Dans un article du 11 juillet, le journaliste Marc Allard, du Soleil, nous apprend que «Deux militants antiguerre pourront de nouveau manifester». M. Allard rapporte que, selon Denis Barrette, avocat et membre de la Ligue des droits et libertés, la police de Québec s'est rendu compte que l'interdiction de manifester était «une condition abusive et inconstitutionnelle» pour une jeune femme ayant tenté d'empêcher un policier de procéder à l'arrestation d'un manifestant le 3 juillet, à Québec.
Toutefois, dans le même article, le journaliste Mac Allard reste muet quant aux trois militants indépendantistes québécois qui se sont vu imposer, eux aussi, une interdiction de manifester. Il omet d'indiquer que, dans le cas de ces militants, l'interdiction de manifester a été maintenue. Pourtant, dans un article précédent, M. Allard avait associé le cas des militants indépendantistes à ceux des militants antiguerre. Aurait-il oublié les militants indépendantistes? Le Soleil serait-il devenu sélectif dans sa couverture du dossier?
Les trois militants indépendantistes sont accusés d'avoir fait des graffitis à Québec, une infraction mineure qui donne habituellement lieu à une simple amende, mais pour laquelle, dans ce cas précis, la police de Québec a décidé d'agir avec une sévérité inusitée. En plus de devoir s'abstenir de manifester, les militants se sont vu interdire toute participation aux activités et aux réunions du Réseau de résistance du Québécois, un groupe d'action politique qui n'a jamais été accusé d'actes illégaux.
Lors de leur arrestation, le 25 juin, les militants indépendantistes ont été emmenés en prison, où ils ont passé la nuit, puis, lorsqu'est venu le temps de comparaitre devant le juge pour une audience préliminaire, on leur a posé des entraves aux poignets et aux chevilles, ce qui est encore une fois un traitement exagéré envers des personnes qui ne constituent pas un danger pour la population, qui n'ont aucun antécédent judiciaire et qui sont accusées d'un méfait sans violence. C'est une affaire qui ressemble étrangement à de l'intimidation policière contre des opposants politiques du pouvoir fédéral et de ses serviteurs à la mairie de Québec.
À la mi-mai, le ministre Lawrence Cannon avait déclaré que «la véritable et la plus grande menace à la sécurité du Canada est la séparation que propose le Bloc québécois». Aujourd'hui, Le Soleil est muet sur le sort de manifestants indépendantistes victimes de mesures policières et judiciaires excessives, y compris le maintien de conditions ayant pourtant été levées dans le cas des manifestants antiguerre.
S'agit-il du commencement d'une autre escalade des moyens de répression fédérale contre le mouvement indépendantiste québécois?
Bernard Desgagné
Gatineau
Interdiction de manifester: <i>quid</i> des militants indépendantistes?
S'agit-il du commencement d'une autre escalade des moyens de répression fédérale contre le mouvement indépendantiste québécois?
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
18 juillet 2008Le dégoût et le mépris que m’inspire l’histoire du Québec qui s’écrit en ce moment même est difficilement exprimable sans me peinturer dans le coin des 2, 3, 4, 5% des citoyens qui assistent éberlués à la victoire totale et écrasante de Mindfuck Inc. sur la psyché de ce qui reste de ce qui a autrefois permis à la population du Québec de se percevoir comme une société distincte.
Comme les guignols de l’Institut Fraser se plaisaient à nous le rappeler via ses acolytes de la Presse Canadienne et LaPresseAffaires.com : "Le Québec possède un des niveaux de liberté économique les plus bas en Amérique du Nord, se classant 59e selon une nouvelle étude de l'Institut Fraser. Seule l'Île-du-Prince-Edouard affiche un pire score. "
Retentissant silence...
Ce qui se passe en ce moment à Québec n’est que la cerise sur le proverbial sundae de l’asservissement complet du Québec au Canada qui n’est lui-même plus qu’une succursale/franchise américaine avec Harpeur qui n’en finit plus de contorsions pour s’enfouir le nez le plus profondément possible dans le derrière de ses maîtres et des nôtres par procuration.
Quand l'insignifiance médiatique remplace l'éducation comme moteur de la culture voilà ce que l’on récolte…
On pardonne à un enfant d'avoir peur du noir, la vrai tragédie c'est quand un adulte a peur de la lumière. - Platon
Je laisse la parole à d’autres qui ont encore le cœur à défendre ce qui reste du système nerveux décervelé de la nation qui est encore malgré elle secouée des spasmes… "qui accompagnent l’agonie insensée d’un organisme bâti pour vivre." –René Lévesque
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Parade militaire du 400e anniversaire de Québec - Une illusion meurtrière
Le Devoir, édition du mercredi 16 juillet 2008
Francis Dupuis-Déri, Professeur de science politique à l'UQAM et auteur de L'Éthique du vampire: de la guerre en Afghanistan et quelques horreurs du temps présent (Lux, 2007).
La ville de Québec s'identifie fortement à la chose militaire, par son architecture et son urbanisme, ainsi que par ses activités «culturelles». Depuis le printemps, il y a eu un Rendez-vous naval dont les navires de guerre ont été présentés comme des «merveilles flottantes». Puis un Festival aérien dont les avions de guerre ont bruyamment survolé la ville. Quand des activistes se présentent à ces événements, armés d'une simple bannière pour dénoncer la guerre, les autorités leur demandent souvent de «circuler» et de «quitter les lieux».
À la mi-juin, la mairie de Québec a organisé une cérémonie en l'honneur des soldats québécois morts en Afghanistan. Alors en vacances dans le Vieux-Québec, je me suis mêlé aux curieux sur le trottoir, intrigué par la haie d'honneur de soldats devant l'hôtel de ville. J'ai crié quelques slogans contre la guerre, alors que le maire de Québec Régis Labeaume recevait des officiers supérieurs de l'armée à leur descente de limousines. Des militaires sont venus me dire de «circuler» et le maire lui-même s'est approché de moi pour me demander de quitter les lieux. Le lendemain, le maire me traitait de «minable» dans les journaux, ironisant sur le fait que je n'irai jamais à la guerre (et lui?). Il précisait toutefois qu'il n'était pas «pour la guerre», ce qu'il a répété le 1er juillet, à bord du navire de guerre Ville de Québec, sur lequel il voguait de La Malbaie à Québec.
Célébrer l'armée ou la guerre?
Depuis des années, politiciens fédéraux, provinciaux et -- maintenant -- municipaux répètent qu'on peut appuyer «nos» troupes sans être pour la guerre. Est-ce si vrai? À l'occasion du 400e anniversaire de la ville de Québec, le chat est sorti du sac. Devant des représentants du Royal 22e Régiment, le maire Labeaume a déclaré (hué par des protestataires): «En Afghanistan, ils ont décidé de fermer les écoles, de museler les femmes, de détruire le patrimoine. [...] Je veux dire à tous les Québécois et les Québécoises, à tous nos concitoyens, soyez fiers de vos troupes.»
Le maire Labeaume n'est donc pas contre la guerre. Il se comporte plutôt comme un petit garçon, fétichiste de la chose militaire et qui court visiter les bateaux de guerre et serrer les mains de soldats. En se mettant en spectacle ainsi avec l'armée, le politicien se fait du capital politique, mais il fait aussi la promotion de la guerre, il la rend sympathique, attirante. À l'occasion, il avoue même explicitement être pour une guerre, celle que «nos» soldats mènent en Afghanistan. [...]
Manifestation antimilitariste
En plus des soldats rassemblés devant l'hôtel de ville, tôt le matin, des milliers de soldats ont défilé en fin de matinée dans les rues de Québec, certains fusil à l'épaule. Ils étaient précédés de figurants déguisés en soldats d'époque, de la Nouvelle-France à la guerre de Corée. Ce 400e anniversaire offrait donc une nouvelle occasion pour des activités militaires, où les morts ne sont jamais représentés. Pas de figurants pour représenter les Amérindiens tués par les fusiliers du roi de France, ni les Canadiens tués par les soldats britanniques lors de la Conquête, ni les Patriotes républicains du Haut et du Bas-Canada massacrés par l'armée anglaise dans leur rébellion, ni bien sûr les Afghanes et les Afghans tués par les soldats canadiens.
Nous avons été environ 500 personnes à manifester pour dénoncer cette parade militaire, en réponse à l'appel de la coalition Guerre à la guerre (http://www.guerrealaguerre.resist.ca). Des sympathisants de l'armée criaient «Vive l'armée!» et «Allez les boys!». Avec les policiers, ils nous ont traité de «pouilleux», nous ont dit «trouve-toi une job!», nous ont bousculés, cognés dans le dos, griffés au visage.
Pour notre part, nous avons lancé des slogans rappelant que la guerre assassine, qu'elle terrorise, qu'il faut qu'elle cesse. Des milliers de tracts ont été distribués, expliquant brièvement notre analyse critique de la guerre. Bref, nous avons essayé de sensibiliser la population à cet enjeu qui n'a rien d'un jeu d'enfant. On nous a répondu que les soldats ne font que leur devoir, oubliant que les soldats sont aujourd'hui volontaires.
On nous a dit que c'est grâce aux soldats si nous avons le droit de manifester, oubliant les dizaines d'occasions où la troupe a été appelée pour mater des manifestations au Canada, des grèves au XIXe siècle au soulèvement autochtone de la crise d'Oka, en passant par la Crise d'octobre de 1970. Et c'est à Québec même, il y a 90 ans, que l'armée mitraillait une manifestation contre la conscription, tuant quatre personnes et en blessant des dizaines d'autres.
De Québec à Kandahar
Il n'y a pas de solution miracle aux problèmes d'un pays comme l'Afghanistan, en guerre civile depuis 30 ans. Les Soviétiques, invités en 1979 par le gouvernement de Kaboul, prétendaient construire des écoles, creuser des puits, émanciper les femmes... Ils ont piteusement retiré leur 120 000 soldats en 1989, vaincus par les rebelles qu'on appelait alors les «combattants de la liberté».
Aujourd'hui, «nos» soldats y cassent du «taliban». Est-ce plus glorieux? L'Organisation des Nations unies (ONU) a rendu public, la veille même des fêtes du 400e, un rapport indiquant que la situation humanitaire ne cesse de se dégrader. Les six premiers mois de 2008 ont été les plus meurtriers depuis 2001: plus de 700 victimes civiles, principalement dans le sud du pays ou se battent «nos» soldats. Construire des écoles? Libérer les femmes? De qui se moque-t-on?
On croit les antimilitaristes naïfs parce qu'ils n'ont pas de solution, sinon de retirer l'armée. Or les militaristes sont les vrais naïfs, qui croient qu'une guerre civile longue de 30 ans peut se régler en lançant sur le champ de bataille de nouveaux soldats venus d'Occident. Les militaristes se surprennent ensuite que «nos» soldats soient attaqués et qu'il y ait plus de 30 000 victimes afghanes de la guerre depuis 2001.
À écouter les militaristes, il ne faut surtout pas retirer «nos» troupes, sinon la situation va s'aggraver... Avec un tel argument, les Soviétiques seraient encore en Afghanistan, les États-Unis au Viêtnam, les Français en Algérie... En Afghanistan, l'armée canadienne fait partie du problème, pas de la solution. L'armée canadienne n'est pas l'Armée du salut; c'est une machine à tuer. C'est son mandat, c'est pour cela qu'elle est formée, financée, équipée et déployée en Afghanistan. C'est ce qu'elle y fait. Il n'y a pas de quoi être fier ni de quoi célébrer. Il n'y a pas non plus de quoi l'inviter à nos fêtes populaires pour qu'elle y parade et s'y donne en spectacle, afin de s'attirer notre sympathie et notre admiration.
Archives de Vigile Répondre
14 juillet 2008Le Bloc n'est plus une menace pour personne et le fédéral non-plus.
Le Québec et son mouvement souverainiste sont, depuis 15 ans, le terrain d'essais pour les techniques de dénationalisations pan-américaines en vue de l'instauration de l'Union Américaine.
On vois leur succès. Le nationalisme a mauvaise figure même parmis les indépendantistes !
C'est "nous" qui sommes surveillés et fichés par la nouvelle "sécurité", pendant que 55,000 immigrants entrent sans problème au Québec.
N'est-ce pas contradictoire après le 9/11 ?
Ce deuxième Canada, le fédéral, n'est pas plus indépendant que le Québec et pas plus que les USA.