RT présente : Patrick L Young, un expert des marchés financiers dans plusieurs disciplines, a commenté la situation financière de la Grèce.
Dans une époque d’illettrisme économique des gouvernements, le dernier exemple de la «méthode Coué» de la caste gouvernementale européenne a conduit à une satisfaction politique ignorant les réalités économiques et permettant à des politiciens dont les programmes sont voués à l’échec de bêler leur victoire.
C’est de la friandise de février qu’il s’agit. La troïka et les canailles du gouvernement grec se sont mis d’accord pour lancer une bouée de sauvetage à la Grèce mais rien de tangible pour résoudre la crise, et les Allemands comme les Grecs crient victoire. En fin de compte, ce sont les citoyens européens qui ont une nouvelle fois perdu. Une approche doctrinaire démente partagée par toutes les parties a mis en évidence le spectre ridicule de la politique politicienne. Et pendant ce temps, l’Europe s’enfonce dans sa décennie perdue.
En fin de compte, la Grèce a dû reconnaître que ses fondamentaux économiques étaient tout simplement affreux. Après la victoire de Syriza qui applique la stratégie de gauche qui a récemment appauvri le Vénézuéla – et qui n’a jamais marché dans l’histoire – l’argent quitte la Grèce. Depuis les élections de janvier, près d’un milliard d’euros a quitté le pays. Sans la conclusion de l’accord du 20 février, les banques grecques auraient fait faillite en l’espace de quelques jours.
Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schauble a ainsi vite proclamé la victoire, avec des remarques destinées exclusivement à un auditoire domestique. Les électeurs allemands sont fatigués de soutenir le système grec corrompu et inefficace qui feint d’être une démocratie moderne (la question de savoir si Syriza peut le réformer est extrêmement fascinante mais je ne m’y attarderai pas).
L’accord pourrait encore échouer, en fonction des propositions que la Grèce va mettre sur la table concernant les coupes budgétaires de ces quatre prochains mois. En tous cas, la notion même de contrainte budgétaire va à l’encontre du noyau du programme politique de Syriza.
Cet accord ne servira donc guère plus qu’un sparadrap sur une plaie purulente. Une vraie solution du problème a été remise à plus tard, démontrant l’incapacité de l’UE à résoudre ses problèmes. Au final, il doit être clair que même si elles sont gérées de manière cohérente (c’est la moindre des choses !), les énormes dettes de la Grèce ne pourront vraisemblablement pas être remboursées par la population grecque. Mais Syriza a insisté pour faire sa campagne électorale sur de l’infantilisme économique, laissant croire que les Grecs pourraient garder le beurre et l’argent du beurre – ou au moins garder les dettes et l’euro. C’est intenable, même si la Grèce se rétablit après sa grande dépression (l’économie reste toujours inférieure de 25% à ce qu’elle était avant la crise). Le pays reste devant une double alternative pas très agréable : d’un côté, le choc rapide et abrupt de la sortie de la zone euro, qui implique un défaut de paiement sur la dette… Ce qui devrait toutefois garantir au moins une possibilité de croissance avec une monnaie dévaluée ; de l’autre, le chemin que Syriza a apparemment choisi, la notion illusoire que la Grèce peut se rétablir même dans cette camisole de force d’un euro qui tend à renchérir, et par conséquent limiter, les possibilités d’exportation.
L’illusion n’est pas seulement constante chez Syriza. L’appareil de l’UE maintient aussi une prétention ridicule, voire profondément cynique, de soutenir la Bête de Bruxelles aux dépens du bien-être des citoyens de l’Union. Des masses de chômeurs méditerranéens sont jetés en pâture à cette décennie, voir cette génération perdue. L’euro reste une expérimentation profondément déficiente qui n’est pas capable de fonctionner sans une union politique à laquelle les citoyens de l’UE ne consentiront pas.
Par conséquent, nous assistons à un échec misérable alors que toutes les parties ont pris la pose et fait des projets en cédant au rejet continu de la réalité économique.
Chaque matin, nous sommes un jour plus près du dénouement de l’euro. Compte tenu du deni de réalité qui anime la zone euro, un processus logique de démantèlement est peu probable, ce qui implique le dernier acte qui comprendra un bouleversement très brutal avec des risques de dégâts économiques encore plus graves. Dans le même temps, le peuple grec ne profite d’aucun avantage, engoncé dans la camisole de force de l’euro qui étrangle son industrie et crée des milliers de sans-emploi. Une instabilité perpétuelle sera inhérente à la zone euro jusqu’à la fin de ce projet. Des affirmations ridicules que les problèmes ont été résolus il y a quelques années se sont avérées encore une faute due à la «méthode Coué». Nous avons encore quatre mois pour contempler le déraillement du train de l’euro.
Tôt ou tard, la Grèce devra faire face à ses dettes et à la nécessité de sortir de la zone euro en annonçant un défaut de paiement sur sa dette. Quelques semaines après les élections, les promesses de Syriza de recréer un paradis grec se sont effacées devant la preuve claire que les accords entre le gouvernement grec et l’UE n’ont fait que remettre à plus tard l’entrée de la Grèce au purgatoire. Le futur cataclysme reste l’issue la plus probable si tous les politiciens restent prisonniers de leurs illusions.
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