La course aux courants d'air

Db3c4f74b69b7f8464890b28ebd3c3ad

Industrie éolienne


Si j'installe une génératrice de 1 mégawatt dans une rivière du Québec, je pourrai utiliser ce mégawatt à la Saint-Jean, aussi bien qu'à Noël ou à Pâques. C'est du solide. Mais si j'installe une éolienne de 1 mégawatt, j'obtiendrai 1 mégawatt: 1- s'il vente ce jour-là 2- si le vent n'est pas trop fort 3- s'il ne fait pas trop froid. C'est bien connu.

Quand on me vend une éolienne de 1 mégawatt, ou du moins ce que les médias rapportent comme étant 1 mégawatt, est-ce un mégawatt réel ou bien le mégawatt indiqué sur la génératrice?
La seule société à avoir exploité commercialement un champ d'éoliennes au Québec (Axor, en Gaspésie) a arrêté son exploitation car elle n'était pas rentable. Le facteur d'utilisation était de 14% seulement. Autrement dit, une éolienne de 1 mégawatt produisait dans les faits 140 kilowatts sur une année (sept fois moins que prévu). Cela avait fait la une de La Presse, il y a environ quatre ans.
Un article publié il y a un mois dans Science et Vie rapporte par ailleurs un facteur d'utilisation pour les pays européens de 18%. Donc, une éolienne de 1 mégawatt produit en réalité moins du cinquième de l'énergie promise.
Les «concepteurs» du projet éolien au Québec ont prévu un facteur d'utilisation de 41%, soit plus du double de ce que les Européens obtiennent. Cela ressemble à de l'irresponsabilité. Alors 1 mégawatt éolien, ça vaut 140kw, 200kw?
Les politiciens et les hommes d'affaires ont flairé le vent, et il est du côté de l'éolien - pour l'instant. Quand on verra les chiffres réels dans quelques années, l'éolien se sera envolé, mais d'autres politiciens auront d'autres courants d'air pour les supporter.
(Archives La Presse)

Paul Lavallée
L'auteur est physicien et professeur à la retraite de l'UQAM.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé