Au cours de l'année 2019, les électeurs albertains décideront si le Nouveau Parti démocratique (NPD) de Rachel Notley mérite un deuxième mandat, mais s'ils choisissent au contraire de le congédier, le NPD serait le premier parti de l'histoire de la province à n'être élu qu'une seule fois.
«Je sais que l'opposition veut se réjouir de ce qu'elle espère être une défaite, mais nous avons réalisé plus de progrès pour construire un oléoduc vers les côtes que n'importe quel gouvernement dans les 70 dernières années», a déclaré la première ministre dans une entrevue de fin d'année avec La Presse canadienne.
Mme Notley convoquera les électeurs aux urnes après une année par les débats passionnés sur l'expansion de l'oléoduc Trans Mountain. Le projet, qui a reçu le feu vert du gouvernement il y a deux ans, triplerait la quantité de pétrole acheminée vers les côtes de la Colombie-Britannique, puis vers des marchés étrangers où il pourrait se vendre à meilleur prix.
La première ministre, qui doit affronter les contestations judiciaires et l'opposition du gouvernement britanno-colombien, avait ravivé le projet lorsque le promoteur de l'oléoduc a commencé à se demander s'il allait vraiment être construit. Elle a encouragé le gouvernement fédéral à acheter l'oléoduc pour la somme de 4,5 milliards $.
La première ministre a eu peu de temps pour célébrer, puisque la Cour d'appel fédérale a décidé qu'Ottawa n'avait pas correctement consulté les Premières nations, ni examiné les conséquences sur la vie marine.
Le projet est en suspens jusqu'à ce que ces lacunes soient corrigées.
«(La décision du tribunal) signifie que le projet a été ralenti, mais il est toujours en vie et je pense que cela va se faire», a déclaré la première ministre Notley.
L'oléoduc est devenu un symbole des difficultés de l'Alberta à trouver de nouveaux marchés, mais aussi à rebondir d'un ralentissement du secteur pétrolier.
Des manifestations en faveur des oléoducs ont eu lieu dans les dernières semaines et certains ont même évoqué la possibilité que l'Alberta se sépare du Canada
Rachel Notley s'en est notamment prise au premier ministre du Québec, François Legault, qui avait qualifié le pétrole de l'Alberta «d'énergie sale». Elle a aussi joint sa voix à ses adversaires, qui jugent que le premier ministre canadien Justin Trudeau a échoué à soutenir l'une des facettes principales de l'économie canadienne.
Les partis déjà à l'attaque
Les analystes politiques et de récents sondages suggèrent que Rachel Notley demeure populaire. Mais Jason Kenney et son Parti conservateur uni comptent bien tirer leur épingle du jeu lorsque les élections auront lieu en mars, avril ou mai prochain.
Jason Kenney estime que Mme Notley est responsable de son propre malheur en ayant participé à la taxe sur le carbone et en travaillant avec Justin Trudeau, qui selon lui rend plus difficile l'approbation de grands projets énergétiques.
«Je peux peut-être comprendre pourquoi ils ont essayé de le faire (de travailler avec Trudeau), mais cela a été un échec complet», a-t-il déploré en entrevue.
«Même la première ministre semble reconnaître cela par son changement de ton. C'est trop peu, trop tard.»
Jason Kenney a adopté une approche plus combative et a promis de contester la tarification sur le carbone du gouvernement fédéral devant les tribunaux.
Les sondages et les observateurs politiques croient que les enjeux de l'élection seront l'économie et les emplois.
«Si nous avions une élection aujourd'hui, nous aurions une majorité écrasante des conservateurs», a indiqué la sondeuse de Calgary Janet Brown.
«Les Albertains sont concentrés uniquement sur l'économie et sur ce qui est nécessaire pour que l'économie bouge. À ce moment-ci, ils croient que Jason Kenney et le Parti conservateur uni seraient les plus compétents pour gérer cela», a-t-elle ajouté.
Le NPD a déjà commencé à attaquer ses adversaires en signalant qu'un gouvernement Kenney comprimerait les budgets des ministères et menacerait les gains durement acquis par les femmes et la communauté LGBTQ.