt que celui de ses alliés de gauche qu'elle souhaite voir taire, parce que leur discours ne ferait pas son affaire.
À ce sujet, j’ajouterais qu’il n’y a pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, et que dire de ceux qui font taire l’opposition au nom de l’unanimité et de la cohésion du parti. Belle leçon de démocratie!

Les élus du PQ ont tellement de gros haricots dans les oreilles, qu’ils ont fini par les aveugler !

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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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3 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    16 mars 2010

    @ Louis Lapointe:
    «...les idées de droite qui m’horripilent, comme celle d’augmenter les taxes pour créer de la richesse, auraient progressé plus rapidement au sein du PQ...»
    Merci pour ce dernier texte. J'aime vous lire. Mais il y a dans ce texte-ci, une chose qui m'échappe...
    Vous vous considérez comme un homme de la gauche, vous dites. Soit. Mais, cette idée de rehausser les taxes que paient les contribuables à l'État, supposément pour créer de la richesse... vous voyez vraiment ça comme une idée de droite?
    J'avoue que je verrais plutôt la chose comme une mesure venant d'une certaine gauche. Surtout que d'augmenter sensiblement les impôts et taxes, en pleine récession, alors que nous sommes déjà lourdement imposés, au Québec, je trouverais cela carrément sadique, à l'égard du citoyen moyen!
    Que les grosses entreprises et les millionnaires fassent leur part, au lieu qu'on nous dise simplement que ce sont eux qui créent la richesse pour nous tous (tout en les laissant bénéficier d'abris fiscaux), je suis pour. Mais le reste...

  • Archives de Vigile Répondre

    15 mars 2010

    Eh oui, le Parti Québécois est un parti néolibéral. Les débats d'idées dans une société « démocratique » n'existent pas plus que Dieu, et les gens intelligents (la minorité) évitent l'arêne politique où les bêtes fauves qui s'y dévorent sont plus plus bêtes que les lions de Rome...
    André Meloche

  • Archives de Vigile Répondre

    15 mars 2010

    M. Lapointe,
    Pouvez-vous me dire qui avait eu cette idée géniale de créer l'état dans l'état à l'intérieur du PQ ? Diviser pour régner.
    La gauche aurait pu très bien militer quand même sans cette formation officielle du SPQ-libre.
    Enfin! Le bateau avance mais on ne sait pas trop où il va.
    Nos ennemis doivent se réjouir ce matin de nous voir encore une fois aussi divisés.
    Je commence à croire Clotaire Rapaille qui nous dit sado-masochistes.