2018 fut l’année des Franco-Ontariens. Personne ne l’avait vu venir. Pendant qu’au Québec, le mouvement souverainiste poursuivait sa lente agonie, l’éveil politique des Franco-Ontariens fut soudain et puissant. Sa bougie d’allumage portait le nom de Doug Ford.
Le nouveau premier ministre de l’Ontario, populiste ultraconservateur, francophobe impénitent et unilingue anglophone, s’en est pris à la minorité franco-ontarienne. D’une main, il faisait disparaître le poste de commissaire aux services en français. De l’autre, il tuait le projet déjà avancé d’une université de langue française.
Au Québec, on croyait pourtant les Franco-Ontariens au bord du trépas collectif. Leur réaction courroucée nous a tous confondus. Des plus jeunes aux plus vieux, ils ont crié leur dégoût, ont manifesté jusque devant leurs écoles secondaires et brandi la menace d’un recours devant les tribunaux.
Miettes
Ils ont exigé de Doug Ford qu’il recule. Égal à lui-même, il n’a cédé que des miettes. Au milieu de la crise, une voix s’est élevée. Celle d’Amanda Simard, jeune députée au gouvernement Ford et adjointe parlementaire de Caroline Mulroney, la ministre déléguée aux Affaires francophones.
Contrairement à celle-ci, Mme Simard a refusé de courber l’échine. Elle s’est portée à la défense des communautés franco-ontariennes. Au péril de sa carrière, elle a quitté le gouvernement pour siéger comme indépendante. À juste raison, elle a sonné l’alarme.
Rappelons ici la réalité brutale. L’assimilation à l’anglais menace toujours les Franco-Ontariens. Selon le recensement de 2016, sur 13,3 millions d’Ontariens, 527 598 ont le français comme langue maternelle (4 %). Mais seulement 309 515 d’entre eux parlent encore le français à la maison (2,3 %).
Le véritable drame se cache dans ce dernier chiffre. Comme je le rappelais cet automne, nous sommes donc très loin des 600 000 Franco-Ontariens dont on parle souvent à tort dans les médias québécois. D’où l’urgence d’agir.
Les Franco-Ontariens font déjà tout ce qu’ils peuvent. Les premiers concernés, c’est à eux que le gros du combat incombe. Il appartient cependant aussi au gouvernement canadien. Ses moyens financiers et politiques sont nettement supérieurs à ceux de la fragile francophonie ontarienne.
Rendez-vous
Quant aux Québécois, ne soyons pas en reste. Les Franco-Ontariens sont nos voisins, mais ils sont surtout nos alliés dans la défense du français contre la puissance d’assimilation de l’anglais.
Il est vrai que pendant longtemps, les gouvernements fédéraux ont instrumentalisé les organisations franco-canadiennes dans leur combat contre le souverainisme au Québec. Il est aussi vrai qu’elles ont été nombreuses à le faire avec acharnement.
Or, dans la mesure où elles dépendaient des subventions fédérales pour leur survie – ce qu’on savait fort bien à Ottawa –, en avaient-elles vraiment le choix ? Dans un tel contexte, la rancune ou l’indifférence ne sont plus de mise. Face à Doug Ford et à une francophobie qui refuse de mourir, nos amis franco-ontariens ont besoin de nous et du nouveau gouvernement Legault. En 2019, assurons-nous d’être au rendez-vous. C’est une question de solidarité et de justice.