L'éolien entre dans une zone de turbulence économique

Industrie éolienne



Drolet, Anne - L'éolien entre dans une zone de turbulence économique et la décision d'Hydro-Québec d'opter pour une poignée de promoteurs aux reins solides pour ses nouveaux développements ne serait pas étrangère à cette situation, estime le spécialiste de l'énergie éolienne Jean-Louis Chaumel.
La popularité grandissante pour l'énergie éolienne dans le monde entraîne actuellement une pénurie d'éoliennes, fait valoir le professeur et membre du groupe éolien de l'Université du Québec à Rimouski (UQAR). Ajoutez à cela l'explosion du prix de l'acier et la "baisse catastrophique" du dollar américain. En plus, la plupart des nacelles d'éoliennes, la partie la plus coûteuse, viennent d'Europe et sont donc facturées en euros, continue M. Chaumel.
"Tous les ingrédients sont là pour rendre le projet de 2000 mégawatts très difficile", croit-il. Il pense même que, bien qu'Hydro-Québec estime qu'il paiera cette énergie à 10,5 ¢ le kilowattheure, transport et équilibrage inclus, ces prix sont sans doute trop conservateurs. "En pratique, peut-être que les promoteurs ne pourront même pas réaliser ça à ce prix-là."
Et cette situation est là pour rester, assure M. Chaumel. "Hydro le sait très bien et c'est pourquoi il n'a choisi que des grands groupes, extrêmement solides financièrement." Le consortium Saint-Laurent Énergies par exemple, formé par Hydroméga Services, EDF Énergies nouvelles et RES Canada, a raflé 5 projets sur 15.
La porte-parole d'Hydro-Québec, Josée Morin, indique quant à elle que la société d'État a utilisé une grille de critères très précise pour l'appel d'offres, et donc que la conjoncture économique n'est pas en cause.
M. Chaumel estime aussi que le gouvernement provincial et Hydro-Québec ont voulu faire le ménage. "(Hydro) a éliminé tous les groupes qui se sont présentés jusqu'à maintenant dans l'éolien et qui n'ont pas réussi à livrer leur parc éolien ou (qui se sont) mis à dos des populations." Skypower, par exemple, aurait été mis sur le carreau. "Ça va très mal dans l'appel d'offres de 1000 MW. Il y a deux projets qui ne se feront jamais, qui sont en quasi-faillite", avance le professeur. Hydro-Québec aurait donc essayé de mettre toutes les chances de son côté pour s'assurer que les projets sélectionnés voient le jour, conclut l'analyste.
De son côté, Hydro-Québec admet qu'il y a eu quelques retards, mais affirme que les projets ne sont en rien compromis. "Pour nous, tout suit son cours et on s'attend à ce que les contrats soient respectés", termine Josée Morin.


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