Le PQ va mal. Cela fait plus ou moins 20 ans que ce parti vit un lent déclin. Mais à quelques semaines d’une campagne cruciale, ça va plus mal que mal. Jean-François Lisée aussi vit des temps plutôt difficiles.
Lorsqu’on s’est battu pour prendre les rênes du grand parti fondé par René Lévesque, on ne peut que faire des cauchemars en pensant qu’on pourrait être celui qui préside lors de l’élection fatale qui marquera la mise au rancart du parti. Jean-François Lisée pense à cela avant de fermer l’œil la nuit.
Choix difficiles
Jean-François Lisée a des défauts. Mais il est lucide, courageux et extrêmement audacieux. En face d’une hypothèse aussi grave que de voir le PQ perdre son statut de groupe parlementaire reconnu, il a envisagé toutes les options froidement. Plus d’une source me confirme qu’il a songé à quelques moments à céder la place à Véronique Hivon si cela pouvait par miracle éviter le naufrage.
Au fond, le chef Lisée n’avait que deux options. L’esquive consiste à se sacrifier soi-même sur l’autel de la cause. Secouer l’électorat par un geste plus grand que nature. Réveiller les consciences des souverainistes et des péquistes de longue date en leur rappelant que la cause est noble et grande. Du même coup, émouvoir les plus jeunes sceptiques sur la valeur du PQ comme parti de convictions en y allant d’un sacrifice imprévisible.
Cette option comporte deux immenses faiblesses. Véronique Hivon est-elle vraiment intéressée à aller se casser la gueule en entrant aussi tardivement dans la course ? Et Véronique Hivon, débarquée dans l’arène sans préparation, ferait-elle vraiment mieux que Lisée ? Renverserait-elle miraculeusement la tendance lourde d’un parti qui semble en déclin ?
L’exploit !
Le deuxième choix de monsieur Lisée consiste à s’accrocher et espérer que la campagne venue, il fera le Grand Coup. Il n’y a pas de petite annonce de candidatures ni de nouvelles promesses électorales quelconques qui feront bouger l’aiguille des sondages maintenant. La situation est trop sombre.
Mais il y aura des moments de vérité : les débats. Au fond de lui, Jean-François Lisée est convaincu qu’il pourra performer. Dans le cas présent, il faudra tout simplement sortir la balle du stade. Surprendre et faire mal paraître les autres. Marteler des propositions qui touchent les gens dans leur quotidien et rappeler éloquemment la raison d’être du PQ. Et espérer que cela suffise pour franchir la barre de la survie.
Lisée en est capable. Il est un orateur naturel, un maître des mots et un vif d’esprit. Parfois, son côté un peu chien savant peut indisposer, mais à ce point-ci, on s’en fout. Il doit frapper l’imaginaire !
En matière de débat qui assure la survie, le chef du PQ peut trouver un exemple pas très lointain. Avant le Face-à-Face de TVA en 2014, François Legault allait être balayé et il planifiait un retrait de la politique au lendemain de l’élection. Performance éclatante : il sauve sa peau avec 21 sièges. La CAQ repart. Aujourd’hui, les sondages le montre aux portes du pouvoir...