Finances publiques

L’objectif contesté

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Le Devoir donne raison à Jacques Parizeau sur la surdramatisation de l'endettement public


La publication cette semaine dans Le Devoir d’une longue analyse de M. Jacques Parizeau ramène à l’avant-plan la nécessité de réfléchir à la situation financière du Québec. L’ancien premier ministre a raison de rappeler qu’il ne faut pas « surdramatiser » l’endettement du Québec au point d’opérer des coupes sombres dans les services. Mais encore ?

En matière d’endettement public, le Québec n’est pas la Grèce, tant s’en faut ! Malgré cela, les données forcent à la prudence.
S’il est juste d’affirmer comme M. Parizeau qu’à 114 milliards, ou 33 % du PIB, la dette du Québec constituée des déficits cumulés est loin d’être dramatique, elle n’en est pas moins beaucoup plus élevée que celle des autres provinces canadiennes (Ontario : 24 % ; T.-N.-L. : 13 % ; C.-B. : 0).
Mais par-delà ces chiffres, il faut tenir compte du fait que nous payons des intérêts sur la totalité de la dette du secteur public qui est de 246 milliards, ou 71 % du PIB, et non seulement sur la fraction des déficits cumulés, même si une partie est assumée par Hydro-Québec.
Cette année, le gouvernement consacrera 15 % de ses revenus, soit 10 milliards sur 68,6 milliards, aux intérêts. Or, non seulement ce montant est-il appelé à grimper avec la hausse des taux, mais malgré l’atteinte de l’équilibre budgétaire, la croissance de la dette associée aux 92 milliards d’investissements prévus d’ici dix ans dans les infrastructures fera aussi gonfler la part des revenus fiscaux réservée aux intérêts.
La question qui se pose n’est donc pas de savoir si le Québec est en mesure de faire face à ses obligations, mais quelle part des revenus nous sommes prêts à jeter par la fenêtre pour ne pas avoir équilibré revenus et dépenses d’épicerie ?
Si la croissance retrouvait son rythme d’antan de 3 % à 5 % par année, il n’y aurait pas lieu de s’inquiéter. Or, à ce chapitre, le Québec fait face à un autre défi : celui de la démographie.
Avec la baisse du nombre de travailleurs actifs, la croissance économique pourrait ne pas dépasser 2 % par année au moment même où les dépenses en santé explosent, exigeant toujours plus de rigueur.
Faut-il pour autant sabrer l’aide sociale de quelques millions, ce que déplore M. Parizeau ? Non. Mais si le passé est garant de l’avenir, il faut se rendre à l’évidence qu’à l’instant même où le gouvernement renoncerait à équilibrer les livres, il devrait composer avec une multitude de lobbies en quête d’argent frais, sans oublier l’opposition qui n’attend que ça !
Cela dit, M. Parizeau a raison de souligner qu’en respectant son plan de match, ce n’est pas d’équilibre budgétaire dont Québec devrait parler pour 2013-2014, mais d’un excédent d’un milliard de dollars ! Il s’agit, en fait, du milliard inscrit à la dépense pour être déposé au Fonds des générations dans le but de réduire la dette. Il ne s’agit donc pas d’une dépense de programme au sens habituel.
Pour y renoncer, il faudrait modifier la loi qui force à déposer l’argent des redevances sur l’eau et l’électricité dans ce Fonds des générations, ce qui ne va pas de soi pour un gouvernement minoritaire. Et là encore, compte tenu de l’héritage déjà lourd laissé aux prochaines générations, l’arbitrage s’impose entre la réduction progressive de la dette dans un contexte de croissance modeste permanente et l’ajout d’un autre milliard aux dépenses de l’État déjà le plus dépensier du pays.


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