L’école participe encore au maintien des inégalités des sexes, selon le Conseil du statut de la femme. Pour y remédier, l’organisme demande à Québec de réviser les programmes d’histoire et de modifier considérablement le cours d’éthique et culture religieuse.
Quarante ans après avoir fait le même exercice, en 1976, le Conseil du statut de la femme se penche à nouveau sur l’égalité des sexes en milieu scolaire, en examinant les programmes enseignés et en sondant les pratiques et croyances des enseignants.
Du progrès a été fait au cours des dernières décennies, mais il reste encore du travail à faire, selon le Conseil qui rappelle l’importance jouée par l’école à ce chapitre. «L’école est vraiment centrale», lance Hélène Charron, directrice de la recherche et de l’analyse au Conseil du statut de la femme.
Dans les programmes d’histoire, peu de contenu est consacré à l’inégalité des sexes et les femmes en général, souligne le Conseil, qui recommande une révision des contenus afin d’y inclure davantage de notions concernant le genre et les femmes.
Quant au cours d’éthique et de culture religieuse, on retrouve «assez peu» d’éléments liés à l’égalité des sexes et «rien ne remet en question les pratiques sexistes existant au sein des religions», peut-on lire dans le rapport.
Par ailleurs, «les sections sur l’éthique ne permettent pas plus de comprendre les inégalités entre les hommes et les femmes», ajoute le Conseil. Au contraire, «plusieurs éléments posent problème», ce qui a pour conséquence de «renvoyer les inégalités au passé ou à des sociétés étrangères et de les faire résulter de différences individuelles, parfois au point de les banaliser».
Le Conseil recommande une réforme complète de ce programme, en intégrant la dimension religieuse au programme d’histoire. Le cours d’éthique devrait de son côté intégrer l’éducation à l’égalité, à la citoyenneté et à la sexualité du début du primaire à la fin du secondaire.
Pratiques et croyances des enseignants
Le Conseil a par ailleurs sondé 400 enseignants sur leurs conceptions des différences entre les sexes, grâce à un questionnaire rempli en ligne. La majorité des enseignants qui y ont participé ont des attentes différentes envers les élèves selon leur sexe, malgré leur certitude d’agir de façon neutre. Par exemple, 81% des enseignants et 62% des enseignantes s’attendent à ce que les filles réussissent mieux en français.
De manière générale, «le personnel a peu conscience des inégalités entre les sexes», ajoute la présidente du Conseil, Eva Ottawa, qui estime que cette attitude freine la mise en place d’actions concrètes pour lutter contre cette réalité dans les écoles.
C’est pourquoi le Conseil recommande «d’encourager fortement» les facultés d’éducation des universités québécoises à inclure un cours obligatoire sur l’inégalité de sexe et l’éducation à l’égalité dans la formation des futurs enseignants.
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