Bonjour Mme Pauline Marois,
Rien n’y fait, je n’arrive pas cet été à prendre congé des affaires politiques nationales du Québec.
Un soudain tourbillon d’événements déracine, emporte et décime les deux partis souverainistes qui étaient vus comme inspiration et moteur de la marche de notre peuple vers son indépendance politique. J’ai beau tourner et retourner en tous sens ces événements, les faits me ramènent toujours à vous comme chef du Parti québécois.
Tout le monde semble reconnaître les grands services que vous avez rendus à notre peuple pendant de nombreuses décennies en assumant avec succès d’importantes responsabilités politiques et ministérielles. On reconnaît votre probité, votre persévérance et votre cœur à l’ouvrage. À ces égards vous serez grande aux yeux de l’histoire. Mais sans doute est-ce le lot de la finitude humaine que nous partageons tous sans exception, il arrive des circonstances qui nous rendent la vie dure, et parfois nous dépassent. Tous vos prédécesseurs dans la fonction que vous occupez peuvent ou devraient pouvoir en témoigner d’expérience.
Or actuellement, dans le triste charivari des prises de position fracassantes, dans l’éparpillement désespérant des forces souverainistes et indépendantistes, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent et réclament l’unification de toutes ces forces qui semblent tirer chacune de son côté. Unification des nombreux mouvements ou groupes souverainistes-indépendantistes, unification des partis politiques qui logent à l’enseigne de la souveraineté ou de l’indépendance, unification des voix individuelles qui se déposent dans les boîtes de scrutin ou qui s’en abstiennent.
Dans ces circonstances propices à la division, à la dispersion, le Parti québécois en son état présent ne représente plus un phare pour la population. Les sondages le montrent depuis plusieurs semaines, plusieurs mois. Et ce Parti ne paraît pas plus apte à s’unir aux autres forces souverainistes et indépendantistes pour former une marche serrée vers l’indépendance nationale.
Ce Parti a besoin d’un renouvellement majeur qui ne va pas dans le sens que vous lui avez donné de bonne foi en en devenant la chef.
Il est vrai que vous l’avez pris en piteux état. Vous l’avez techniquement reconstruit. Vous avez même rassemblé une députation fort honorable. Mais la capacité d’animation actuelle, la direction présente de ce Parti ne rassemblent pas la population. Et cela malgré la faiblesse et les inepties à répétition de l’actuel Gouvernement. Il faut le reconnaître : c’est un malheur, voire un échec. Et vous n’êtes très probablement pas seule en cause.
Alors, Madame Marois, avec tout le respect que vous méritez sans conteste, je me permets de faire appel à votre capacité de comprendre la réalité, à votre sens éprouvé de la responsabilité, à votre immense courage et, il faut le dire, à votre capacité d’abnégation, pour que vous envisagiez de laisser tomber les rênes du Parti québécois. Afin que ce Parti ait peut-être encore une chance, avec un autre type de gouverne qu’il devrait se donner rapidement, d’entrer le plus tôt possible dans le mouvement d’unification des forces souverainistes tant souhaité, si nécessaire et si urgent. Et pour que vous cessiez d’être perçue, à tort ou à raison, comme la cause de la descente aux enfers du mouvement souverainiste.
Il y a un certain temps, l’automne passé il me semble, j’ai par l’intermédiaire de Vigile adressée une lettre à tous les chefs de partis souverainistes-indépendantistes, leur demandant instamment de travailler à leur unification ou au moins à une certaine coordination de leurs actions. Je disais aussi qu’ils risquaient d’être jugés sévèrement par l’histoire si rien de perceptible n’était fait en ce sens. Or, selon toutes les apparences, rien de tel ne s’est produit.
D’autre part, il est d’aucuns dans votre entourage qui se demandent et nous demandent assez ouvertement ce qui pourrait être fait pour sauver le Parti québécois. Car les prédictions d’un funèbre fracassement sur le mur d’en face, celui des prochaines élections, se multiplient et viennent de plusieurs directions. En effet les perspectives de demain s’assombrissent : la CAQ de MM. Legaut et Siroix provoque un remous, et M. Charest est en train de retomber sur ses pieds avec l’adresse du chat.
Il serait tout à votre honneur, Madame Marois, de laisser le plus tôt possible ce Parti libre de se transformer au meilleur de ses possibilités pour pouvoir contribuer plus positivement à la réalisation de notre indépendance politique. Personne ne pourra vous reprocher de ne pas avoir assez donné pour notre Québec.
Il y a là un risque. Mais un risque qu’il faut prendre. Vous en avez sûrement l’audace.
Vous pardonnerez, je l’espère, cette franchise d’un simple concitoyen.
Très respectueusement,
Fernand Couturier
Lettre à Mme Marois
Il serait tout à votre honneur
Ce Parti a besoin d’un renouvellement majeur qui ne va pas dans le sens que vous lui avez donné de bonne foi en en devenant la chef.
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1 commentaire
Pierre Cloutier Répondre
21 juillet 2011[1] Vous allez vous faire crucifier par les maroitistes, mais vous avez le courage de dire tout haut ce que beaucoup de militants pensent tout bas.
[2] Le PQMarois n'est pas réformable et plus j'y pense, plus l'orientation qui lui a été donnée a été préparée de longue date - cela a commencé avec Boisclair - par des influences extérieures au Parti Québécois pour mettre l'indépendance sur une voie de garage.
[3] Je ne vois pas d'autres explications que celle-là.
Pierre Cloutier