Les étudiants et les prochaines élections

Aux représentants et porte-parole étudiants

Élection Québec 2012 et le Conflit étudiant

Texte publié dans Le Devoir su samedi 14 juillet 2012 sous le titre "Élections - Le panneau tendu aux étudiants"
Les représentants et porte-parole des associations étudiantes québécoises comprenaient déjà et disent maintenant que la question des droits de scolarité soulève, met en contraste voire en opposition différentes compréhensions de la nature, du fonctionnement de la société et de la démocratie. Aussi veulent-ils cet été rencontrer la population chez elle, où elle se trouve, et parler avec elle afin de se faire mieux comprendre. On ne peut qu’applaudir. Mais en auront-ils le temps? Seulement trois ou quatre semaines pour délibérer sur des conceptions opposées des fondements même de la société… Avant que commence le rattrapage de la session d’hiver… On ne peut qu’être perplexe.
Et dans sept ou huit semaines le peuple québécois ira aux urnes. Que va dire son bulletin de vote? Il est vrai qu’une partie importante de la population comprend et appui l’essentiel de la position étudiante. Mais il est aussi vrai que la majorité des Québécois, jusqu’à tout récemment, du moins selon les sondages, réprouvait leurs réclamations et leurs moyens de pression vis-à-vis l’autorité gouvernementale. La majorité appuyait la manière obstinée et forte du Gouvernement en cette affaire.
M. Charest et son Gouvernement se sont employés à discréditer le carré rouge et ceux qui l’affichaient. Efficacement, il faut le reconnaître. Et voilà bien la fenêtre tant désirée, leur porte d’entrée recherchée pour se présenter en élection ! Un quatrième mandat en perspective. C’est là de quoi saliver en toute aise ! Merci aux étudiants et à leurs providentiels grabuges qui vont faire oublier les ratés et les nébulosités d’une gouvernance impopulaire ! Globalement très impopulaire depuis au moins deux ans. Et ces étudiants, se dit M. Charest, vont encore tout faire à partir de la mi-août pour troubler la reprise des cours, pour emmerder la population, pour narguer encore ma courageuse loi 78, etc. etc. Et le peuple, se dit-il encore, va se lever pour les sanctionner sévèrement, les punir justement là où ça compte vraiment, dans les urnes. Et je l’aurai mon quatrième mandat, se dit encouragé et réconforté le grand Maître.
Représentants et porte-parole étudiants, ne tombez pas dans panneau, n’allez pas mettre le pied dans le piège.
Premièrement, oui, parlez avec la population pendant l’été. Dites-lui comment vous envisagez la société pour demain, pour l’avenir, comment vous êtes avenir. Faites voir au peuple les bienfaits de la transformation que vous proposez. Comprenez et faites comprendre que la démocratie doit toujours être en mode novateur et créatif. Jamais ne doit-elle s’arrêter, se figer. Toujours doit-elle être en alerte. Pas seulement aux temps des élections. Répétez et montrez patiemment que l’humain ne se monnaye pas, ne se vend pas, que l’éducation de la jeunesse n’est pas une marchandise. Vous avez les mots pour le faire. Vos discours et vos écrits en témoignent éloquemment.
Deuxièmement, rentrez en classe à la mi-août et étudiez. Enlevez à M. Charest son principal argument pour la campagne électoral : carré rouge, enfants gâtés, la rue, nuisance publique, intimidation, vandalisme. Donnez-vous et donnez-nous ainsi la chance de reprendre la délibération avec d’autres interlocuteurs, au gouvernement, plus sensibles, plus ouverts à vos et nos idéaux sociaux.
Troisièmement, quelque part en septembre, allez voter, tous, pro-grève et anti-grève, selon les règles en cours de la présente démocratie, si inadéquates soient-elles. En prévoyant au mieux, selon votre lucidité politique, comment se forgera dans la situation présente la majorité des représentants du peuple la plus apte à assumer concrètement, en délibérations ouvertes et en actions, dès le mois de septembre l’essentiel de vos légitimes aspirations. Vous n’aimez pas vous afficher pour un parti politique déterminé. Soit. Rien de plus légitime. Mais votre sens éveillé du politique devrait vous conduire le plus sûrement possible vers l’urne d’un avenir plus éclairé, prometteur et libérateur.


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    14 juillet 2012

    Il serait inoportun de revendiquer la gratuité scolaire en période électorale. Une élection a pour but d'élire un gouvernement et en période électorale aucun ministre ne peut prendre une décision. Pour la population (les voteurs) la décision de la gratuité scolaire sera celle du prochain gouvernement. Il apartient donc aux partis politiques de mettre ce sujet dans son programme s'ils le jugent oportun et à la population de juger.
    Ils ne doivent pas tomber dans le panneau de la confrontation sinon le tapage médiatique qui en résultera fera oublier toutes les autres cochonneries du parti libéral sur lesquelles nous devrons sanctionner ce gouvernement actuel.
    Noel

  • H Bourassa Répondre

    13 juillet 2012

    Correction de mon texte (bâclés à la place de mal bâclés)
    Monsieur Couturier, je suis tout à fait en accord avec vos propos. Je souhaiterais que votre article soit lu par tous les représentants étudiants avant d’entreprendre quelque projet que ce soit.
    Une erreur de stratégie pourrait renforcer les sombres desseins des Libéraux et leur assurer une victoire aux prochaines élections. Tous ceux qui présentement sont avantagés par ce régime de manipulateurs ne pencheront sûrement pas de leur bord. Que dire des régions alléchées par de fausses promesses, des projets électoraux mirobolants,bâclés? Durant cette période électorale, il serait préférable d’oublier leurs revendications et de s’activer à redorer leur blason. En étalant leurs valeurs, leur courage et leur capacité à faire avancer notre société, ils gagneront sûrement plus de sympathisants à leur cause.
    La jeunesse d’aujourd’hui, les étudiants y compris détiennent notre futur entre leurs mains. Appuyons-les dans leurs efforts, ils nous préparent de meilleurs lendemains.

  • H Bourassa Répondre

    13 juillet 2012

    Monsieur Couturier, je suis tout à fait en accord avec vos propos. Je souhaiterais que votre article soit lu par tous les représentants étudiants avant d’entreprendre quelque projet que ce soit.
    Une erreur de stratégie pourrait renforcer les sombres desseins des Libéraux et leur assurer une victoire aux prochaines élections. Tous ceux qui présentement sont avantagés par ce régime ne pencheront sûrement pas de leur bord. Que dire des régions alléchées par de fausses promesses, des projets électoraux mirobolants, mal bâclés? Durant cette période électorale, il serait préférable d’oublier leurs revendications et de s'activer à redorer leur blason. En étalant leurs valeurs, leur courage et leur capacité à faire avancer notre société, ils gagneront sûrement plus de sympathisants à leur cause.
    La jeunesse d’aujourd’hui, les étudiants y compris détiennent notre futur entre leurs mains. Appuyons-les dans leurs efforts, ils nous préparent de meilleurs lendemains.