(Photo PC)
André Duchesne - La mort d’un premier soldat de Valcartier, Simon Longtin, survenue dimanche en Afghanistan, a eu un effet immédiat dans l’opinion publique québécoise. Du jour au lendemain, l’opposition au déploiement des militaires de Valcartier dans ce pays a augmenté de plusieurs points.
C’est ce que révèle un sondage CROP réalisé pour le compte de La Presse, du 17 au 20 août, auprès de 601 résidants du Québec. Au cours d’entrevues téléphoniques réalisées les 17 et 18 août, 57 % des répondants disaient désapprouver l’envoi de soldats de Valcartier en Afghanistan. Or, le lendemain et le surlendemain, soit dans les heures suivant la mort du soldat Longtin, cette opposition grimpait à 68 %.
À l’inverse, avant la mort du soldat Longtin, 37 % des Québécois disaient appuyer le déploiement des soldats de Valcartier. Après son décès, seulement 28% d’entre eux affirmaient la même chose.
En dépit d’une marge d’erreur de quatre points de pourcentage sur l’ensemble de l’échantillonnage, cet écart n’est pas négligable, affirme Claude Gauthier, vice-président de CROP. «Lorsque nous avons appris la mort du jeune soldat québécois, nous avons examiné le taux de réponse selon les périodes. Il y a une différence significative», dit-il.
On ne peut être absolument certain que la mort de Simon Longtin a fait une différence, mais pour M. Gauthier, «c’est une hypothèse qu’on ne peut s’empêcher d’exprimer. On a l’impression que les gens se sont raidis à l’annonce de ce décès.»
Le soldat Longtin, 23 ans, est mort dans la nuit du 19 août lorsque le véhicule blindé léger (VBL III) qu’il conduisait a roulé sur un engin explosif improvisé.
«Vos résultats ne me surprennent pas. Je crois que le taux d’appui baissera encore avec le rapatriement du corps et les funérailles du soldat», commente Jack Granatstein, professeur à la retraite de l’Université York de Toronto et grand spécialiste de l’histoire militaire canadienne. «Lorsqu’il a été question du déploiement de Valcartier, je me suis dit qu’à la suite des premiers décès on verrait une des deux choses suivantes : une baisse encore plus marquée des appuis des Québécois ou un ralliement autour du bien-fondé de la mission. Il semble bien que la première réaction ait prévalu.»
Une autre question du sondage portait sur l’appui au déploiement des troupes canadiennes en Afghanistan jusqu’à la fin de la mission, en février 2009. Les 17 et 18 août, 38% des répondants disaient qu’il fallait laisser la mission se poursuivre jusqu’en 2009. Les 19 et 20 août, seulement 25% d’entre eux pensaient la même chose.
Par ailleurs, 64% des personnes se disaient en désaccord partiel ou complet avec la mission militaire canadienne les 17-18 août, comparativement à 67% chez les personnes contactées le 19 ou le 20 août. Ici, l’écart est négligeable, selon M. Gauthier.
«La catastrophe attendue dans l’opinion publique québécoise est déjà chose du passé, croit pour sa part Marc-André Boivin, directeur adjoint du Réseau francophone sur les opérations de paix affilié à l’Université de Montréal. La chute marquée de l’appui date davantage de l’an dernier.» Et cette chute n’est pas unique au Québec. «Les Canadiens anglais ont commencé à se poser des questions lorsqu’on a commencé à rapatrier des corps en 2006», a-t-il ajouté. Bien sûr, le taux d’appui est plus fort, de 10 à 15%, au Canada anglais; mais les courbes des appuis au Québec et dans le reste du pays sont parallèles.
À cet effet, mentionnons que les plus récents sondages pan-canadien indiquaient que la moitié des répondants souhaitaient un rapatriement des troupes avant la fin du mandat de février 2009.
Avant de sauter aux conclusions, il faut être prudent, dit-il. «Une tendance lourde ne se mesure pas avec un sondage mais sur plusieurs mois.»
MM. Boivin et Granatstein partagent l’opinion que la forte couverture médiatique de la mort d’un premier soldat de Valcartier a influencé les répondants.
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