Ottawa -- Si le chef libéral Stéphane Dion était à la tête du Canada, il signerait un nouveau traité pour combattre les changements climatiques, et ce, même si la Chine, l'Inde et les États-Unis refusent d'en faire autant. Selon M. Dion, le Canada doit montrer l'exemple et ne pas attendre de voir ce que les autres pays vont faire avant de s'engager dans la phase II du protocole de Kyoto. Une position contraire à celle du gouvernement Harper.
Assis dans son grand bureau de la colline parlementaire hier, Stéphane Dion a fait le point avec Le Devoir sur sa position en matière de changement climatique. Le chef libéral se rendra d'ailleurs par ses propres moyens à Bali, en Indonésie, pour participer aux négociations sur la phase II de Kyoto, qui aura lieu du 3 au 14 décembre. «J'ai eu l'honneur de présider la conférence de Montréal sur le climat en décembre 2005 et j'ai noué énormément de contacts. Je vais tout faire pour que Bali soit un progrès. Je vais pousser dans le dos pour que la phase II de Kyoto, qui doit commencer bientôt, en 2013, soit sur les rails», dit-il.
Stéphane Dion n'a toutefois pas l'intention d'utiliser cette tribune internationale pour critiquer sans arrêt le gouvernement Harper. «Je ne vais pas jouer au gouvernement parallèle. J'ai un profond désaccord avec le gouvernement conservateur, mais je n'ai pas besoin de l'exposer continuellement. Quand je vais parler, les gens vont voir rapidement le contraste avec le gouvernement actuel», dit-il, ajoutant qu'il ne va pas non plus agir en «négociateur». «Ce n'est pas mon rôle, mais je veux multiplier les rencontres pour pousser à la roue.»
Le premier ministre Stephen Harper a déjà signifié son intention de ne pas ratifier de nouvelle entente sur les changements climatiques si les États-Unis, la Chine et l'Inde n'ont pas de cibles contraignantes de réduction des gaz à effet de serre (GES). Ne pas inclure ces pays a d'ailleurs été «l'erreur» du protocole de Kyoto, a dit M. Harper la semaine dernière.
Stéphane Dion affirme lui aussi qu'il faut «embarquer» les grands émetteurs de gaz à effet de serre dans la phase II de Kyoto actuellement en négociations, mais il critique fortement l'approche du gouvernement Harper.
«Le désaccord n'est pas là-dessus, dit-il. Oui, on veut que tout le monde prenne des cibles obligatoires. Mais je suis en désaccord quand le premier ministre dit aux autres pays: "Si vous ne prenez pas de cibles, je n'en prends pas." Avec une telle attitude, ça se termine là et rien n'est possible. Si au contraire le Canada dit: "Je prends l'engagement de prendre des cibles de réduction des GES pour renforcer mon économie, faites aussi votre part", c'est davantage une recette pour le succès. Ce n'est pas certain que ça va fonctionner, mais au moins, ça ne va pas échouer à coup sûr.»
Stéphane Dion affirme que le Canada, sous son règne, adopterait des cibles contraignantes de réduction des GES peu importe l'intention de certains pays plus récalcitrants. «Le Canada doit faire sa part et s'assurer d'être le plus inclusif possible. Il faut dire: "On fera partie de ce traité, alors venez aussi."»
Traité ou non, le Canada doit réduire ses émissions de GES pour le bien de son économie et des générations futures, dit Stéphane Dion, qui reconnaît que le gouvernement libéral précédent aurait dû en faire plus dans ce domaine. «Le Canada doit, quelles que soient les circonstances, transformer son économie pour qu'elle soit moins dépendante des énergies fossiles. C'est très important sur les plans environnemental et économique.»
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