La dissidence autour du Parti québécois s'organise. Le Nouveau Mouvement pour le Québec (NMQ) a fait sa première sortie publique hier avec la publication d'un manifeste. Le député Jean-Martin Aussant a pour sa part rendu public le nom du parti indépendantiste qu'il veut créer. Il s'appellera Option Québec. Bientôt, ce sera une véritable constellation de partis souverainistes qui, chacun avec un discours différent, chercheront à rallier les Québécois à l'idée d'indépendance.
La division du mouvement souverainiste en divers groupes est porteuse de cacophonie qui sera de plus en plus audible à mesure que cette constellation s'étendra. Chacun ira d'un discours différent, souvent divergent, et de disputes autour du leadership des uns et des autres. L'illustre bien ce manifeste du NMQ qui s'en prend au Parti québécois de Pauline Marois, «un parti usé» qui banalise l'idée d'indépendance avec son concept de gouvernance souverainiste.
Une certaine cacophonie a toujours été présente au sein du Parti québécois. Puisqu'il s'agit d'un parti qui valorise le débat d'idées, il y a toujours eu des affrontements latents entre divers courants. À cette différence que jusqu'ici personne n'osait quitter le navire. La perspective de prendre le pouvoir et d'amorcer un nouveau processus référendaire finissait toujours par souder les uns et les autres. Ce qui est nouveau, c'est que cette fois, des militants et députés non seulement partent, mais ils s'organisent et mettent sur pied des structures militantes concurrentes qui auront une tribune à l'Assemblée nationale avec des droits de parole. La cacophonie s'institutionnalise au sein du mouvement souverainiste.
La chef péquiste minimise l'impact qu'auront sur son parti ces nouveaux concurrents. Elle n'a pas le choix de faire face. Néanmoins, elle ne peut qu'admettre en son for intérieur que leur arrivée divisera forcément le vote souverainiste, qui sera par ailleurs sollicité par cet autre dissident qu'est l'ancien ministre péquiste François Legault. Le danger pour elle serait que peu à peu s'estompe la perspective d'une victoire électorale. Dès lors, la démobilisation des militants s'accélérerait.
Il ressort du discours des dissidents qu'ils ne croient plus en cette victoire. Ils ne veulent plus d'un parti à vocation électorale. C'est ce qu'ils disent en posant qu'il faut se donner un parti de combat voué à la réalisation de l'indépendance, comme l'écrit dans la page Idées le politologue Denis Monière. Illustre bien ce désir de retour aux sources le choix du député Aussant de baptiser son futur parti du nom du manifeste de René Lévesque de 1968. Bref, on entend repartir de zéro.
La démarche de ces dissidents n'est pas sans contradictions. Ce sont eux qui, depuis la défaite référendaire de 1995, s'impatientaient de voir toujours être reporté le prochain rendez-vous. Ils n'en pouvaient plus d'attendre que soient réunies les «conditions gagnantes». Leur démarche contribuera à repousser encore plus loin la tenue d'un prochain référendum. Ils peuvent croire le Parti québécois usé, mais ils s'engagent dans un processus laborieux et stérile, à moins que leur véritable objectif soit d'obtenir le départ de Pauline Marois et la reprise en main du parti. Cela, on l'a déjà vu en 1988, alors que Jacques Parizeau attendait dans les coulisses. Cependant, on ne voit pas qui cette fois serait le leader charismatique pouvant prendre la direction de ce parti.
Souveraineté du Québec
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