Les dés sont jetés: l'Iran ayant décidé de poursuivre l'enrichissement d'uranium, les membres du Conseil de sécurité augmenté de l'Allemagne (les 5 + 1) vont entamer des discussions consacrées à l'élaboration de sanctions. Le noeud du problème? Les récents bouleversements géopolitiques dans la région interdisent toute rigidité de leur part.
Dans les minutes qui ont suivi l'expiration du délai accordé à l'Iran, les représentants des nations qui siègent au Conseil de sécurité avec l'Allemagne ont fixé la date d'une première rencontre: le 7 septembre. L'ordre du jour? La nature des sanctions qui seront imposées au récalcitrant. Si on se fie aux observations formulées par plus d'un acteur de cette saga, les punitions devraient être plus timides que ce qu'on envisageait lorsqu'on a découvert que Téhéran effectuait des travaux interdits par le Traité de non-prolifération, dont il est un des signataires.
La preuve de cette atténuation obligée de la posture des Six: l'inauguration d'une centrale d'eau lourde par le président iranien Mahmoud Ahmadinejad au début de la semaine. Si ce dernier a nargué les Occidentaux de la manière la plus ostensible qui soit, c'est qu'il est évidemment conscient d'être en position de force avec chacun des Six. Commençons par les États-Unis.
L'échec subi par Israël lors de la campagne libanaise a eu pour conséquence de réduire à néant les ardeurs militaires des faucons de l'administration Bush, le vice-président Dick Cheney au premier chef. En ne parvenant pas à vaincre le Hezbollah, protégé de Téhéran, Israël a fait la preuve, évidemment par défaut, qu'une attaque aérienne contre l'infrastructure nucléaire de l'Iran se solderait par un échec.
Mais la principale raison qui permet aux dirigeants iraniens d'afficher une sérénité certaine en ce qui concerne un recours militaire des États-Unis se trouve à leur frontière. L'Irak étant aux prises avec une guerre civile qu'on se refuse à nommer ainsi, la diminution du contingent américain ne figure pas au programme de la Maison-Blanche. Du moins à court terme. De fait, lorsqu'on prend en compte la géographie militaire, on ne peut que convenir de ceci: le Pentagone ne peut pas s'embarquer dans une autre aventure guerrière.
En ce qui concerne la France, son rôle plus que visible au Liban ne lui permet pas non plus d'user du forceps à l'endroit des ayatollahs. Si Paris se montre intransigeant à leur endroit, il est écrit dans le ciel que ces derniers réagiront avec force par Hezbollah interposé. Bref, la France est en quelque sorte condamnée à se faire discrète.
Pour ce qui est de la Grande-Bretagne, la perte prononcée de crédibilité de Tony Blair auprès des Britanniques ainsi que la volonté claire et nette des barons travaillistes de le sortir du 10 Downing Street au plus vite font en sorte que la marge de manoeuvre de ce pays en la matière est beaucoup plus faible aujourd'hui. À ce propos, le dossier libanais a mis en relief la mollesse actuelle du cabinet Blair en matière diplomatique.
Reste maintenant la Chine et la Russie. On ne répétera jamais assez que l'une et l'autre ayant contracté des liens économiques très étroits avec le régime des ayatollahs, elles militeront pour une attitude beaucoup plus douce que ce que souhaitaient les États-Unis. D'abord, la Russie ne veut pas perdre son statut de principal partenaire commercial de l'Iran. Ensuite, la Chine est trop dépendante du gaz et du pétrole iraniens pour se permettre un coup de force.
Tous ces facteurs confondus, on peut se demander comment on pourra ignorer l'objectif poursuivi par l'Iran par le biais du dossier nucléaire: une négociation directe avec les États-Unis.
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