1) Ai-je le droit de dire que je déteste les religions? Pas au point de tuer, je suis contre la peine de mort, mais dans le sens de ne pas aimer. Toutefois, je reste attaché à certains rituels de mon éducation catholique, comme les fêtes religieuses qui entourent Noël ou le Jour de l'An ou les chants grégoriens de mon enfance. J'aime bien me reposer dans le silence et la fraîcheur d'une église, surtout celles qui ont une histoire impressionnante. Mais ne me parlez pas de chemin de croix, de calvaire, de résurrection, de péché, d'enfer et de paradis après la mort. Par contre, parlez-moi d'amour et de partage, de paix et de responsabilité, d'honnêteté et de respect. Cela n'a rien à voir avec le «vivre ensemble» et l'ouverture à l'autre dont on nous bassine les oreilles depuis dimanche dernier.
Dimanche dernier, je me suis senti comme un Algérien après un attentat commis par un groupe islamiste radical, j'avais mal à mon peuple. Pour moi, on venait de tuer non pas des musulmans mais des frères algériens ou marocains ou tunisiens qui avaient planté leurs racines ici au Québec.
Qui sont ces maghrébins qui sont venus se réfugier chez nous? Je n'ai pas fait une enquête sociologique, mais on sait que plusieurs sont venus dans la foulée des massacres islamistes en Algérie, durant les années 1990. Alors que leur pays était plongé dans une crise économique sans précédent, malgré des revenus du pétrole substantiels, et que la population accusait le gouvernement d'être totalement corrompu, des organisations islamistes armées, dont les sinistres Groupe islamique armé (GIA), ont commencé à opérer pour faire tomber ce gouvernement corrompu qui n'avait plus rien à voir avec les pères de la révolution des années 1960. Ils ont multiplié les attentats de toutes sortes, mais surtout ils s'en sont pris à des villages entiers, où les populations n'étaient pas islamistes. Égorgements, exécutions, viols de femmes et d'enfants. La grande terreur étalée au grand jour. Une tragédie sanglante. L'Algérie, qui hier avait été un modèle pour tous les mouvements de libération dans le monde - Amilcar Cabral, qui mena une guerre de libération nationale contre l'armée portugaise en Guinée-Bissau, ne disait-il pas : «Les chrétiens vont au Vatican, les musulmans à La Mecque et les révolutionnaires à Alger» -, sombrait dans la démence. Les gens voulaient quitter leur pays pour échapper aux massacres et aussi pour trouver un avenir meilleur.
Les Algériens qui sont venus s'installer chez nous n'ont donc rien à voir avec l'islamisme radical qu'ils ont fui. Si certains demeurent fidèles à leur religion, c'est entre autres pour mieux se retrouver entre eux, un peu comme le font les Québécois à Miami, par exemple, tout en s'adaptant du mieux qu'ils peuvent à notre mode de vie. Rien à voir avec d'autres types d'immigrants qui, 25 ans plus tard, ne parlent toujours pas français. Ceux qui s'offusquent du fait que les hommes et les femmes étaient séparés dans ce lieu de culte n'ont qu'à réécouter les propos de «Rambo» Gauthier à propos des femmes qui parlent entre elles de guenille et de linge tandis que les hommes discutent de politique dans une autre pièce. Dans les deux cas, une révolution des mentalités s'impose.
Ce n'est pas de gaité de cœur, croyez-moi, qu'on quitte un pays de chaleur et de soleil, où la mer chaude ne se trouve jamais bien loin, où le vin et le thé sont là pour célébrer l'amitié, et qu'on se lance à l'aventure, avec femme et enfants, pour commencer une nouvelle vie dans un pays comme le Québec qui, même si on peut y vivre en paix, sans crainte d'être massacré à chaque coin de rue, et avec un niveau de vie avantageux, n'offre pas des conditions climatiques aussi idylliques. Parler à un Algérien du pays qu'il a quitté et rapidement les larmes lui viendront aux yeux.
2) La semaine prochaine, je parlerai des politiciens et des médias qui ont profité de l'attentat terroriste perpétré par un jeune illuminé pour se lancer dans une campagne de dénigrement odieuse contre le mouvement indépendantiste en général et pour chanter les vertus du multiculturalisme, sur les corps encore chauds des victimes de cette attaque insensée.
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