La Fête nationale et l'anglais

Ne relève-t-il pas plutôt de la simple vigilance de se demander si ces accusations ne seraient pas l’expression d’une sourde rectitude politique régissant le discours public?

"L'autre St-Jean"

La Fête nationale et l’anglais
Quand on a pris acte que la langue est génératrice de culture et constitue l’élément essentiel de l’identité d’un peuple;
Quand on a en mémoire vive que le français est la langue officielle du Québec;
Quand on est au fait que depuis quelques années le français est en régression à Montréal;
Quand on voit que la progression de l’anglais chemine vers une bilinguisation structurelle de cette ville de Montréal;
Quand on a appris que le bilinguisme structurel anglais-français au Canada (Amérique du Nord) est synonyme de la disparition lente et assurée du français;
Alors on devient sensible aux attitudes, aux gestes, aux discours qui prônent ou reflètent cette bilinguisation;
Alors se fait sentir le besoin et le devoir de protester contre ce qui peut présenter les apparences d’une telle invasion.
Devant cet état de choses, faut-il s’étonner qu’on s’interroge, voire qu’on proteste contre le fait d’avoir invité des prestations anglaises en cette circonstance névralgique et symbolique par excellence de la Fête nationale du Québec? Du Québec officiellement unilingue français? En position fragilisée?
N’est-il pas légitime de se demander s’il n’y aurait pas là provocation calculée ou lamentable insensibilité? Ou détestable indifférence?
N’est-il pas normal que d’aucuns, en plein épisode d’égalitarisme linguistique exemplifié, entre autres, par le projet des deux CHUM montréalais, puissent au moins y soupçonner encore une exigence du couple bilinguisme-multiculturalisme institutionnalisé à la canadienne et de son avatar interculturaliste québécois?
N’est-il pas convenable, à la veille de cette Fête nationale discutée et au moment où les ondes ramènent à l’épisode de St-Léonard, d’imaginer un demain où on demandera encore d’expliquer pourquoi il est trop tard, trop tard ?
Et alors est-il compréhensible ou acceptable qu’on qualifie ces protestations d’ethnicisme fermé, ringard, anti-moderne?
Ne relève-t-il pas plutôt de la simple vigilance de se demander si ces accusations ne seraient pas l’expression d’une sourde rectitude politique régissant le discours public?
Ne convient-il pas de se demander comment et pourquoi ces accusations peuvent si facilement inter-changer les termes anglais et anglo, langue et personne?
Ne peut-on pas justement se demander si des icônes du petit écran, entre autres, n’orneraient pas la chapelle de la rectitude politique fréquentée assidument par des politiciens de carrière précautionneux?
Et, enfin, faudrait-il admettre d’emblée que tout Baiser ait nécessairement Bonne bouche?
Fernand Couturier
17 juin 2009


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6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    20 juin 2009

    Bonsoir Fernand,
    à mon retour du merveilleux Bas-du-fleuve où les enfants se laissent maintenant aussi séduire par La Langue dominante, ce texte me console. Et me console aussi du sort de notre douloureuse et fragile métropole fragmentée! Merci pour la justesse et la beauté des mots et du ton!
    Solidarité!
    Nicole Hébert

  • Archives de Vigile Répondre

    18 juin 2009

    M. Couturier
    Merci pour ce bel article inattaquable. Nous sommes honorés qu'il ait été placé à côté du nôtre.
    Vous écrivez:
    "N’est-il pas légitime de se demander s’il n’y aurait pas là provocation calculée ou lamentable insensibilité ? Ou détestable indifférence ?"
    J'ajouterais suite à un commentaire lu ici sur Vigile qu'il y aurait à Rosemont "des projets de “mix” qui sont loin d’être innocents ou désintéressés." C 4 Productions dirigé par Pierre Thibault avec la collaboration de Maryline Lacombe auraient été (ou seraient) en conflit d'intérêt. (voir l'article de Claude Richard sur Maryline Lacombe)
    Robert Barberis-Gervais et Marcelle Viger, 18 juin 2009

  • Michel Guay Répondre

    17 juin 2009

    Il n'y a rien d'ethnique dans une langue commune pour tous, l'ethnique style canadien français colonisé à la Trudeau reclame le mutilinguisme et aucun pays normal sur terre prêche une telle Tour de Babel
    Vive le Québec unilingue français pour tous les citoyens du Québec , les autres ne parlant pas français seront toujours des étrangers et nous avons un devoir de les traiter comme tel.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    17 juin 2009

    Monsieur,

    Votre prestance et votre modération ne devraient-elles pas vous ouvrir les colonnes d’opinion des grands quotidiens ? Peut-être l’ont-ils fait, je me refuse de les acheter chaque jour. Vous effleurez l’idée des bons québécois qui tirent un bon chèque de leur face au petit écran comme au micro de Radiocadna. Il ne fait pas de doute que ce chèque achète leur discours. Le plus habile n’est-il pas Guy-A, le pape de la télé du dimanche ? Comment parlerait-il contre l’architecte de sa fortune ? Parti de "I want to pogne" qu’il chantait dans le museau d’un Berger allemand à l’haleine fétide, le nasillard impertinent fut élevé à la cour d’Ardisson, pape de l’hexagone. Nommé à l’animation de la grande scène de la Fête nationale, il s’est d’abord déguisé en nationaliste, mais le jupon passa dès qu’il dut couvrir la brèche anglicisante de quartier, pour justifier son grand coup pour l’an prochain : le précédent servira à l’invasion de l’anglais au parc Maisonneuve.
    Ce n’est pas plus anodin que le coup de force médiatique personnifié par des agents de dénationalisation : Boisvert, Lagacé, Pratte, Homier/Catherine P, Dominique P, et les autres animateurs radio tout au long de la journée... même pas besoin d’écouter les chaînes anglaises : nous nous bavons dessus nous-mêmes.
    Il y a ce rendez-vous à la Fête naitonale, par le collectif pour l’indépendance, de jeunes non partisans, qui ont fait leurs preuves de dynamisme le 24 mai jour du drapeau. Une marche pour l’indépendance à la Fête nationale ! Faisons-les ravaler leurs micros ou move to Toronto.

  • Archives de Vigile Répondre

    17 juin 2009

    Tout dépend du degré d'assimilation.
    Moi je pense en français. C'est l'instrument et le géniteur de ma culture.
    Lorsque je dit "nation", c'est dans le sens de la langue française. C'est dans le sens ethnique.
    Malheureusement, on le voit, les organisateurs de la Fête Nationale à Montréal pensent maintenant la "nation" en anglais. C'est à dire au sens strictement juridique, chartriste, multiculturaliste.
    Ils parlent français, mais pensent en anglais.
    C'est pourquoi ils perçoivent le génie non pas dans la créativité musicale, mais dans la langue qui lui donne interprétation.
    C'est l'assimilation qui tue la créativité.

  • Michel Guay Répondre

    17 juin 2009

    L'unique façon de contrer cet anglicisation est de manifester devant l'employeur colonisateur ou colonisé qui exige l'anglais au Québec pour avoir droit d'obtenir un travail .
    La Grosse Presse épaisse est remplie de ces annonces de ces employeurs exigeant l'anglais .
    Dans les années 1970 nous avions francisés nos médias et nos fêtes et voilà qu'ils s'anglicisent à nouveau en nous traitant de xénophobes et de racistes parce que nous voulons travailler et vivre en français au Québec