C'était ce week-end le congrès estival de l'aile jeunesse du Parti libéral du Québec. Réunis à Sherbrooke, les jeunes libéraux ont rompu avec leur tradition de lancer quelques débats provocateurs. Le premier ministre Jean Charest en était ravi, lui dont le souhait est d'opposer l'unanimité aux divisions des partis d'opposition.
Heureux qui, comme Jean Charest, n'a pas d'ennemis. Il n'a que des adversaires. En politique, les ennemis se trouvent toujours dans son propre camp. En face, ce sont les adversaires, ceux avec qui on se bat à visage découvert, en suivant les règles prescrites par les lois et règlements de l'Assemblée nationale. Lorsque l'adversité vient de l'intérieur, tous les coups sont permis, ce qu'expérimente depuis quelques mois la chef du Parti québécois, Pauline Marois.
Le Parti libéral n'a pas l'habitude des chicanes internes. La vie y est plutôt un long fleuve tranquille. Les débats sont feutrés, quand il y en a. Une exception à cette tradition aura été l'affaire Marc Bellemare. La bataille entre Jean Charest et son ancien ministre de la Justice fut meurtrière. Elle s'est déroulée sous l'oeil des caméras. Tous ont été témoins du sang qui a coulé. Jean Charest en est ressorti meurtri, la confiance des Québécois à son endroit étant fortement altérée. Sa seule consolation est que le dossier est fermé. Tout a été dit. Marc Bellemare ne peut en rajouter.
La contestation ouverte du leadership de Pauline Marois est inespérée pour Jean Charest qui surfe sur les chicanes péquistes. Et en cette matière, il est habile. On a vu comment il a laissé les députés péquistes «s'auto-pelure-de-bananiser» avec le projet de loi privé sur l'amphithéâtre Labeaume. Il aimerait bien que, du côté de l'Action démocratique, on en vienne aussi aux coups. Dimanche, il n'a pas raté l'occasion de lancer quelques piques de ce côté pour alimenter la discorde qui point à propos d'une éventuelle fusion avec le parti que se prépare à lancer l'ancien ministre péquiste François Legault.
La stratégie de l'unanimité qu'oppose le PLQ à ses adversaires est par trop évidente. Il était presque désarmant de voir ce week-end les jeunes libéraux mettre de côté les sujets susceptibles de faire des vagues. Et quand ils s'avancèrent sur le terrain glissant de la Constitution, le premier ministre eut tôt fait de désamorcer la polémique. Oui, comme les jeunes libéraux, il est pour l'inscription de la reconnaissance de la nation québécoise, mais, que voulez-vous, le fruit n'est pas mûr pour des négociations constitutionnelles. Passons à autre chose, leur a-t-il dit, cette autre chose étant l'économie qui n'est porteuse à l'heure actuelle d'aucune controverse.
La force et la faiblesse de Jean Charest sont là. En se cantonnant dans l'économie, il ne prend pas de risques, ou si peu. Même un Bernard Landry reconnaît que le Québec réussit bien. Tout le monde est pour la vertu. Pour tout le reste par contre, Jean Charest n'a pas de vision, ni de projets. Par exemple, sur la question constitutionnelle où le Parti québécois occupé ailleurs lui laisse un bel espace, pas question de bouger. Sept provinces seront en élections cet automne. Ce n'est pas le temps, soutient-il. Oui, mais l'an prochain, elles ne seront plus en élections. Pourquoi ne pas prendre alors l'initiative? La réponse est toujours la même. Pas question de prendre de risques! Jean Charest attend qu'il fasse plus beau demain. À force d'attendre, le Québec, lui, prendra du retard.
Parti libéral du Québec
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