Guerre contre la Syrie: "Non, merci", dit l'Allemagne!

L'Allemagne, qui tient à l'amitié du partenaire russe, est à l'évidence plus pragmatique, moins idéologique dans sa pratique diplomatique qu'une France sous conditionnement intellectuel de BHL et de Bernard Kouchner

Géopolitique — Proche-Orient




IRIB- Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, .a réaffirmé l'opposition de Berlin à une éventuelle intervention militaire étrangère en Syrie, en mettant l'accent sur le fait que ce type de mesure risquerait d'embraser la totalité du Proche-Orient. Au cours d'une rencontre à Doha, le 4 juin 2012, avec l'émir du Qatar, Westerwelle a déclaré que le plan de paix de Kofi Annan est la meilleure option pour la solution de la crise syrienne. Il a également exprimé l'opposition de Berlin à la position de certains gouvernement occidentaux et arabes, dont le Qatar lui-même, qui prônent l'intervention militaire, en Syrie.
Berlin, plus proche de Moscou que de Paris, Londres et Washington
«Nous nous devons d'éviter une guerre qui pourrait mettre le feu à toute la région. Vu la situation extrêmement complexe et dangereuse existant en Syrie, il ne faut pas créer de fausses perspectives et croire que nous pourrions parvenir à une solution rapide au moyen d'une intervention militaire», a-t-il déclaré avant d'entamer un périple de cinq jours au Proche-Orient. Westerwellle a donc confirmé son appui au plan Annan : un ligne, proche de celle de la Russie, et qui donc n'a pas dû beaucoup plaire à ses interlocuteurs qataris. Le ministre allemand a aussi insisté sur les différences entre les cas libyen et syrien : "En Syrie, différentes religions et différents groupes ethniques jouent u rôle. Le risque de voir la Syrie s'embraser est fort". Et Westerwelle d'ajouter que les "premiers signes d'une contagion au Liban des violences en Syrie » cause au gouvernement fédéral « beaucoup d'inquiétude" . Pour le reste, et la suite, les Allemands – ce sont quand même des Occidentaux américanisés – parient sur l'avènement d'un "président transitoire" ...
Une analyse allemande qui est grosso modo celle de la Russie, de la Chine, et du simple bon sens aussi. Après le Qatar, Westerwelle s'est rendu aux Émirats arabes unis, où il a dû servir aux responsables, certes moins impliqués que leurs voisins qataris et séoudiens, le même topo.
Le gouvernement allemand avait déjà pris publiquement ses distances d'avec les déclarations belliqueuses de François Hollande sur France 2, avant même la visite, à Berlin puis à Paris, de Vladimir Poutine, le 1er juin. Là, l'Allemagne, par l'intermédiaire de Guido Westerwelle, en remet une couche : "François Hollande n'a pas entièrement exclu l'option militaire, à condition qu'elle se fasse sous mandat des Nations-Unies. Nous devons partir actuellement de l'hypothèse qu'il n'y aura pas de tel mandat. C'est également la raison pour laquelle le gouvernement fédéral ne participe pas aux réflexions concernant une intervention militaire, en Syrie, mais continue de tabler sur un solution politique" . Tout en prônant, comme ses pairs occidentaux, des sanctions.
Apparemment, la Syrie, qui est déjà une pomme de discorde entre l'Ouest et l'Est, dessine aussi une faille entre la France de François Hollande et l'Allemagne d'Angela Merkel, perturbant quelque peu l'harmonie d'un couple géopolitique longtemps présenté d'ordinaire comme exemplaire.
Une attitude qui est également à opposer à celle du ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, qui dimanche a établi un parallèle entre la Syrie de 2012 et la Bosnie de 1990, pour justifier une intervention militaire. Il est vrai qu'en 1999, la Grande-Bretagne, avec la France et les États-Unis, était déjà intervenue dans une guerre civile, pour voler au secours d'une faction dominée par les islamistes locaux, et déjà appuyée – ô surprise – par BHL et tous ses amis du lobby sioniste français. On peut dire que le Foreign Office a de la constance dans son alignement avec la politique du Département d'État américain (n'a-t-on pas qualifié le Royaume-Uni depuis, au moins, les années Thatcher, de «porte-avions américain», en Europe ?).
L'Allemagne, qui tient à l'amitié du partenaire russe, est à l'évidence plus pragmatique, moins idéologique dans sa pratique diplomatique qu'une France sous conditionnement intellectuel de BHL et de Bernard Kouchner, et qu'une Grande-Bretagne qui, travailliste ou conservatrice, refuse de couper le cordon ombilical avec son ancienne colonie transatlantique. Cela montre que lorsqu'on parle des Européens au sein du bloc occidental, c'est une simplification : le noyau dur de l'OTAN en Europe est bien l'axe franco-britannique. Si l'on avait dit cela à Charles de Gaulle... Au fait, BHL, qui a déjà insulté un représentant du gouvernement russe, va-t-il traiter cette fois le chef de la diplomatie allemande de "crétin" , de "munichois" , ou, «mieux» de «crypto-nazi» ?


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