En 2018, l’appétit évident des Québécois pour un changement de gouvernement débouchera-t-il sur la défaite des libéraux ? Comme disent les Anglais, that is the question. Dans les faits, tous les indices y sont.
Plus de 70 % des francophones sont insatisfaits du gouvernement Couillard. Après trois ans d’austérité qui lui ont permis d’engranger de gros surplus, même sa distribution cynique de baisses d’impôt ne trompe personne.
Et le « changement » ? Depuis des mois, la CAQ de François Legault mène dans les sondages. Quant au Parti québécois, ses appuis ont fondu. Sur son flanc gauche, Québec solidaire est aussi un adversaire dont l’objectif est de croître aux dépens du PQ.
Voilà pour le portrait. Du moins, pour le moment. Les campagnes électorales étant devenues des boîtes à surprises, gare aux prédictions trop hâtives pour le scrutin du 1er octobre prochain.
Seule certitude
La seule certitude est que le thème classique du « changement » est dans l’air. La CAQ en sort favorisée. Or, paradoxalement, elle n’a rien de « nouveau » en soi. Après tout, la CAQ est issue des cendres de l’ADQ, est menée par un chef ex-ministre du PQ et fut cofondée par un ex-recruteur libéral. Comme quoi, le « changement » tient parfois de la pensée magique.
Hormis la question identitaire, le PLQ et la CAQ sont aussi des vases communicants sur le plan des idées. Dans un tel contexte, que la quête du « changement » bénéficie autant à la CAQ témoigne surtout de l’échec du PQ à s’imposer comme la vraie solution de rechange aux libéraux.
C’est pourquoi le chef péquiste Jean-François Lisée jouera le va-tout de son parti. Pour ce faire, il mise sur des propositions anti-austérité capables, dit-il, de répondre aux besoins du vrai monde. Pendant que la CAQ se cherche un « nouveau » programme, celui du PQ est en effet le plus apte à renforcer des services publics malmenés. Mais cela sera-t-il suffisant ?
L’annus horribilis de Jean-François Lisée
Après son annus horribilis de 2017, M. Lisée jure que le PQ remontera la pente et rappelle que d’autres chefs, dont Justin Trudeau, sont revenus de loin pour prendre le pouvoir. Au PQ, le problème est toutefois d’une autre nature.
Comment se distinguer de la CAQ quand il s’est lui-même dépourvu de son ADN politique en mettant de côté son option souverainiste ? Résultat : au lieu de souder ce qu’il reste de sa base traditionnelle, le PQ l’a encouragée à butiner ailleurs.
Si le PLQ perdait le pouvoir après 15 ans, personne ne tomberait des nues. Au PQ, après un aussi long séjour à l’opposition, sauf pour 18 mois, les conséquences seraient autrement plus graves. Elles le seraient parce qu’au-delà du destin d’un parti, c’est l’option souverainiste elle-même qui en sortirait encore plus minée.
C’est pourquoi le chef du Parti québécois sait qu’il n’aura pas droit à l’erreur. Un fardeau lourd à porter. Ses troupes devront espérer que sa prédiction d’une CAQ friable en 2018 se réalise le soir du 1er octobre.